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— Dites-lui que j'ai été obligée de partir… Je lui explique tout là-dedans. Dites-lui aussi…

— Quoi ? Que voulez-vous que je lui dise encore ? »

Elle se mordilla les lèvres.

« Rien. C'est dans la lettre. Merci. »

Elle salua de la tête et s'éloigna dans le couloir. Bannister referma la porte, malade à l'idée qu'Alan pût jeter son dévolu sur une fille aussi insignifiante alors que Sarah Burger déroulait à ses pieds le tapis rouge de la fortune. Heureusement qu'il veillait ! Il déchira la lettre en morceaux, en jeta les débris dans la cuvette du cabinet et tira la chasse.

Après quoi, il retourna dans la chambre où Clarisse l'attendait.

La Rolls quitta la Croisette et vira à droite pour s'engager dans l'allée du Majestic. Dès le départ de New York, Alan s'était endormi pour ne se réveiller qu'à Nice après l'atterrissage.

« Vous avez encore besoin de moi ce soir ? demanda Norbert.

— Je ne pense pas. Si vous voulez votre soirée, prenez-la.

— Merci, monsieur, avec plaisir.

— Rendez-vous galant, Norbert ?

— Réunion de ma cellule, monsieur. »

Alan amorça un sourire qui se figea soudain.

« Accélérez ! Ne vous arrêtez pas devant le perron ! Faites le tour du rond-point ! »

Avec épouvante, il venait d'apercevoir Sarah, assise sur un pliant, en grande conversation avec Serge. Il se coucha sur la banquette.

« Norbert, est-ce que la fille en vert, avec Serge, m'a vu ? »

Norbert jeta un regard dans le rétroviseur.

« Je ne pense pas, monsieur. Mlle Burger parle toujours.

— Merci. Arrêtez-moi… »

Il sauta à terre devant la maison de la presse, contourna l'hôtel, enfila la petite rue parallèle à la Croisette et se glissa dans le Majestic par l'entrée de service. Avec des ruses de Sioux, il s'approcha du comptoir du concierge.

« 751, s'il vous plaît.

— Votre clef n'est pas au tableau, monsieur. M. Bannister doit être en haut… »

Il entra dans l'ascenseur et se trouva nez à nez avec Marina qui allait en descendre.

« Alan ! »

Il fut bouleversé de voir que son visage était ravagé de larmes.

« C'est affreux, Alan ! Il est mort dans mes bras !

— Hadad ?

— Hackett !

— Hackett est mort ? »

Ses sanglots redoublèrent.

« Définitivement. Dans ma chambre ! De quoi j'ai l'air ? » pleurnicha-t-elle.

Alan la prit par les épaules et la secoua.

« Marina ! Que lui as-tu fait ? Marina ! »

Par-dessus sa tête, il vit Sarah entrer dans le hall. Il tira vivement Marina dans la cabine et appuya sur le bouton du septième.

« Je veux descendre », dit la dame en rouge avec son caniche noir dans les bras.

Alan la découvrit au moment où elle parlait. Elle avait un air de réprobation outrée.

« J'étais allongée sur le lit, poursuivit Marina. Je lui caressais gentiment le crâne… Il venait de vendre ses usines, faut pas être vache… Et il faut que je te dise !… Hackett, c'était Hackett !

— Je sais… dit Alan, je sais !

— Ramenez-moi immédiatement au troisième ! ordonna la dame.

Dès que nous serons au septième… » s'excusa Alan.

Le caniche noir poussa un grognement menaçant.

« Le temps de lui donner un verre d'eau et de m'étendre à côté de lui, il était mort ! enchaîna Marina.

— Mais mort de quoi ?

— Arrêt du cœur. Quel dérangement ! Pour ne pas le balader dans les couloirs, on l'a laissé dans ma chambre… Ils m'ont déménagée au sixième… On m'a égaré ma jupe bleue !… Je ne m'y reconnais plus dans mes affaires ! »

La porte palière s'ouvrit à l'étage.

