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— Marko ! cria Sonia idiotement, comme s’il allait lui venir en aide.

Marko, en train de se rajuster, vint vers elle.

— On sait qui tu es, fit-il. Et tu vas le payer.

La suite fut couverte par le hurlement de Sonia, les reins déchirés par le Serbe. Elle se cabra, mais de nouveau, il lui rabaissa brutalement la tête, lui cognant le nez contre le bois. Lâchant sa nuque, il se mit à la besogner de tout son poids, avec des « han » de bûcheron. Jusqu’à ce qu’à son tour, il éjacule. Il la lâcha enfin avec une claque sur les fesses. Le troisième se précipita, précédé d’une érection longue et rigide comme un tuyau d’acier. Il retourna Sonia comme une crêpe, lui leva les jambes à l’horizontale et s’enfonça dans son ventre d’une seule poussée. Elle cria quand il cogna le fond et cela le fit rire.

Pendant plusieurs minutes, il se délecta. Marko tenta bien de fourrer son sexe à nouveau rigide dans la bouche de la jeune femme, mais elle réussit à tourner la tête.

Celui qui opérait se retira, tira les jambes vers le haut et s’enfonça là où son ami avait déjà sévi : ce fut assez rapide et il se vida à son tour. Marko avait sorti une bouteille de Slibovizc qu’il passait à la ronde. Presque sans parler, les trois hommes se relayèrent, jouissant de la jeune femme de toutes les façons possibles. Le niveau de la bouteille baissait et Sonia était presque inconsciente. En dépit de leur vigueur, ses trois bourreaux commençaient à faiblir. Le tournant fut pris quand Marko fourra son sexe mou dans la bouche de la jeune femme sans obtenir le moindre résultat. Il se retira et la jeta à terre d’une bourrade.

— Quelqu’un en veut encore ? demanda-t-il.

Aucun des deux ne répondit. C’étaient des gens frustes qui se contentaient d’une étreinte rapide avec une paysanne. Aucun n’avait jamais eu une femme aussi belle que Sonia. Le troisième regarda d’un air plein de vague à l’âme la croupe ronde, lunaire et blanche de Sonia, regrettant de n’avoir plus la force d’en profiter. Devant leur silence, Marko se baissa et prit dans sa botte un poignard un peu recourbé à la lame effilée comme un rasoir. Relevant Sonia par les cheveux, il la força à tenir le torse droit.

Son regard croisa le sien et elle sut qu’elle allait mourir.

* * *

Le major Tuzla n’avait pas touché à sa bière, rafraîchi par le ventilateur japonais. Quant à Boza Dolac, il avait la gorge trop nouée pour pouvoir avaler quoi que ce soit. S’il y avait encore un problème, cette fois-ci, il était cuit. Les deux hommes n’échangeaient pas une parole, plongés dans la contemplation d’un programme de la télé italienne reçu grâce à une antenne bricolée. L’officier du KOS ne regardait que d’un œil. La soirée était décisive. À partir de maintenant, le train était lancé et tout devait fonctionner comme un mécanisme d’horlogerie. Sinon, ses efforts n’auraient servi à rien.

— Qu’est-ce qu’ils foutent ? grommela-t-il. Tu leur as bien donné le numéro ?

— Da, da, affirma Boza Dolac.

Liquéfié par l’angoisse.

* * *

La lame recourbée du poignard de Marko s’enfonça dans le flanc de Sonia Bolcek, découpant un morceau de chair, comme on coupe un morceau de motte de beurre. Gros comme la moitié du poing… Il tomba à terre et le sang jaillit avec la force d’un geyser. Sonia hurlait, se tordant sur le sol, essayant d’arrêter l’hémorragie. Les deux autres contemplaient la scène, indifférents, comme dans un abattoir.

Marko reprit la jeune femme par ses cheveux blonds et d’un seul geste lui trancha la gorge d’une oreille à l’autre. Le sang des deux carotides balaya la table comme deux jets de tuyau d’arrosage. Personne ne pouvait survivre plus de quelques secondes à une telle blessure. Sonia tressauta un peu dans la main de son bourreau puis les jets se firent moins violents et se transformèrent en filets… Pour plus de sûreté, Marko taillada encore un peu le cou, puis passa à la partie la plus désagréable.

Avec son couteau, ce n’était pas très facile d’arracher les yeux. Il y parvint quand même, balayant les globes oculaires sous la table. Le visage de Sonia n’était plus qu’un masque de sang. Il essuya la lame à ses cheveux blonds et remit le poignard dans sa botte.

— On y va ! lança-t-il aux deux autres.

Lui avait terminé son travail.

Ses acolytes saisirent une vieille couverture et enroulèrent le corps dedans, puis un des deux le chargea sur son épaule. Ils parcoururent ainsi deux kilomètres sans voir personne, puis débouchèrent au croisement de deux petits chemins à cent mètres de l’entrée du village de Borovo. Dès que le jour se levait, une voiture de la Milice croate s’embusquait à cet endroit pour détourner les possibles voyageurs de la visite du village occupé par les Serbes.

La couverture cracha le corps sur la chaussée. Marko prit alors dans son blouson un drapeau croate avec une courte hampe, le déroula, et, grâce à sa lampe électrique, le planta dans l’anus de la morte. Ce serait la première chose que les miliciens apercevraient en arrivant prendre leur faction.

Les trois hommes se séparèrent alors. Les deux aides de Marko partant vers le village, Marko, lui, fila dans la direction opposée, jusqu’à une cabine téléphonique.

* * *

Le major Tuzla sursauta quand la sonnerie stridente se déclencha. Ses traits se détendirent en entendant la voix de son correspondant et ils n’échangèrent que quelques mots.

Après avoir raccroché, il adressa un regard satisfait à Boza Dolac.

— Tout s’est bien passé, dit-il, mais le plus délicat reste à faire.

Chapitre XIV

— Le numéro de la Zastava conduite par Boza correspond à celui d’un camion, annonça Mladen Lazorov. Il fallait s’en douter.

Encore une piste qui s’évanouissait. Et cela avait pris deux heures pour découvrir cela ! En plus, il régnait une chaleur inhumaine dans le petit bureau sous les combles du ministère de la Défense. Malko avait largement eu le temps de raconter ce qu’il avait vu la veille au soir du départ de Sonia et de sa rencontre avec le mystérieux Boza. Là non plus, il n’y avait rien à faire : le bus emprunté par la jeune femme était arrivé depuis longtemps.

Le téléphone sonna et Mladen Lazorov répondit immédiatement. Malko vit son visage se rembrunir tandis qu’il prenait des notes rapidement sur un bout de papier.

— Je crois qu’on a retrouvé Sonia, annonça le policier croate. La Milicja a relevé ce matin le cadavre d’une jeune femme qui correspond au signalement que vous m’avez donné, à l’entrée du village serbe de Borovo, en Slavonie. Elle avait été horriblement mutilée, torturée et finalement égorgée. On va me monter les photos prises sur place, elles viennent d’arriver. Cette personne avait sur elle des papiers au nom de Sonia Bolcek, domiciliée à Novi Zagreb, 6 Prilaz Poljanama.