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— Mais… Si ce sont des pédos, suffit de les envoyer en taule !

Franck se leva. Cala ses mains au fond de ses poches.

— Tu n’es peut-être pas très au courant de l’actualité de ces derniers temps, Marianne…

— Excuse-moi, je viens de passer quatre ans dans un trou… Alors non, j’ai pas bien suivi l’actualité !

— Un certain nombre d’affaires de ce style ont été mises au jour ces dernières années, impliquant parfois des notables, des gens haut placés. Là, il s’agit de deux représentants de la justice française. Un procureur et un juge d’instruction, deux personnes censées être irréprochables… Si cette affaire éclate, c’est un nouveau scandale qui s’abat sur la République.

— C’est seulement la preuve que les flics et la justice font bien leur boulot ! Je ne vois pas en quoi ça gêne la République… Au contraire !

— En haut lieu, on préfère que cela se règle en sourdine, dit-il en soupirant.

— Je vois… Nouvelles méthodes expéditives ! Et le dossier Charon, dans tout ça ?

— C’est juste un dossier que nous aimerions récupérer à cette occasion. Je n’ai pas envie que tu en saches trop. Disons seulement que ces deux malades se doutent qu’on va leur tomber dessus, suite à l’arrestation de certains membres du réseau de pédophiles. Ils pensent être à l’abri en détenant un dossier un peu compromettant…

— Ben voyons ! J’élimine deux salauds et j’en sors un troisième de la merde… Charon ! Jolie morale, commissaire… !

— Rien à voir… Pour Charon, il s’agit seulement d’une affaire mineure. La seule chose que tu dois savoir, c’est que nous voulons éliminer ces deux fumiers et en profiter pour récupérer le dossier en question… Tu comprends ?

— Je comprends, oui… Je comprends que vous vous êtes bien foutus de ma gueule ! Et… Ensuite ?

— Tu auras l’argent, les faux papiers et l’obligation de quitter le pays pour ne jamais y revenir.

— Tu crois vraiment que je vais gober ça ? Je descends un proc’, un juge et je suis libre ! Merci et bon voyage, Marianne ! Non, Franck ; je fais le sale boulot et, ensuite, vous me liquidez, voilà ce qui va réellement se passer… ! Lequel de vous trois est chargé de me descendre ?

Elle les regarda tour à tour. Aucun ne baissa les yeux.

— Tu te trompes… Tu es pour nous l’arme parfaite ! Ces crimes passeront pour une vengeance de la part d’une ancienne détenue un peu cinglée qu’on ne retrouvera jamais. Mais c’est clair depuis le départ, tu obtiendras ta liberté en échange de ce boulot…

— J’te crois pas ! Tu me prends vraiment pour une demeurée, pas vrai, Franck ?

— Non, Marianne. Nous avons un contrat tous les deux ; si tu respectes ta part, je respecte la mienne…

— Je représenterai forcément un danger pour vous lorsque j’aurai terminé la mission ; je connais la vérité, je deviens encombrante… Donc, vous ne prenez aucun risque, vous m’éliminez… !

— Tu ne peux pas être encombrante, tu es recherchée par toutes les polices de ce pays. Tu n’aspireras qu’à disparaître… Je ne vois pas pourquoi tu irais raconter cette histoire à qui que ce soit.

Elle secoua la tête, incrédule.

— Tant pis si tu n’as pas confiance en moi. Tu te rendras compte par toi-même que je n’ai pas menti. Mais tu accompliras d’abord ce que nous attendons de toi. Parce que sinon, je me verrai obligé de faire un truc qui m’écœure par avance.

— T’en prendre à Daniel, c’est ça ?

— C’est ça, Marianne. Je n’en ai pas du tout envie. Mais s’il faut en arriver là pour que tu obéisses, je le ferai. Tu peux me croire.

— Pas de problème, pour ça, je te crois ! Je pense que torturer les gens, ça te fait jouir, sale con !