« Marina, voyons-nous plus tard, tu m'expliqueras tout en détail !

— C'est toi qui me dois des explications ! Qu'est-ce que tu fais à Cannes ?

— Voulez-vous descendre je vous prie ! » glapit la dame.

Avant que Alan ait pu sortir, les portes d'acier se refermèrent automatiquement. La dame voulut enfoncer la touche du troisième. Dans son mouvement, le caniche lui échappa et se mit à aboyer furieusement. La dame essaya de le reprendre dans ses bras.

« Je suis revenue chez toi à New York. J'ai quitté Harry. Pauvre Arnold ! Il n'y avait pas d'eau, je suis repartie…

— Où as-tu connu Arnold Hackett ?

— Attention à mon chien ! cria la dame, Jean-Paul, ici ! Saute ! »

Elle tendit en vain l'arceau de ses deux bras pour que Jean-Paul s'y niche.

« Chez Poppie, dit Marina. Tu connais Poppie ?

— Non. »

La cabine s'arrêta au rez-de-chaussée. Les portes s'ouvrirent. Le caniche s'échappa. La dame voulut se lancer à sa poursuite, elle se heurta à Marina.

« Alan ! cria Sarah. Alan ! »

Alan tapa sur le bouton du septième. L'ascenseur repartit.

« Je veux descendre ! hurla la dame. Jean-Paul !

— Hé ! vous, la rouge ! Vous pourriez faire attention ! s'indigna Marina. Vous m'avez écrasé le pied !

— Je suis une amie de M. Gohelan, s'étouffa la dame. Je vais protester ! Je viens ici depuis vingt ans ! S'il arrive malheur à mon chien !…

— Qui est Poppie, Marina ?

— L'amie de Peter.

— Qu'est-ce qu'elle avait à voir avec Arnold Hackett ?

— Je n'en sais rien. Je l'ai rencontré chez elle en partant de chez toi. Il m'a invitée ici. En tout bien tout honneur… »

Sourcils froncés, elle se tourna vers la dame pour achever sa phrase.

« …j'ai horreur des vieux ! »

Arrêt de la cabine.

« C'est pour moi que vous dites ça ? jeta la dame avec défi.

— Oui ! cracha Marina. Et je déteste aussi les chiens ! »

Alan se coula entre les portes avant que la querelle ne dégénère en pugilat. Il sonna à son appartement.

« Qu'est-ce que c'est ? tonna la voix de Bannister.

— Moi ! Ouvre !

— Alan ?

— Tu ouvres ou j'enfonce la porte ? »

Bruit du verrou qu'on débloque… La tête de Bannister… Alan la repoussa à l'intérieur et s'aperçut qu'il était en caleçon.

« Encore !

— Je ne suis pas seul… » confessa Samuel avec une expression contrite.

Alan lui jeta un regard mauvais.

« La duchesse ?

— La dame des lavabos du Palm Beach ! Je te supplie d'être discret, Alan ! Elle est mariée !

— Raccompagne-la à ses toilettes ! J'ai besoin du salon immédiatement !

— Alan, on venait juste de commencer…

— Dehors ! »

Alan entra dans la salle de bain.

« Quand je sortirai de la douché, je vous flanque tous les deux par la fenêtre si vous êtes encore là ! Quant à toi, reviens dans une heure, j'aurai des choses à te dire ! »

Il claqua la porte derrière lui, fit gicler l'eau froide et éclata d'un fou rire nerveux. Quand il revint dans le vestibule après s'être séché, la place était libre. Il enfila des vêtements, prit quelques notes sur un bloc et appela Hamilton Price-Lynch.

« Je débarque à l'instant. Je suis chez moi. Voulez-vous venir ? »

Il s'absorba dans les chiffres qu'il venait d'inscrire. Au coup de sonnette, il enfouit le morceau de papier dans sa poche.

« Bon voyage, monsieur Pope ? s'enquit Ham Burger en entrant dans le salon.

— Excellent, merci.

— Tout s'est bien passé ?