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Non, mesdames, non, mes demoiselles ! J’ai l’œil artiste, voilà tout ! La sensibilité super-délicate ! et puis on a tout le temps de concupiscer ! D’ailleurs ça ne se fait point attendre. À peine j’ai aidé Vahi-Palpélzizi (je sais pas où ils vont chercher ces blazes, les Iraniens) à enfiler un peignoir de bain jaune citron, que la goderie me prend, sauvage ! Tas jamais vu une déesse en peignoir, non ? Crois-moi, ça redevient une gonzesse. À mater ses jambes nues et sa moulinette à crinière par les échancrures il me vient des émois prodigieux. Des transes silencieuses, des picoutis, des tricotins, des godanches sombres, des tendresses piaffantes. Je me mets à penduler vilain. À métronomer à tout berzingue. Je lance un défi à la race chevaline ! Faut dire que ses tifs bruns-roux collés sur son visage ajoutent à la sauvagerie de la fifille. Plus moyen de me retenir, mes trognons ! De me déconseiller l’attaque façon perle à rebours. Je la cramponne en piqué, Vahi. À la rapace ! Vlazoum ! Les serres en train d’atterrissage sorti ! Ploff sur les roberts à Mam’zelle ! Le marbre à côté ? Du caramel ! Mou ! De la chique essorée ! On s’y ferait des bosses contre, parole ! Je la malaxe terriblement, en Cupidon cupide ! Je la vorace toute de ma frénésie ! J’aimerais la becqueter nature ! Elle a une réaction de tigresse ! Les griffes en avant ! J’en prends plein la poire ! Labourage et pâturage contre les deux mamelles de l’Iran ! Ça me brûle, ça saigne ! Ah, la gueuse ! Mon désir s’en accroît. Je la recharge et la crambuche au moment qu’elle atteignait la lourde pour une fuite qu’aurait rien ajouté à mon standinge. La ceinture net ! L’arrache à la poignée. La fait pirouetter ! Une brassée de panthères et couleuvres mélangées, mes frères ! Me faut conjuguer toute mon énergie pour la ramener au centre de la chambre. À ce stade c’est du viol ! Appelons les choses par leur nom. Elle gigote tellement furieusement que j’ai l’impression de coltiner de l’électricité à bras-le-corps. Une plume, vite ! Voilà, merci ! Je la déséquilibre contre, m’abats sur elle. Je l’aurai à l’asphyxie ! Aux grandes mômes les grands remèdes ! Jamais chipoter sur la méthode. Bon, qu’est-ce que je voulais lui faire ? Ah, oui : sa bouche. Elle a beau tourniquer la tronche, de droite à gauche et vice versa, je parviens à plaquer mes lèvres sur les siennes. Elle se crispe farouchement. Impossible de lui planter la menteuse dans le gobe-mouches. Je me bile pas. Faudra bien qu’elle respire un jour ou l’autre, hein ? Le nez c’est vite insuffisant lorsqu’on étouffe. Au grand air, déjà, il s’annonce défaillant, alors quand on est à la renverse avec un garnement de cent cinquante livres sur le baquet, vous parlez qu’il n’arrive plus à suivre le train ! Effectivement, après quelques ruades bien senties, Vahi déboulonne son clapoir. J’en profite pour m’y précipiter. Ça ne lui guérit pas l’étouffement mais ça la commotionne. La bisouille française réussit toujours son petit effet lorsqu’elle est pratiquée par un technicien. Tout en lui parlant dans la bouche, je la dépeignoire ce qui n’est pas duraille. Ensuite, de quoi, je la désescalade de la glotte. Y a des bergères, quand vous venez de les passer à la casserole, vous n’avez pas l’impression d’avoir gravi la face nord des Grandes Jorasses. Eh ben, avec Vahi, si ! Un exploit ! Je deviens le Bonati de l’amour ! Moi, mes amis, je pars du principe qu’avec la langue on arrive à bout de toutes les difficultés, qu’on soit homme politique ou tombeur de gerces. La preuve : elle regimbe de moins en moins fort, ma douce proie. Elle se soumet à la dure loi du bonhomme en rut. Je l’émoustille tellement, à travers ses soubresauts qu’elle est bientôt amollie de langueur (c’est pas français, mais je vous enguirlande). Elle a si peu de force qu’elle parviendrait même pas à exécuter le lancement du poids avec une balle de ping-pong. Je lui pratique la grande bavasse (une armée sécrétée), puis le papillon ébloui (ma dernière). Un petit coup d’exotisme brésilien avec papaye aime ma mangue, et Vahi ne se rappelle plus si le Châh actuel est un grand Viking blond ou un petit Chinois vert. Elle roucoule. J’adore les tigresses en pâmoison. Enthousiasmé j’opère son grand déberlingage d’été. On est en plein délire lorsque le bigophone gratouille. Hagard et tâtonneur je décroche.

