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On se perd dans les transformations du bliaut et de la cotte. La robe de dessous devient la cotte hardie et le surcot remplace le biiaud. Cette robe de dessous, tre» ajustécj est lacée par derrière ou par devant, et dessine bien les formes et contours du corps.

Dans le costume paré, un garde-corps, ou devant de corsage de fourrure s'ajoute au sur-cot et lui donne un supplément de somptuosité. Mais la forme générale se mudilic par mille dispositions parliculièrcs. cottes et sur-cots varient de toutes les façons, suivant les fantaisies du jour, le goût particulier, suivant la mode des provinces ou des petites cours princières ou ducales, isolées par circonstances uu situation.

Elles sont superbes, les élégantes du moyen âge, avec leurs longues robes collantes, dont les dessins se répètent régulièrement, rosaces semées sur toute l'étoffe, carreaux alternés de couleurs différentes, faisant comme un damier de tout le corps, ileurs et ramages en larges dispositions, souvent tissées d'or ou d'argent. Ces étofTes font des plis superbes et drapent naturellement d'une façon sculpturale, des échantillons nous en restent dans les musées, nous pouvons juger de l'effet qu'elles devaient faire, coupées en belles robes traînantes.

ROBE ET HOUPPELANDE HISTORIÉES XV^ SIÈCLE.

Les armoiries, nées avec les premières organisations sociales, avec les premiers chefs de

Noble Cliàtelaiiie.

clan ou chefs de guerre, mais régularisées plus tard, paraissent sur les robes des dames, tim-Jîrées comme les pavois des maris, d'écussons symétriquement di>po&é^. Cet usage se développe, cette mode prend, comme nous dirions maintenant, et bientôt les armoiries s'étalent plus largement sur les robes dites cottes historiées.

Voyons aux l'êtes de la cour ou des châteaux, dans ces vastes salles ouvertes aujourd'hui aux vents des quatre points cardinaux, et hantées par les seuls corbeaux, derniers habitants des nobles ruines; voyons aux tables des festins d'apparat, entre les hautes cheminées et les tribunes des musiciens, ou bien encore sur les estrades ou eschaffaux, autour des lices où les chevaliers tournoient, ces nobles dames, aux robes du haut en bas armoriées et timbrées aux armes de leurs maris ou de leurs familles, arborant, ainsi que de superbes panonceaux vivants, toutes les belles inventions du blason, toutes les bêtes de la ménagerie héraldique, les lions et les léopards, les chimères et les griffons, les loups et les cerfs, les cygnes et les corbeaux, les sirènes et les dragons, les poissons et les licorneSj tous d'allure fantastique, tous ailés, ongles^ griffus, dentus et cornus, issant, passant ou rampant sur les champs les plus étincelants, gueules, azur, or ou sinople.

Et les robes non armoriées ne sont pas moins riches ni moins brillantes, semées de grandes fleurs contournées ou d'ornements d'un très large sentiment décoratif.

Les formes, en apparence très variées, dérivent cependant toutes du même principe. Le surcot n'a pas de manches, il est ouvert plus ou moins largement sur le côté depuis l'épaule jusqu'à la hanche pour laisser paraître la robe de dessous, d'une autre couleur s'har-monisant bien avec celle du dessus et semée de dessins, ou plus, ou moins que le surcot, de telle façon qu'il n'y ait pas égalité d'ornementation.

Un garde-corps ou devant de corsage d'hermine garnit le haut du surcot; laïourrure est échancrée sur les épaules pour laisser voir, bien et chaudement encadré, le haut de la poitrine garni de joyaux et, surtout dans les robes d'apparat, très libéralement décolleté. Une bande d'hermine borde ainsi toute l'échancrure du surcot sur les épaules et les hanches.

Grande variété dans les formes des corsages, des cottes ou des surcots, grande variété dans l'ornementation des épaules, dans l'encadrement du cou. Certains décolletages manquent de modestie, les prédicateurs tonnent en chaire contre l'immoralité de la mode et les conteurs des vieux fabliaux, qui ne sont pas prudes, s'en égayent largement.

