Qu’on ne s’y méprenne pas : si Baricco est en Italie une star, s’il y a autour de lui une légende, à l’égal des chanteurs de rock dont l’aura fascine les «groupies », il est d’abord et avant tout un écrivain, un de ceux qui compteront dans les décennies à venir.
Sa richesse d’écriture, son talent multiforme peuvent évoquer les explorations stylistiques d’un Gadda ; son sens du burlesque, la finesse et la délicatesse de son humour, joints à une profonde tendresse pour tous ses personnages, le rendent frère d’un Italo Calvino.
Mais ce qui n’appartient qu’à lui, c’est l’étonnant mariage entre la jubilation de l’écriture, la joie d’être au monde et de le chanter, et le sentiment prégnant d’une fatalité, d’un destin. Un destin qui, par quelque signe invisible, a écrit d’avance chacune de nos vies, et qui fera feu de tous bois pour s’accomplir. Un certain «désespoir » traverse peut-être, vif et léger, les livres de Baricco. Mais c’est que la vie humaine est finie, délimitée, quand le monde, lui, est immense, infini, merveilleux et terrible. Et de cette multiplicité infinie du monde, aucun texte jamais, aucune musique, ne pourra rendre compte.
Françoise Brun
du même auteur
Aux Éditions Albin Michel CITY, 2000 (Folio n° 3571)
L’ÂME D’HEGEL ET LES VACHES DU WISCONSIN, 1999 OCÉAN MER, 1998 (à paraître en Folio) SOIE, 1997 (Folio n° 3570)
CHÂTEAUX DE LA COLÈRE, 1995 (à paraître en Folio)
Aux Éditions Calmann-Lévy CONSTELLATIONS, 1999 (à paraître en Folio)
Aux Éditions Mille et une nuits NOVECENTO : PIANISTE, 2000 (Folio n° 3634)