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Dieu ne serait pas nécessaire à la vie, songea Langdon. La question « d’où venons-nous ? » prenait d’un coup une nouvelle dimension.

Est-ce là une partie de la découverte d’Edmond ? Que la vie peut exister toute seule ?

Bien sûr, cela allait à l’encontre des grandes thèses créationnistes. La curiosité de Langdon était piquée au vif. Était-il sur la bonne piste ? Comment prouver une telle affirmation ?

— Robert ?

Langdon se retourna. Ambra avait fini d’explorer sa partie.

— Il n’y a rien ici. Que des essais et des traités. Je vais vous aider à chercher de votre côté.

— Pour l’instant, moi aussi j’ai fait chou blanc.

Alors que la jeune femme traversait la pièce pour rejoindre Langdon, la voix de Winston se fit entendre dans le téléphone :

— Ambra ?

— Oui ?

— Il faut que je vous montre quelque chose, à vous et à M. Langdon. C’est urgent. Le Palais vient de faire une déclaration à la presse.

Langdon s’approcha de la jeune femme pour observer les images sur le petit écran.

Il reconnut la place devant le Palais royal de Madrid. Un homme en uniforme, menotté, marchait entre quatre gardes. Les agents obligèrent leur prisonnier à regarder la caméra, en manière d’humiliation.

— Garza ? s’exclama Ambra. Ils ont arrêté le chef de la Guardia Real ?

La caméra pivota pour cadrer une femme portant de grosses lunettes rondes, qui sortait un papier de sa poche.

— C’est Mónica Martín, expliqua Ambra. La responsable des relations publiques du Palais ! Qu’est-ce qui se passe ?

La femme se mit à lire son papier, lentement, en articulant chaque mot :

— Le Palais royal arrête le commandant Diego Garza pour son rôle dans le meurtre d’Edmond Kirsch, et pour avoir tenté de faire accuser injustement l’archevêque Valdespino.

Langdon sentit Ambra tressaillir.

— En ce qui concerne la future reine Ambra Vidal, poursuivit Mónica Martín, je crains d’avoir des nouvelles très préoccupantes.

Langdon et Ambra échangèrent un regard.

— Nous venons d’avoir la confirmation du service de protection rapprochée de la future reine. Ambra Vidal a été emmenée de force par le professeur Robert Langdon hors du musée Guggenheim. La Guardia Real est en état d’alerte maximale et coordonne les opérations avec la police de Barcelone, où l’on pense que Robert Langdon pourrait garder en otage Mlle Vidal.

Langdon en resta bouche bée.

— Les autorités demandent à la population de lui rapporter tout renseignement susceptible d’être utile à l’enquête concernant cette prise d’otage. Pour l’instant, le Palais n’a pas d’autres éléments à communiquer.

Les questions des journalistes fusèrent de toutes parts mais Mónica Martín tourna les talons et remonta les marches du perron.

— C’est de la folie, lâcha Ambra. Mes gardes du corps m’ont bien vue partir de mon plein gré !

Langdon fixait le téléphone des yeux. Malgré sa stupéfaction, un fait était limpide : cette fois, il avait de sérieux problèmes !

56.

— Robert, je suis désolée ! lança Ambra, avec une lueur de panique dans les yeux. Je ne sais pas qui se cache derrière ça ! Mais vous êtes en grand danger. Je vais appeler Mónica Martín tout de suite.

— Surtout pas, intervint Winston. C’est un piège. Ils attendent que vous sortiez du bois, que vous preniez contact avec eux pour vous tirer les vers du nez. Réfléchissez. Vos deux gardes du corps savent que vous n’avez pas été kidnappée et pourtant ils ne l’ont pas dit. Au contraire, ils ont sauté dans un avion pour venir à Barcelone ! Tout le Palais est donc impliqué. Et comme le commandant de la Guardia est aux arrêts, c’est que les ordres viennent de plus haut.

Ambra pâlit.

— Vous voulez dire… de Julián ?

— La réponse s’impose d’elle-même. Le prince est le seul à pouvoir faire arrêter Garza.

Ambra ferma les yeux un long moment. Langdon perçut toute la détresse de la jeune femme. Son dernier espoir que Julián ne soit pas lié au meurtre d’Edmond venait de s’envoler.

— Quelqu’un au Palais sait que nous essayons de diffuser la vidéo d’Edmond, affirma Langdon. Et on veut à tout prix nous en empêcher.

— Et ils n’avaient pas prévu ça, ajouta Winston. Ils croyaient leur travail terminé quand ils ont réduit Edmond au silence.

— Ambra, reprit Langdon après un long silence. Je ne connais pas votre fiancé, mais il est évident que Julián suit les conseils de l’archevêque Valdespino dans cette affaire. Je vous rappelle qu’entre Edmond et Valdespino c’était assez tendu avant même que commence la soirée au musée.

Elle hocha la tête.

— De toute façon, vous êtes en danger.

Ils entendirent au loin des sirènes.

— Il faut trouver ce poème, et vite ! déclara Langdon en recommençant à explorer les rayonnages. Lancer la présentation d’Edmond est notre meilleur sauf-conduit. Une fois que la nouvelle sera rendue publique, cela ne servira plus à rien de s’en prendre à nous.

— C’est exact, renchérit Winston. Mais la police vous recherche comme preneur d’otage. Vous ne serez en sécurité que si vous prenez le Palais à son propre jeu.

— Comment ? s’enquit Ambra.

Winston poursuivit sans la moindre hésitation :

— Ils cherchent visiblement à monter les médias contre vous, mais c’est une arme à double tranchant.

Langdon et Ambra écoutèrent le plan que leur proposait Winston. Un plan très simple qui créerait en effet beaucoup de confusion dans les rangs adverses.

— C’est d’accord, répondit aussitôt Ambra.

— Vous en êtes sûre ? insista Langdon. Après, il n’y aura plus de marche arrière possible.

— Robert… c’est à cause de moi si vous vous retrouvez dans cette situation. Le Palais a expédié Mónica au front pour que les médias s’en prennent à vous. On va leur renvoyer l’ascenseur.

— Autrement dit, lança Winston, qui vit par l’épée périra par l’épée !

Langdon haussa un sourcil. Savait-il qu’il paraphrasait Eschyle ? Étant donné les circonstances, il aurait mieux valu citer Nietzsche : Celui qui doit combattre des monstres doit prendre garde de ne pas devenir monstre lui-même.

Ambra ne discuta pas davantage et s’éloigna dans le couloir, le téléphone de Kirsch à la main.

— En attendant, trouvez-nous ce mot de passe, Robert !

Langdon la regarda disparaître dans une tourelle abritant un petit escalier hélicoïdal qui menait sur le toit.

— Faites attention ! lui conseilla-t-il.

Seul dans l’appartement tout en longueur, Langdon s’efforça de rassembler les pièces du puzzle : des vitrines pleines d’objets inhabituels, une citation sous cadre proclamant que dieu était mort, un grand tableau de Gauguin qui posait les mêmes questions qu’Edmond à sa présentation : D’où venons-nous ? Où allons-nous ?

Pour l’instant, il n’avait aucune piste. Dans la bibliothèque, un seul ouvrage avait retenu son attention : Unexplained Art, un livre de photographies montrant des réalisations humaines encore auréolées de mystère : Stonehenge, les statues de l’île de Pâques, les « dessins » ou lignes du désert de Nazca, des géoglyphes si grands qu’on ne pouvait les discerner que depuis le ciel.