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STEPHEN KING

Magie et Cristal

Je dédie ce livre à Julie Eugley et à Marsha de Filippo. Ce sont elles qui répondent au courrier. La plupart des lettres de ces deux dernières années concernaient Roland de Gilead — le Pistolero, autrement dit. À vrai dire, Julie et Marsha m’ont houspillé pour que je me remette devant mon traitement de texte. Julie, comme c’est ton harcèlement qui a eu le plus de poids, c’est ton nom qui vient en premier.

ARGUMENT

Magie et Cristal est le quatrième volet d’une saga inspirée du poème narratif de Robert Browning, « Le Chevalier Roland s’en vint à la Tour Noire ».

Le premier volume, Le Pistolero, raconte comment Roland de Gilead poursuit et finit par rattraper Walter, l’homme en noir, qui avait feint d’être l’ami de son père, tout en étant au service de Marten, le grand sorcier. Rattraper Walter n’est pas le but ultime de la quête de Roland, mais seulement un moyen d’arriver à ses fins : atteindre la Tour Sombre, où il est encore possible, espère-t-il, de stopper la destruction accélérée de l’Entre-Deux-Mondes et peut-être même de l’inverser.

Roland est une sorte de preux chevalier, le dernier de sa lignée, dont la Tour, qui l’obsède, est l’unique raison de vivre quand nous le rencontrons pour la première fois. Nous apprenons que Marten — séducteur par ailleurs de la mère du Pistolero — l’a induit à subir une épreuve de virilité initiatique malgré son jeune âge. Marten espère que Roland, échouant dans cette épreuve, sera « envoyé à l’Ouest » et à jamais privé des revolvers de son père. Roland, cependant, déjoue totalement les plans de Marten et surmonte l’épreuve… grâce, en grande partie, au choix judicieux de son arme.

Nous découvrons aussi que le monde du Pistolero est relié au nôtre d’une façon terrible et fondamentale. Ce lien nous est révélé une première fois lors de la rencontre de Roland avec Jake, petit garçon issu du New York de 1977, dans un relais de diligences, en plein désert. Il existe des portes entre le monde de Roland et le nôtre ; l’une d’elles est la mort et c’est par ce biais que Jake a atteint une première fois l’Entre-Deux-Mondes, poussé sous une voiture qui l’écrase dans la 43e Rue. Le responsable est un dénommé Jack Mort… sauf que celui qui se tapit dans sa tête et guide en cette occasion ses mains meurtrières n’est autre que Walter, l’ennemi de toujours de Roland.

Avant que Jake et Roland ne rattrapent Walter, Jake meurt à nouveau… par la faute cette fois du Pistolero ; soumis à un choix cornélien entre ce fils symbolique et la Tour Sombre, il opte pour la Tour. Les derniers mots de Jake, avant de plonger dans l’abîme sont :

« Allez-vous-en. Il existe d’autres mondes que ceux-ci. »

L’affrontement final entre Roland et Walter se déroule au bord de la mer Occidentale. Au cours d’une longue nuit de palabre, l’homme en noir lit l’avenir de Roland à l’aide d’un étrange jeu de tarots. Trois cartes — le Prisonnier, la Dame d’Ombres et la Mort (« Mais pas pour toi, pistolero ») — se signalent particulièrement à l’attention de Roland.

Le deuxième volume, Les Trois Cartes, commence sur le rivage de la Mer Occidentale, où Roland se réveille après sa confrontation avec son vieil adversaire. Il découvre que Walter est mort depuis longtemps, n’étant plus qu’un tas d’ossements parmi d’autres dans ce lieu de décomposition. Le Pistolero à bout de forces est attaqué par une horde d’« homarstruosités » et, avant de pouvoir leur échapper, il est gravement blessé : il perd ainsi deux doigts de la main droite. Les morsures des homarstruosités l’ont aussi empoisonné, mais Roland reprend son périple vers le nord, longeant la Mer Occidentale, très affaibli, mourant peut-être…

En cours de route, il découvre trois portes dressées sur la plage. Elles ouvrent sur le New York de notre monde, mais à trois époques différentes. De celui de 1987, Roland tire Eddie Dean, un « prisonnier de l’héroïne ». De celui de 1964, il tire Odetta Susannah Holmes, une femme qui a perdu les deux jambes dans un accident de métro… qui n’en était pas un. Elle est une « dame d’ombres », en effet : derrière la jeune activiste noire connue de tous se dissimule une seconde personnalité des plus perverses. Cette femme cachée, la haineuse et rusée Detta Walker, n’a plus qu’une idée en tête : tuer Roland et Eddie, quand le Pistolero la tire dans l’Entre-Deux-Mondes.

