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— Viens maintenant, dit-elle à voix basse.

Il l’enlaça et ils firent l’amour très doucement presque sans bouger. La tête rejetée en arrière, Christina gémissait.

Puis elle mordit sauvagement Malko à l’épaule. Après, elle se laissa glisser dans l’eau en arrière, flottant comme une longue algue, les cheveux défaits. Elle revint ensuite vers Malko et lécha l’endroit qu’elle avait mordu, presque humblement, comme un petit animal.

— Tu ne savais pas que les Indiens s’aimaient ainsi ? murmura-t-elle. Viens, allons manger maintenant.

Elle nagea rapidement jusqu’au bord et se hissa, d’un seul élan. Les muscles de son dos jouaient, sous le clair de lune, comme des longues lanières.

Toujours nue, elle courut à la table, y prit quelque chose et alla au bout de la terrasse. Elle eut un geste rapide et une flamme de trois mètres jaillit dans la nuit. Un grand feu de bois était tout préparé et probablement arrosé de pétrole. Christina éteignit les projecteurs et il ne resta que la lueur du feu et une musique sauvage sortant des haut-parleurs.

L’Indienne tournait autour du feu, séchant les gouttes d’eau qui irisaient son corps. Malko la rejoignit et la prit dans ses bras.

Ils se retrouvèrent étendus sur le divan blanc, face au feu.

— Pauvre Paquito ! dit Christina. Il a horreur du feu. Mais c’est si joli !

Ensuite les heures passèrent très vite. Ils burent mangèrent, regardèrent le feu et firent l’amour. Ils ne parlaient pas. Tacitement ils s’étaient accordé une trêve et ne voulaient pas rompre le charme.

Il était quatre heures du matin quand Christina proposa à Malko :

— Je vais te reconduire à ton hôtel. Je ne veux pas que l’on te trouve ici.

Elle s’habilla rapidement. Derrière son dos, Malko n’eut que le temps de récupérer son pistolet. Pendant tout le chemin du retour, ils n’échangèrent pas une parole. Quand la route était droite, Christina posait sa longue main sur la cuisse de Malko. Il eut un petit pincement au cœur en retrouvant les lumières du Hilton. Christina arrêta le moteur et se tourna vers lui.

— Malko, dit-elle, prends-moi dans tes bras.

Il la serra contre lui.

— Jure-moi que tu auras toujours envie de me serrer ainsi, murmura-t-elle. Quoi qu’il arrive !

Il la regarda, surpris.

— Pourquoi, quoiqu’il arrive ?

— Jure.

— Je crois qu’il faudrait que tu me fasses des choses très horribles pour que je t’en veuille, dit Malko doucement. Mais toi, pourquoi es-tu ainsi avec moi ?

— Je t’ai dit que je suis une femme. Il y a quelque chose en toi de doux et de solide qui m’attire. Et j’aime tes cheveux blonds. Adios.

Il regarda disparaître les feux rouges de la Lincoln. Quelle étrange soirée ! Il était encore moulu, et son dos, couvert de griffes, le brûlait. Lentement, il entra dans le hall et prit sa clef. Il y avait un message de Felipe, demandant de l’appeler à n’importe quelle heure. Pour le faire, Malko attendit d’être dans sa chambre.

— Mon Dieu, dit le Mexicain, je vous croyais mort ! À l’hôtel, on m’a dit que vous étiez parti avec ce démon, et j’étais mortellement inquiet. Quel tour vous a-t-elle encore joué ?

— Aucun. Elle avait une crise de féminité.

Felipe rit :

— El macho SAS ! Bravo ! Je sais où habite le petit maintenant : 24, dans la Calle Candelaria. C’est sur la colline. Il ne m’a pas vu.

— Parfait, dit Malko. Nous irons demain matin.

— Reposez-vous bien, dit Felipe un peu moqueur. Moi non plus, je n’ai pas beaucoup dormi en vous attendant. Buenas noche.

