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— Moi je veux faire des ricochets ! j’ai crié.

— Tu en feras peut-être l’année prochaine, m’a dit Maman, si Papa décide de nous emmener à Bains-les-Mers.

— Où ça ? a demandé Papa, qui est resté avec la bouche ouverte.

— À Bains-les-Mers, a dit Maman, en Bretagne, là où il y a l’Atlantique, beaucoup de poissons et un gentil petit hôtel qui donne sur une plage de sable et de galets.

— Moi je veux aller à Bains-les-Mers ! j’ai crié. Moi je veux aller à Bains-les-Mers !

— Mais, mon chéri, a dit Maman, il faut être raisonnable, c’est Papa qui décide.

Papa s’est passé la main sur la figure, il a poussé un gros soupir et il a dit :

— Bon, ça va ! j’ai compris. Il s’appelle comment ton hôtel ?

— Beau-Rivage, mon chéri, a dit Maman.

Papa a dit que bon, qu’il allait écrire pour voir s’il restait encore des chambres.

— Ce n’est pas la peine, mon chéri, a dit Maman, c’est déjà fait. Nous avons la chambre 29, face à la mer, avec salle de bains.

Et Maman a demandé à Papa de ne pas bouger parce qu’elle voulait voir si la longueur du pull-over qu’elle tricotait était bien. Il paraît que les nuits en Bretagne sont un peu fraîches.

La plage, c’est chouette

Le père de Nicolas ayant pris sa décision, il ne restait plus qu’à ranger la maison, mettre les housses, enlever les tapis, décrocher les rideaux, faire les bagages, sans oublier d’emporter les œufs durs et les bananes pour manger dans le compartiment.

Le voyage en train s’est très bien passé, même si la mère de Nicolas s’est entendu reprocher d’avoir mis le sel pour les œufs durs dans la malle marron qui est dans le fourgon. Et c’est l’arrivée à Bains-les-Mers, à l’hôtel Beau-Rivage. La plage est là, et les vacances peuvent commencer...

À la plage, on rigole bien. Je me suis fait des tas de copains, il y a Blaise, et puis Fructueux, et Mamert; qu’il est bête celui-là ! Et Irénée et Fabrice et Côme et puis Yves, qui n’est pas en vacances parce qu’il est du pays et on joue ensemble, on se dispute, on ne se parle plus et c’est drôlement chouette.

« Va jouer gentiment avec tes petits camarades, m’a dit papa ce matin, moi je vais me reposer et prendre un bain de soleil. » Et puis, il a commencé à se mettre de l’huile partout et il rigolait en disant : « Ah ! quand je pense aux copains qui sont restés au bureau ! »

Nous, on a commencé à jouer avec le ballon d’Irénée. « Allez jouer plus loin », a dit papa, qui avait fini de se huiler, et bing ! le ballon est tombé sur la tête de papa. Ça, ça ne lui a pas plu à papa. Il s’est fâché tout plein et il a donné un gros coup de pied dans le ballon, qui est allé tomber dans l’eau, très loin. Un shoot terrible. « C’est vrai ça, à la fin », a dit papa. Irénée est parti en courant et il est revenu avec son papa. Il est drôlement grand et gros le papa d’Irénée, et il n’avait pas l’air content.

— C’est lui ! a dit Irénée en montrant papa avec le doigt.

— C’est vous, a dit le papa d’Irénée à mon papa, qui avez jeté dans l’eau le ballon du petit ?

— Ben oui, a répondu mon papa au papa d’Irénée, mais ce ballon, je l’avais reçu dans la figure.

— Les enfants, c’est sur la plage pour se détendre, a dit le papa d’Irénée, si ça ne vous plaît pas, restez chez vous. En attendant, ce ballon, il faut aller le chercher.

— Ne fais pas attention, a dit maman à papa. Mais papa a préféré faire attention.

— Bon, bon, il a dit, je vais aller le chercher, ce fameux ballon.

— Oui, a dit le papa d’Irénée, moi à votre place j’irais aussi.

Papa, ça lui a pris du temps de chercher le ballon, que le vent avait poussé très loin. Il avait l’air fatigué, papa, quand il a rendu le ballon à Irénée et il nous a dit :

— Écoutez, les enfants, je veux me reposer tranquille. Alors, au lieu de jouer au ballon, pourquoi ne jouez-vous pas à autre chose ?