Entre ces deux pôles temporels, Roland revient en 1977 et pénètre dans l’esprit diabolique de Jack Mort, qui a blessé à deux reprises Odetta/Detta. « La Mort, mais pas pour toi, pistolero », avait dit l’homme en noir à Roland. Mais Mort n’est pas la troisième carte annoncée par Walter. Roland empêche Mort d’assassiner Jake Chambers et, peu après, Mort périt sous les roues du même métro qui avait sectionné les jambes d’Odetta en 1959. Roland échoue donc à tirer le psychotique dans l’Entre-Deux-Mondes… mais, songe-t-il, qui pourrait y souhaiter la présence d’un être pareil ?

Il y a, cependant, un prix à payer quand on va à l’encontre d’un avenir annoncé ; mais n’est-ce pas toujours le cas ? Tel est le ka, espèce d’asticot, aurait dit Cort, l’ancien instructeur de Roland, telle est la grande roue qui tourne sans fin. Ne te trouve pas sur son chemin quand elle avance, si tu ne veux pas qu’elle t’écrase et mette fin au calvaire de ta stupide cervelle et de ton inutile fardeau de tripes et d’eau.

Roland pense avoir réuni les trois cartes avec seulement Eddie et Odetta, puisque Odetta a une double personnalité ; pourtant, quand Odetta et Detta fusionnent pour devenir Susannah (grâce, pour une bonne part, à l’amour et au courage d’Eddie Dean), le Pistolero comprend qu’il se trompe. Il découvre aussi autre chose : que le souvenir de Jake, l’enfant qui, en mourant, lui a parlé d’autres mondes, n’a cessé de le tourmenter. Une moitié de l’esprit du Pistolero croit en fait que cet enfant n’a jamais existé. En empêchant Jack Mort de pousser Jake sous les roues de la voiture destinée à l’écraser, Roland a créé un paradoxe temporel qui le déchire. Et, dans notre monde, c’est Jake Chambers qu’il déchire.

Terres Perdues, troisième volume de la série, s’ouvre sur ce paradoxe. Après avoir abattu un ours gigantesque du nom de Mir (comme l’appelait le Vieux Peuple qui le craignait) ou de Shardik (nom donné par les Grands Anciens qui l’ont construit… car l’ours se révèle être un robot), Roland, Eddie et Susannah, suivant à rebours la piste du monstre, tombent sur le Sentier du Rayon. Il existe six rayons, qui relient entre eux les douze portails marquant les confins de l’Entre-Deux-Mondes. C’est à leur point d’intersection — au centre du monde de Roland, qui est peut-être aussi le centre de tous les mondes — que le Pistolero est persuadé que lui et ses amis trouveront enfin la Tour Sombre.

À présent, Eddie et Susannah ne sont plus prisonniers du monde de Roland. Amoureux l’un de l’autre et en passe de devenir eux-mêmes des pistoleros, ils participent activement à la quête et suivent Roland de leur plein gré le long du Sentier du Rayon.

Dans un anneau de parole, non loin du Portail de l’Ours, le temps est rectifié et le paradoxe résolu ; la troisième carte, la vraie cette fois, est enfin tirée. Jake pénètre à nouveau dans l’Entre-Deux-Mondes à l’issue d’un rite périlleux où tous quatre — Jake, Eddie, Susannah et Roland — se souviennent du visage de leurs pères et s’acquittent honorablement de leur tâche. Peu de temps après, le quatuor devient un quintette, quand Jake se lie d’amitié avec un bafou-bafouilleux. Les bafouilleux — hybrides de la marmotte, du raton laveur et du teckel — ont une capacité de parole limitée. Jake surnomme son nouvel ami Ote.