— Tu te trompes, une fois de plus. Et arrête de m’insulter, s’il te plaît…

— Je me trompe ? Moi, je crois au contraire que ça vous plaît bien de faire mal aux gens, commissaire… Mais peut-être que ça vous gêne qu’on en parle ? De tes mœurs très particulières ?

Il la cogna du regard. Mais rien ne pouvait la stopper.

— Tu veux que je leur montre ce que tu m’as fait ?

Il s’approcha, se planta face à elle.

— Qu’est-ce qu’il y a, Marianne ? Tu veux leur dire quoi ? Que nous avons couché ensemble ? La grande nouvelle que voilà ! Tu crois qu’ils en ont quelque chose à foutre ?

Laurent eut un sourire, un peu complice, Philippe cacha sa surprise derrière un visage de marbre. Elle abandonna la partie. Mais Franck retourna la situation à son avantage avec l’ingéniosité du serpent.

— Tu veux leur dire quoi, Marianne ? Que tu t’es fait sauter par un mec que tu connais à peine ? Ou peut-être qu’en taule, tu couchais pour obtenir ta came et tes clopes ? Leur expliquer que tu es une fille facile ?

Elle se leva d’un bond, il reçut une gifle dont la force manqua de l’envoyer au tapis. Il ne répondit pas. Sauf par un sourire odieux.

— Ça suffit, intervint Laurent. Que tu aies couché avec Franck, ou qui que ce soit d’autre, on n’en a effectivement rien à cirer ! Ce qui nous intéresse, c’est que tu acceptes le contrat, que tu élimines ces deux ordures… Sachant que, s’il te venait à l’esprit de refuser, on amènerait ton mec ici et on le garderait au chaud tant que tu n’aurais pas pris la bonne décision. Ne nous oblige pas à faire une victime de plus dans ce merdier… Je sais que tu es intelligente.

Le capitaine avait pris le relais, Franck le remercia d’un regard. Puis il reprit les rênes pour le coup de grâce.

— Surtout, ne t’avise même pas de nous doubler, Marianne. Si tu avais l’idée de disparaître avec l’arme et le dossier, tu le regretterais. Je commencerais par récupérer ton ami. Et puis je te retrouverais, toi. Et là tu verrais vraiment de quoi je suis capable quand je suis furieux…

Ils cessèrent de la harceler un moment. Lui laissèrent reprendre ses esprits.

— Alors ? demanda Franck. Tu décides quoi, Marianne ?

— Parce que j’ai le choix, peut-être ?! répondit-elle avec désespoir. Et… Si je me fais serrer ? Si les flics ou les gendarmes m’arrêtent au Palais ?

— Si jamais ça arrive, tu te démerdes pour qu’ils ne te prennent pas avec le dossier. Tu expliques que tu voulais te venger, c’est pour ça que tu as descendu la juge et le proc’. Et s’ils chopent le dossier, tu expliques que tu l’as taxé au hasard…

— Ben voyons ! J’ai été attirée par la couleur de la pochette ! Comme ça, ils me mettront direct à l’asile…

— Ça n’arrivera pas Marianne. J’ai confiance en toi. Mais là encore, je te conseille de pas nous balancer. Ça serait vraiment une catastrophe pour toi et ton ami…

— Je vois… Donc, si je me fais piquer, je replonge en beauté, c’est ça ?

Il retrouva un visage plus doux, une voix plus calme.

— Non. Je m’arrangerai pour te sortir de là.

— Encore un bobard, hein commissaire ? Si je me fais arrêter, je recevrai un colis piégé dans ma cellule… Ou vous paierez quelques détenues pour me faire la peau… Pas vrai ?

— Non, Marianne. Je te sortirai de là… Si tu as su tenir ta langue, bien sûr.

Elle lui posa une question qui lui dévorait le cerveau.

— Comment comptais-tu me forcer à agir si… si je n’avais pas parlé de Daniel ?

— Tu connais la réponse, Marianne. Le boulot contre ta vie et ta liberté… C’était ma seule arme. Mais je réalise qu’elle était peut-être insuffisante.

*