— Ben, à quoi par exemple, hein, dites ? a demandé Mamert. Qu’il est bête celui-là !

— Je ne sais pas, moi, a répondu papa, faites des trous, c’est amusant de faire des trous dans le sable. Nous, on a trouvé que c’était une idée terrible et on a pris nos pelles pendant que papa a voulu commencer à se re-huiler, mais il n’a pas pu, parce qu’il n’y avait plus d’huile dans la bouteille. « Je vais aller en acheter au magasin, au bout de la promenade », a dit papa, et maman lui a demandé pourquoi il ne restait pas un peu tranquille.

On a commencé à faire un trou. Un drôle de trou, gros et profond comme tout. Quand papa est revenu avec sa bouteille d’huile, je l’ai appelé et je lui ai dit :

— T’as vu notre trou, papa ?

— Il est très joli, mon chéri, a dit papa, et il a essayé de déboucher sa bouteille d’huile avec ses dents. Et puis, est venu un monsieur avec une casquette blanche et il nous a demandé qui nous avait permis de faire ce trou dans sa plage. « C’est lui, m’sieur ! » ont dit tous mes copains en montrant papa. Moi j’étais très fier, parce que je croyais que le monsieur à la casquette allait féliciter papa. Mais le monsieur n’avait pas l’air content.

— Vous n’êtes pas un peu fou, non, de donner des idées comme ça aux gosses ? a demandé le monsieur. Papa, qui travaillait toujours à déboucher sa bouteille d’huile, a dit : « Et alors ? » Et alors, le monsieur à la casquette s’est mis à crier que c’était incroyable ce que les gens étaient inconscients, qu’on pouvait se casser une jambe en tombant dans le trou, et qu’à marée haute, les gens qui ne savaient pas nager perdraient pied et se noieraient dans le trou, et que le sable pouvait s’écrouler et qu’un de nous risquait de rester dans le trou, et qu’il pouvait se passer des tas de choses terribles dans le trou et qu’il fallait absolument reboucher le trou.

— Bon, a dit papa, rebouchez le trou, les enfants. Mais les copains ne voulaient pas reboucher le trou.

— Un trou, a dit Côme, c’est amusant à creuser, mais c’est embêtant à reboucher.

— Allez, on va se baigner ! a dit Fabrice. Et ils sont tous partis en courant. Moi je suis resté, parce que j’ai vu que papa avait l’air d’avoir des ennuis.

— Les enfants ! Les enfants ! il a crié papa, mais le monsieur à la casquette a dit :

— Laissez les enfants tranquilles et rebouchez-moi ce trou en vitesse ! Et il est parti.

Papa a poussé un gros soupir et il m’a aidé à reboucher le trou. Comme on n’avait qu’une seule petite pelle, ça a pris du temps et on avait à peine fini que maman a dit qu’il était l’heure de rentrer à l’hôtel pour déjeuner, et qu’il fallait se dépêcher, parce que, quand on est en retard, on ne vous sert pas, à l’hôtel. « Ramasse tes affaires, ta pelle, ton seau et viens », m’a dit maman. Moi j’ai pris mes affaires, mais je n’ai pas trouvé mon seau. « Ça ne fait rien, rentrons », a dit papa. Mais moi, je me suis mis à pleurer plus fort.

Un chouette seau, jaune et rouge, et qui faisait des pâtés terribles. « Ne nous énervons pas, a dit papa, où l’as-tu mis, ce seau ? » J’ai dit qu’il était peut-être au fond du trou, celui qu’on venait de boucher. Papa m’a regardé comme s’il voulait me donner une fessée, alors je me suis mis à pleurer plus fort et papa a dit que bon, qu’il allait le chercher le seau, mais que je ne lui casse plus les oreilles. Mon papa, c’est le plus gentil de tous les papas ! Comme nous n’avions toujours que la petite pelle pour les deux, je n’ai pas pu aider papa et je le regardais faire quand on a entendu une grosse voix derrière nous : « Est-ce que vous vous fichez de moi ? » Papa a poussé un cri, nous nous sommes retournés et nous avons vu le monsieur à la casquette blanche. « Je crois me souvenir que je vous avais interdit de faire des trous », a dit le monsieur. Papa lui a expliqué qu’il cherchait mon seau. Alors, le monsieur lui a dit que d’accord, mais à condition qu’il rebouche le trou après. Et il est resté là pour surveiller papa.