Lors de l'invention de la toile de lin, les femmes non contentes de se décolleter pour montrer leurs gorgerettcs de lin ou le haut des diemises, inventèrent, pour montrer un peu mieux ces chemises de lin, de fendre leurs robes sur le côté, faisant ainsi de l'épaule à la hanchCj de longues ouvertures lacées.

Il y avait déjàj — il y a eu toujours, —des élégantes exagérées qui outraient les fantaisies de la mode. Ainsi certaines se montraient en robes si étroites et si collantes qu'elles semblaient cousues dedans; ou bien les surcots étaient beaucoup plus longs que ces dames, v^t il fallait porter ce qui dépassait au moyen de poches placées sur le devant des robes, dans lesquelles on passait les mains, ou bien relever la jupe et la rattacher à la ceinture, ce qui après tout était fort gracieux et faisait ces admirables plis cassés que nous voyons aux robes des statues. Les manches de ces longs surcots, à traîne

Le petit hennin.

en queue de serpent^ que les grandes dames pouvaient faire porter par un page, s'allon^ gèrent aussi. Les manches de la robe de dessous descendent jusqu'au poignet, avec un évasement qui recouvre souvent une partie de la main. Par-dessus, les manches du surcot, plus larges, sont ouvertes quelquefois depuis l'épaule et tombent presque jusqu'à terre, parfois fendues du coude au poignet ou pourvues seulement d'une ouverture par laquelle passe l'avant-bras.

Il y a cent [modilîcations différentes aux manches : les manches longues, amples ou serrées, les manches coupées et boutonnées en dessous du haut en bas, les manches échan crées ou renflées au coude, on voit même les manches dites à mitons, dont l'extrémité peut se relever en formant mitaines fermées, et les manches-poches fermées au bout, toutes inventions gracieuses ou commodes après tout.

Il y a enfin les grandes manches en ailes tailladées et découpées en dents de scie, en feuilles de chêne, ou bordées d'une mince ligne de fourrure.

La joaillerie prend une grande importance. Grandes dames ou bourgeoises, toutes les femmes enrichissent leurs costumes de joyaux et de bijoux plus ou moins coûteux : colliers, cercles de tête ornés de pierres précieuses joyaux sur le couvre-chef, gros bijoux en agrafes, ceintures de passementerie et d'orfèvrerie.

A la ceinture est attachée l'aumùnière ou escarcelle, de riche étoffe bordée d'or, à fermoir et ornements dorés, lycs grandes dames éblouissent, elles étincellent... Les lois somp-tuaires n'y peuvent rien. Philippe le Bel en 1194 a eu beau décréter et réglementer, interdire aux bourgeoises le vair et l'hermine, les ceintures d'or ornées de perles et de pierreries, il a ou beau arrêter que :

a Nulle damoiselle, si elle n'est chastelaine c( ou dame de deux mille livres de rente, « n'aura qu'une paire de robbes par an, et si ce elle l'est, en aura deux paires et non plus »

« De même que les ducs, comtes et barons « de six mille livres de rente pourront faire (( faire quatre paires de robbes par an et non e plus, et à leurs femmes autant »

Philippe le Bel a eu beau fixer un maximum du prix de l'aune d'étoffe pour les robes, en échelle descendante pour toutes les conditions, depuis vingt-cinq sols tournois l'aune pour les grands barons et leurs femmes, jusqu'à sept sols pour les écuyers,et—ce qui est assez remarquable et montre bien, même en ces temps lointains, la richesse des bourgeois et gros commerçants des Villes, — permettant aux femmes des bourgeois d'aller jusqu'à seize sols l'aune, Philippe le Bêla eu beau tout prévoir et tout réglementer, rien n'y a fait, pas même la menace des amendes. Grandes dames et riches bourgeoises ont bravé les défenses du roi tout aussi bien que les remontrances de messieurs les maris et les admonestations que le clergé se fatiguait de leur adresser à l'église.