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— Cherchez-vous à vous suicider par amour de la belle Moira ? le vous avertis, il y a des années qu’on n’a pu l’ouvrir.

Il y renonça.

— Je me sens la tête lourde et je voulais respirer.

Sentant son regard sur lui, il continua jusqu’au bout du couloir et alla frapper au bureau de Francis Grant. Moira vint lui ouvrir et il fut soulagé de voir le petit homme chauve, assis derrière son bureau. Un instant, il avait craint une entourloupette et pensé que l’homme, se doutant de quelque chose, avait réussi à filer.

— Que me dit-elle ? Le vieux s’inquiète de nous, pose de drôles de questions ?

Il gardait tout son calme et n’accordait visiblement qu’un faible crédit à cette histoire. Kovask embrassa la situation d’un seul coup d’œil : Moira était sur sa droite, Grant en face de lui.

— Laissez vos mains à plat sur le bureau, mon vieux. Vous, Moira ne bougez pas.

Sortant son pistolet il le braquait sur Grant.

— C’est fini pour vous deux. L’immeuble est encerclé par mes collègues et vous ne vous en tirerez pas.

Grant avait obéi. Moira les yeux exorbités considérait le pistolet tandis que sa bouche tremblait.

— Ce n’est pas une mauvaise blague, continua Kovask. Pour vous le prouver, regardez…

Il sortit un briquet de sa poche, celui de Thomas Hacksten.

— Vous savez où je l’ai trouvé ? Sur son cadavre, dans la cave d’un pavillon de Rome. Un pavillon appartenant à un certain Giorgio Alberti. La mâchoire de Grant s’affaissa quelque peu mais son regard restait d’une fixité absolue.

— Hier, vous m’avez donné la dernière preuve du grand rôle que vous jouiez dans toute cette histoire. Déjà, le fait que vous apparteniez à la T.A.S.A. depuis quinze ans jouait contre vous. J’espère que ni l’un ni l’autre n’allez faire du scandale.

Malheureusement, les hommes du commander Davis n’avaient pu recevoir le signal à cause de cette satanée fenêtre. Il devait aller jusqu’au bout sans eux.

— Levez-vous Grant, et venez rejoindre Moira, en mettant vos deux mains sur la tête.

Il s’écarta de la porte tandis que le publiciste obéissait. Soudain Moira sortit de sa torpeur.

— Salaud ! dit-elle. Tu nous as bien eus. Nous t’avons pris pour un naïf.

— Ravi d’apprendre que j’ai bien tenu mon rôle, mais restez là où je vous ai immobilisées. Je n’hésiterai pas à tirer dans vos jolies jambes.

— Tu n’as rien à nous reprocher. Aucune preuve, rien du tout. Et, quand bien même, nous n’avons fait que du renseignement économique.

— Il y a aussi la mort de Thomas Hacksten. Alberti affirme avoir reçu l’ordre de vous.

Elle se tut.

— Tournez-vous contre le mur, les mains sur la tête tous les deux.

Passant derrière Francis Grant, il le fouilla, ne trouva aucune arme sur lui. L’homme était trop prudent. Moira ne portait qu’une robe collante ne pouvant rien dissimuler.

On frappa à la porte et la tête rousse d’Eileen apparut. Quand elle vit la scène, elle roula des yeux effarés.

CHAPITRE XV

Kovask sourit sans cesser de surveiller les deux autres…

— Eileen, il faut que vous m’aidiez. Ouvrez une fenêtre du corridor et faites des signes. Les collègues monteront.

La jeune femme déglutit avec difficulté, jetant des regards sournois aux deux autres.

— Vous êtes du contre-espionnage ?

— Bravo ! Vous comprenez vite. Faites ce que je vous dis s’il vous plaît.

— Je reviens, dit-elle.