— Vous avez Téhéran, Excellence ! m’annonce le réceptionnaire.

Avoir Téhéran en un pareil instant, mes fieux, c’est la pire chose qui puisse arriver à un homme. Ce serait le Vatican ou la Maison-Blanche que j’aurais idem envie de vous les coller au train (au train où vont les choses). Rendez-vous compte de ma situation ! Elle figure dans le livre rouge des trente-six positions. Vous la décrire nous amènerait directo à une quelconque interdiction de quelque chose. Vous savez tous à quel point ils sont vicelards en haut lieu ? Enfin toujours est-il, pour vous résumer le topo, qu’il y a entre Vahi et moi, le même lien qu’entre un réservoir d’essence et une pompe pendant qu’on procède au plein. En plus ça se complique d’entrelacs (en Suisse Interlaken) effarants de membres. Pour décrocher, faut que je lui mette la jambe gauche à la verticale et encore le fil du bignou se déguise-t-il en fil à couper le beurre, vu qu’il semble cisailler une motte. Heureusement que je connais le secret d’exprimer à mots couverts, hein ? D’autres, moins nuancés, qui se lanceraient dans le réalisme, finiraient par choquer le pignon public, à force. Tandis qu’avec votre San-A., vous êtes parés. Vous pouvez le cloquer entre toutes les mains, à condition que celles-ci soyent assez larges pour l’attraper.

— Ici Royal Hilton, j’écoute ! fait une voix un tantipeu chantante.

— Je voudrais parler à M. Alexandre-Benoît Bérurier, chambre 634, dis-je.

— Un moment !

Je profite de la courte période de répit téléphonique pour maintenir Vahi en état de grâce par quelques mouvements méthodiques, extrêmement lents et lubrifiés. Elle les accepte et m’aide même à les exécuter. La plus totale harmonie règne désormais entre nous, comme vous le voyez.

— Allô !

— J’écoute !

— Bérurier n’est plus à l’hôtel, déclare la voix indifférente de l’Hiltonien téhéranais.

— Quoi ! glapis-je, ou plutôt croassé-je.

— Il a réglé sa chambre voici quelques heures !

Je m’effare.

— Mais où est-il allé ?

— Je l’ignore, monsieur.

— Il n’a pas laissé un message au nom de San-Antonio ?

— Je vais voir…

Pour le coup je ne pense plus à colmater les brèches de ma copine Vahi. J’attends avec l’anxiété qu’on devine (quand on est pas trop c…) le retour du préposé. L’homme a posé le combiné et je perçois la rumeur du hall : musique douce, chuchotis de conversations, etc. Tout à coup, une voix familière éclate, toute proche de l’appareil. Pas d’erreur, c’est bien l’organe tonitruant du Gravos.

— Tu peux pas faire gaffe à la valoche, quoi merde, nom d’Dieu ! beugle l’infâme à l’adresse d’un bagagiste Suppose que je transporterais des verres de lampes, hé, frise à plat ? Si t’es pas cababe de coltiner une valise, fais de la quarelle, mon pote ! En tout cas je porte à ta connaissance que pour le pourliche t’iras le réclamer à mon ami Plumeau !

Je bondis. Si brusquement que je déconnecte.

— Allô ! Allô ! Allô ! bous-je.

— Aucun message, monsieur ! affirme le préposé.

En fond sonore, très présente, la voix du Dodu continue de houspiller.

— Attendez, je m’égosille, près de vous, il y a un monsieur avec un bagagiste, n’est-ce pas ?

— C’est exact, s’éberlue l’autre, surpris de ne pas avoir été prévenu que l’Iran possédait le téléphone télévisé.

— Il s’agit de M. Bérurier, passez-le-moi !