Malko était encore tout étourdi quand il monta dans sa chambre. Comme tous les êtres qui mènent une vie dangereuse, il était capable de profiter pleinement de toutes les occasions de joies ou de plaisirs que la vie lui offrait. Il appelait cela ses « lavages de cerveau ».

Le soleil était déjà haut quand les deux hommes quittèrent l’hôtel. Pourtant la montre de Malko indiquait neuf heures à peine. Ils laissèrent la voiture sur la place de l’Eglise et s’enfoncèrent dans le dédale des ruelles de terre. La rue Candelaria, était un sentier de chèvres, serpentant entre des masures de bois et de torchis.

Le numéro 24, une cabane en planches sans fenêtres, se trouvait au fond d’une espèce de cour où une vieille femme épluchait du manioc au milieu des chiens et des poulets. Par la porte entrouverte, on apercevait le sol en terre battue et quelques meubles grossiers. Felipe s’avança vers la vieille, tout sourire :

— El señor Eugenio ?

Elle le regarda, méfiante.

— Porqué ?

— Dites-lui que c’est le señor de l’hôtel Hilton qui veut le voir.

Eugenio avait dû laisser la consigne. La vieille se dérida et appela :

— Eugenio ! Veni aqui.

Il y eut un remue-ménage à l’intérieur et Eugenio sortit, le torse nu. Il sourit en reconnaissant Malko. Il rentra et revint immédiatement avec une chemise et des espadrilles. Malko présenta Felipe et celui-ci proposa d’aller boire un verre dans un café.

Eugenio était intimidé. Ce n’est qu’au, second café qu’il se dégela un peu. Felipe lui expliqua qu’il avait besoin de trouver le Chamalo tout de suite, pour une affaire d’honneur.

Le gosse hésitait. Il avait peur. Le Chamalo ne devait pas être très commode. Et il avait dû entendre parler de la mort du plongeur.

Malko insista :

— Je te promets que le Chamalo ne t’en voudra pas. Et qu’il ne te fera rien de mal. Parole de Caballero. De plus, tu auras cinq mille pesos…

Eugenio hésitait encore.

— C’est très loin, dit-il. Je ne peux pas vous expliquer. C’est au nord, dans la jungle. La route n’est pas bonne. Il faut au moins une journée rien que pour aller.

— Je te paierai le triple de ce que tu aurais gagné tout le temps que tu seras avec nous, offrit Malko. Et tu auras encore quelque chose de plus.

— Bon, accepta Eugenio. Seulement, avant de partir, il faut que je prévienne le Syndicat. Autrement, ils vont me mettre à l’amende. Je vous retrouve à votre hôtel après le déjeuner. Ou plutôt en face. Il y a un petit restaurant. Je vous attendrai là.

Les trois hommes se séparèrent. Felipe était un peu inquiet.

— Vous ne croyez pas que c’est un peu imprudent, d’aller là-bas tous les deux ? dit-il à Malko. Je connais ces propriétés perdues dans la jungle. Là-bas, il n’y a pas de police. Le Chamalo fera ce qu’il veut. S’il a envie de nous tuer…

— Nous n’avons pas le temps de monter une expédition, répondit Malko. Et nous attirerons moins l’attention avec une seule voiture. On peut nous prendre pour des touristes.

Le Mexicain s’inclina. Ils revinrent à l’hôtel. Malko trouva un mot d’Ariane qui était repartie pour New York et lui laissait son adresse. Pas rancunière !

Il expédia à l’ambassade de Mexico un long câble codé et s’étendit ensuite sur son lit, pour récupérer un peu. Trois heures plus tard Felipe le réveilla en tambourinant à sa porte. Il était une heure et demie. Malko mit dans sa valise, deux chemises, des papiers et son pistolet. Felipe avait pris son petit sac de toile, lui aussi bourré de munitions. Ils gardaient leur chambre à l’hôtel. Plus pratique et plus discret.

Eugénio était déjà là, sur son trente-et-un : pantalon bien repassé et chemisette à manches courtes. En les attendant, il buvait un verre d’ananas.

— Déjeunons ici, proposa-t-il. Ce n’est pas cher et après, sur la route, il n’y a plus rien de bien.