Ni Francis Grant ni Moira Kent n’essayaient de bouger et il trouvait cette passivité assez curieuse. Il n’était pas croyable que les chefs d’un réseau aussi subtil et aussi bien organisé acceptent aussi facilement leur défaite.

— Voilà qui est fait, Serge. Ils montent.

La jeune femme entra dans la pièce, passa devant la zone de tir de l’arme, puis se rabattit rapidement vers lui. En même temps, une ombre fonçait sur lui du couloir, lui tordait violemment le poignet : William Turner.

En quelques secondes les rôles furent renversés. Moira avait ramassé l’arme tombée non loin d’elle et la braquait sur Kovask. Ce dernier crut d’abord à une erreur de la rousse et de l’Écossais.

— Vous venez de commettre une bourde terrible, dit-il.

Ils éclatèrent d’un rire bref et il comprit. Voilà pourquoi Eileen avait tout de suite parlé de contre-espionnage et non de police. Pourquoi, aussi, elle était passée à son hôtel pour vérifier l’heure de son départ.

— Maintenant, il faut faire vite, dit Francis Grant. Pendant qu’il nous tenait en respect, j’ai réfléchi à la situation. Je suis certain que ses amis ignorent que nous sommes tous les quatre dans le coup. Kovask n’a dû parler que de Moira et de moi. Nous allons essayer de filer en vous utilisant comme otages.

William sortait des courroies de cuir de sa poche.

— Bonne idée, dit-il. Mais auparavant il nous faut réduire ce type-là à l’impuissance sinon il nous compliquera l’existence.

— Ils croyaient si bien nous bloquer ici-même qu’ils ne se sont certainement pas soucié du reste. Si nous pouvons atteindre la rue nous sommes sauvés. Je vais téléphoner à Meredith qui viendra avec son équipe. Ma Jaguar n’est qu’à vingt mètres de l’entrée principale. Meredith bloquera nos adversaires pendant une dizaine de minutes le temps de filer jusqu’à notre refuge. Rien à ajouter ?

Les trois autres secouèrent la tête.

— Je le liquide, dit Moira, le pistolet toujours braqué sur Kovask.

— Non. Aucun coup de feu n’a encore été tiré et nous pouvons nous en sortir différemment.

— Nous ne pouvons le laisser en vie, dit William Turner d’un ton très calme. Il sait beaucoup trop de choses. Nous venons de parler de Meredith et de notre planque.

Francis Grant décrochait son téléphone.

— Il y a peut-être une table d’écoute sur les lignes de la T.A.S.A., mais Meredith comprendra au premier mot.

La communication fut établie tout de suite.

— Évacuation totale, dit le petit homme chauve dans l’appareil. Nous devons atteindre ma Jaguar d’ici une demi-heure. Venez avec toute l’équipe et la grande panoplie… Oui, lacrymogènes et fumigènes. Nous filerons vers Hyde Park puis vers le nord. À vous de jouer pendant une dizaine de minutes. Il est onze heures. Je vous donne jusqu’à onze heures quinze.

Il raccrocha, parut réfléchir.

— Si nous vous utilisons tous les deux comme otages, le fait paraîtra suspect. Nous ne prendrons que Eileen. Ce sera plus plausible. Toi, tu restes ici avec Kovask. Tu le liquides, puis tu t’attaches avec, cette paire de menottes que j’ai dans le tiroir, au chauffage central. À l’occasion, tu te fais une belle bosse au front. Personne ne songera à t’accuser et tu pourras évaluer la gravité de la situation, avant de nous rejoindre ce soir. L’Écossais ne paraissait pas enchanté.

— Je préférerais filer avec vous.

— Moi aussi, je préférerais t’emmener, mais nous allons filer avec Eileen entre nous deux. Comment voudrais-tu qu’un couple puisse emmener un autre couple en otage ? Une femme passe encore, mais comme ce ne sont certainement pas des imbéciles ta présence les ferait tiquer.

— Bien. Comment je le descends ?