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Entre-temps, les chiens traînaient joyeusement la petite fille allongée de tout son long sur le dallage de marbre, tandis que Marina et Hackett se cassaient le nez sur les portes d'acier qui se refermaient sur Alan et Sarah.

« Alan ! M'accorderez-vous au moins une seconde ?

— Non !

— Alan !

— Non, non, et non ! Fichez-moi la paix !

— Mufle ! Je parlerai quand même ! »

La petite fille avait joué avec tous les boutons d'étage. L'ascenseur s'arrêtait à chaque palier. Alan la maudit.

« Je vais vous épouser, vous m'entendez ? »

Alan s'appuya contre la cloison.

« Qu'est-ce que vous dites ?

— Vous et moi, on se marie ! »

Et comme il restait pétrifié, elle ajouta :

« Maman est au courant. »

Cinquième étage.

« Sarah, vous êtes complètement folle !

— Oui, de vous ! Vous n'aurez à vous occuper de rien ! Mes avocats établiront les contrats ! Nous passerons notre lune de miel où vous voudrez ! »

Sixième étage…

« Alan… Je sais que je suis impulsive… C'est la première fois que j'ai envie de me marier…

— Je refuse !

— Ce sera merveilleux…

— Jamais ! »

Septième étage. Les portes coulissèrent. Celles du deuxième ascenseur aussi, d'où jaillirent Arnold et Marina.

« Marina ! J'ai droit à des explications !

— Oh ! la barbe. Il faut toujours tout vous expliquer ! »

Elle se figea :

« Alan ! »

Les deux ascenseurs repartirent vers le rez-de-chaussée, les abandonnant tous quatre sur le palier.

« Marina ! s'écria Alan.

— Comment allez-vous, Sarah… lança courtoisement Arnold.

— Alan, qui est cette femme ? jeta Sarah.

— C'est Marina, s'affola Alan qui ne savait plus où donner de la tête.

— Bonjour, monsieur », dit avec froideur Arnold à Alan.

Marina se jeta au cou d'Alan et l'étreignit, oubliant dans sa surprise de le revoir à Cannes, qu'elle l'avait abandonné quelques jours plus tôt à New York.

« Mais qu'est-ce que tu fais là ? C'est incroyable ! Tu sais, avec Harry, c'est fini !

— Alan, je vous prie de me présenter, articula Sarah sur un ton glacial.

— Marina, voici Sarah… Sarah, Marina…

— D'où la connaissez-vous ? s'enquit Arnold Hackett avec méfiance.

— Tu l'entends, Alan ? » dit Marina.

Elle se retourna vers Hackett avec colère :

« Puisque vous voulez le savoir, on vivait ensemble !

— Alan, c'est vrai ? demanda Sarah.

— Écoutez !… dit Alan à la cantonade. Ecoutez-moi bien !… »

Il prit son souffle pour prononcer des paroles définitives. Elles lui firent défaut : c'était trop compliqué. Il gicla soudain dans le couloir et tambourina fébrilement à la porte de son appartement.

« Alan ! crièrent ensemble Marina et Sarah en s'élançant à sa poursuite.

— Samuel ! Ouvre-moi ! Ouvre ! cria Alan. C'est moi !

— On ne m'a jamais traitée comme ça, Alan ! glapit Sarah.

— Laissez-le tranquille, espèce de cinglée ! intervint Marina en tirant Sarah par la manche.

— Vous, fermez-la ! ne touchez pas à mon fiancé !

— Marina, tonna Hackett dont les nerfs craquaient, je vous somme de me dire…

— Foutez-moi la paix, vieux schnock ! »

La tête hébétée de Samuel Bannister se découpa dans l'encadrement de la porte. Il avait pour tout vêtement son caleçon et une chaussette, et ressemblait à un boxeur sonné à sa descente du ring. Alan le bouscula, suivi par tous les autres qui s'insultaient en essayant de l'agripper. Il reçut un choc : allongée et béate sur la moquette, entièrement nue, la duchesse de Saran, les cheveux en désordre, le corps bleui d'hématomes, les saluait de la tête avec la même infinie distinction que si elle eût été installée sur le trône de France pour donner audience à ses vassaux.

