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Geary se demanda bien pourquoi Rione ne lui fournissait aucune précision sur son mari et pourquoi elle n’avait pas l’air heureuse de l’avoir retrouvé, mais il n’avait pas le temps de s’attarder sur ces deux questions.

« Ils n’ont rien trouvé d’utile dans l’installation, apprit-il à Desjani. Sauf des dossiers étayant les révélations de Bloch.

— Pour une fois que j’espérais qu’il mentait, il disait la vérité. On récupère le Mistral maintenant ?

— Il ne pourra pas s’ébranler avant au moins une heure. »

Desjani se renfrogna. « Je viens d’avoir une idée. Vous devriez dire à Young de rester dans le hangar. Le Mistral y sera à l’abri, davantage en tout cas que s’il cherchait à nous rejoindre pendant que les vaisseaux obscurs se livrent encore à des passes de tir.

— Bonne idée. » Il appela le capitaine Young. « Restez dans le hangar jusqu’à nouvel ordre. Si aucun de nos bâtiments ne survit aux affrontements, j’espère que nous aurons au moins détruit assez de vaisseaux obscurs pour permettre au Mistral de rentrer. Les gens et les informations que vous transportez doivent absolument regagner l’Alliance. »

La formation des trois croiseurs de combat obscurs rescapés passa en trombe près du Revanche et lui infligea encore d’importants dommages, mais sans réussir à détruire le massif cuirassé.

Le capitaine Duellos, désormais aux commandes de Gamma Trois, les prit en chasse et en réduisit un en miettes, mais l’Implacable le paya très chèrement : il perdit le contrôle de ses manœuvres et la majeure partie de son armement. « Cœur du réacteur instable ! Abandonnons le vaisseau ! » transmit le commandant Neeson. Des capsules de survie giclèrent bientôt de l’Implacable.

Les Danseurs harcelaient la plus forte formation de croiseurs de combat obscurs au moyen de fulgurantes passes de tir individuelles destinées à les faucher, eux et leurs destroyers. Mais ils avaient perdu cinq vaisseaux et accusaient des dommages de plus en plus lourds.

L’Implacable, qui filait toujours dans l’espace, se désintégra brusquement sous le coup de l’explosion du cœur de son réacteur. Impossible de dire quelle proportion de son équipage avait réussi à s’en échapper, ni même si Neeson était du nombre.

Geary ordonna à Desjani de frapper de nouveau la plus importante des deux formations de croiseurs de combat obscurs : celle de l’Alliance piqua le long de sa lisière, abattit deux destroyers et infligea de graves dommages à un croiseur de combat. Néanmoins, Risque-tout et Victorieux furent touchés à de multiples reprises dans la foulée, tandis que l’Indomptable, s’il fut relativement épargné, n’en souffrit pas moins de dommages conséquents.

Les cuirassés se retournaient de nouveau ; tous les vaisseaux obscurs se concentraient désormais sur Gamma Quatre, tandis que Gamma Trois s’efforçait de revenir sur elle à temps pour lui apporter son soutien. Geary se demandait lequel de ses vaisseaux serait cette fois détruit ou mis hors de combat, entraînant conséquemment la mort de nombreux spatiaux ; assiégée de toute part, la Première Flotte livrait sans doute là, sans regret, son dernier combat.

Une alerte d’une nature différente sonna sur l’écran de Geary, accompagnée du clignotement insistant d’un objet en surbrillance ; le dernier dont, assurément, il se serait attendu à se soucier dans ce système stellaire, ni d’ailleurs dans aucun autre : le supercuirassé extraterrestre confisqué aux Bofs. « Que diable se passe-t-il à bord de l’Invincible ? »

Quinze

Castries semblait encore plus interdite que Geary. « Nous captons des signaux indiquant que des sources d’énergie s’activent en de multiples emplacements à bord de l’Invincible.

— En de multiples emplacements ? s’étonna Desjani.

— Oui, commandant. Je ne…

— L’Invincible dispose de plusieurs cœurs de réacteur, expliqua Geary. Nous ne savons pas exactement pourquoi les Bofs l’ont conçu ainsi, mais les ingénieurs émettent l’hypothèse qu’en raison de l’immensité de ce bâtiment il serait plus compliqué de l’alimenter en énergie à partir d’une seule source que d’une multiplicité. Mais ces réacteurs ont été éteints ! Tous sont froids. Toutes les pièces d’équipement bof de ce vaisseau ont été désactivées ou rendues inopérantes.

— Quelque chose est en train de réactiver les réacteurs, en tout cas. Il faut exclure les spectres bofs, je présume.

— Les Danseurs nous l’ont expliqué. Il n’y a aucune présence réelle à bord. Rien que l’impression d’une présence.

— Alors quoi d’autre… Nos ancêtres nous gardent ! Ces cinglés auraient-ils transformé l’Invincible en vaisseau obscur ?

— Il n’a aucun mode de propulsion opérationnel, fit observer Geary. Nous avons détruit ses unités de propulsion principale quand nous l’avons capturé, et, manifestement, elles n’ont été ni réparées ni remplacées. À quoi servirait-il de…

— Les systèmes de combat de l’Invincible s’activent, rapporta le lieutenant Yuon, éberlué. D’après ce que nous captons, il ne s’agit pas de ce que des hommes auraient pu réintroduire ultérieurement mais bel et bien de systèmes de combat bofs. Les systèmes de contrôle des tirs et les armes du bâtiment encore opérationnelles après sa capture sont tous en train de s’aligner.

— Les remorqueurs s’allument, annonça Castries d’une voix incrédule. Les remorqueurs lourds de l’Alliance accouplés à l’Invincible activent leurs systèmes.

— À quelle distance se trouve le supercuirassé ? » demanda Desjani. Elle consulta son écran, le front plissé. « Vingt minutes-lumière. Combien de temps faut-il à un remorqueur lourd de la flotte pour faire le plein ?

— Nos données indiquent quinze minutes entre la veille et le branle-bas, répondit Castries. Ils étaient en veille.

— Alors l’Invincible est probablement déjà en route ! Que diable se passe-t-il ? Ces remorqueurs étaient froids et désertés, insista Desjani. Pas d’équipage à bord. Les vaisseaux obscurs en seraient-ils responsables ? »

D’autres alertes résonnèrent tandis que de nouveaux objets s’allumaient en surbrillance dans la même zone. « La propulsion des remorqueurs de l’Alliance accouplés au supercuirassé fonctionne à plein régime, rapporta Yuon. L’Invincible s’est ébranlé. Aucun des supports vitaux des remorqueurs n’est activé.

— Amiral ! Nous recevons à l’instant un message des Danseurs. » Le général Charban s’exprimait à toute vitesse mais en articulant avec précision pour s’assurer que ses paroles soient bien comprises. « Je vous fais grâce de la poésie pour ne vous en livrer que la substantifique moelle. Ils affirment avoir “réveillé” le supercuirassé bof. Ce serait maintenant “notre distraction”.

— Notre distraction ? » répéta Geary. Il comprit subitement. « Oh ! Diversion. Les Danseurs auraient réactivé les systèmes bofs à distance ?

— C’est ce qu’ils voulaient dire, j’imagine, répondit Charban.

— Comment diable s’y sont-ils pris ? demanda Desjani.

— Je n’en sais rien, fit Geary. Je vois mal pourquoi, s’ils en sont capables, ils n’ont pas bidouillé les systèmes bofs quand nous les combattions ensemble.