« Samuel ! » s'étrangla Alan.

Bannister écarta piteusement les bras en signe d'impuissance :

« Je te le jure sur la vie de Christel, Alan… »

Il désigna la duchesse d'un menton accusateur et laissa tomber en détournant les yeux :

« Elle m'a violé ! »

Une expression hagarde sur le visage, Alan se tordit les mains.

« Je suppose que vous connaissez mon excellent ami Samuel Bannister… Sammy, Marina, que tu as déjà rencontrée. M. Arnold Hackett… Mlle Sarah Burger… »

Bannister, mâchoire décrochée, encaissait chacun des noms cités comme autant de coups de poing à l'estomac. Alan lui désigna là duchesse qui remettait paisiblement sa robe.

« La duchesse de Saran…

— Comment allez-vous ?… » bredouilla Samuel.

Arnold Hackett se cassa immédiatement en deux.

« Mes hommages, madame la duchesse ! Je suis impardonnable ! Je ne vous avais pas vue ! »

Mandy lui tendit distraitement sa main à baiser.

« Alan, j'attends votre réponse ! exigea Sarah.

— Qu'est-ce qu'elle t'a demandé ? ironisa Marina.

— Alan, je vous parle !

— J'ai le droit de savoir ce que vous faisiez avec cet Arabe ! intervint Hackett en fustigeant Marina du regard.

— J'ai pris un bain de champagne !

— Alan, implora Bannister, est-ce que je peux avoir quelque chose à boire ? Quelque chose de fort… »

On gratta à la porte restée entrebâillée.

« Alan… »

Apparut Nadia Fischler, radieuse. Ignorant la-présence des autres, elle embrassa fougueusement Alan à pleine bouche.

« J'ai tout regagné, chéri ! Voilà ton argent ! »

Elle brandit sous son nez une enveloppe. Alan voulut s'en emparer. Elle la retira vivement.

« A une condition !… Donne-moi ta parole que tu assisteras ce soir à ma fête… Je pends la crémaillère de ma nouvelle propriété… La Volière… Vous êtes tous mes invités ! lança-t-elle avec un geste large. Promis ?

— Je ne peux pas, Nadia !

— Il y a combien dans l'enveloppe ? souffla Bannister à Alan.

— 800 000 dollars ! répondit triomphalement Nadia.

— Il viendra ! cria Samuel.

— Je veux que ce soit gai, que ce soit fou ! enchaîna Nadia en glissant l'enveloppe dans la ceinture d'Alan. La nuit des oiseaux ! On va planer ! Ce soir… Minuit ! La Volière… Cap d'Antibes ! »

« Sortez tous ! hurla Alan. Sortez ! »

Il repoussa fermement Sarah qui s'accrochait à lui.

« Moi aussi ? demanda Bannister en retenant son caleçon d'une main.

— Qu'est-ce que tu es nerveux ! reprocha Marina.

— A tout à l'heure, chéri… dit Sarah en prenant la porte d'elle-même. Je vais faire publier les bans. »

Hackett s'effaça pour laisser passer Mandy de Saran, impériale, et courut de toute la vitesse de ses petites jambes à la poursuite de Marina.

Alan referma la porte, poussa le verrou et s'adossa contre le battant, bouche ouverte, haletant. L'air égaré, il dévisagea longuement Samuel en silence.

« Alan !… Ça ne va pas ?… Alan ! Où vas-tu ?

— Tuer un homme », jeta Alan en l'écartant.

Bannister le plaqua contre le mur.

« Tu vas d'abord me dire ce qui se passe dans cette maison de fous !

— Et toi, ce que tu fichais en caleçon dans le hall !

— Écoute… »