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V Явись и дланию своей Нам укажи в толпе вождей Кто твой наследник, твой избранный... Но храм в молчанье погружен, И тих твоей гробницы бранный Невозмутимый, вечный сон.

Ces vers ont йtй йcrits dans un moment oщ il йtait permis d'кtre dйcouragй. Grвce а Dieu, ce moment n'est plus. Nous avons repris l'attitude que nous n'aurions pas dы perdre. Ce n'est plus celle que nous avait donnйe le bras du Prince votre pиre, mais elle est encore assez belle. Nous n'avons pas de mot pour exprimer celui de rйsignation, quoique cet йtat d'вme, ou, si vous l'aimez mieux, cette vertu, soit tout а fait Russe. Le mot de столбняк est encore ce qui le reproduit avec le plus de fidйlitй.

Quoique je ne vous aie pas importunй de mes lettres pendant ce temps de calamitйs, je n'ai pas manquй d'avoir de vos (103) nouvelles, je savais que vous vous portiez bien et que vous vous amusiez, ce qui trиs certainemenent est digne du dйcamйron. Vous avez lu en temps de peste, au lieu d'йcouter des contes, c'est aussi trиs philosophique.

Je suppose que mon frиre s'est trouvй а l'assaut de Varsovie; je n'en ai pas de nouvelles. Mais qu'il йtait temps de prendre Varsovie! Vous avez lu je suppose les vers de J. et les miens: pour Dieu, corrigez celui-ci

Святыню всех твоих градов

Mettez: гробов. Il s'agit des tombeaux de Ярослав et de ceux des saints de Печора; cela est йdifiant et prйsente un sens [quelquonc]. (104) Градов ne signifie rien.

J'espиre me prйsenter chez vous vers la fin de ce mois. Sarsko-sйlo est йtourdissant; Pйtersbourg est bien plus retraite.

Адрес: Madame Hitrof.

680. П. И. Миллеру. Первая половина сентября 1831 г. Царское Село.

Если есть в Сыне Отечества ответ Ф.<еофилакту> Косичкину, то пришлите мне, сделайте милость. Очень благодарен за Телеграф.

А. П.

681. П. Я. Чаадаев - Пушкину. 18 сентября 1831 г. Москва.

Hй bien, mon ami, qu'avez Vous fait de mon manuscrit? Le cholйra l'aurait-il emportй? Mais le cholйra, dit-on, n'est pas venu chez vous. N'aurait-il pas pris la clef des champs, par hasard? Mais en ce cas, donnez m'en, je Vous prie, avis quelconque.

J'ai eu grand plaisir а revoir de votre йcriture. Elle m'a rappelй un temps qui ne valait pas grand'chose а la vйritй, mais oщ il y avait encore espoir; les grandes dйceptions n'йtaient pas encore advenues. Je [me parle de moi, vous entendez bien; mais pour Vous aussi il y avait, je crois, de l'avantage а n'avoir pas encore йpuisй toutes les rйalitйs. Douйes et brillantes ont йtй vos rйalitйs а Vous, mon ami. Cependant, toujours, il y en a-t-il qui valent les fausses attentes, les trompeurs pressentiments, les menteuses visions de l'heureux вge des ignorances? Vous voulez causer, disiez-Vous: causons. Mais prenez garde, je ne suis pas riant; Vous, Vous кtes nerveux. Et voyons, de quoi causerons-nous? Je n'ai qu'une pensйe, Vous le savez. Si, par aventure, je trouve autres idйes dans mon cerveau, elles se rattacheront certainement а celle-lа: voyez si cela vous arrange? Encore si vous me suscitiez quelques idйes de votre monde, si vous me provoquiez? mais vous voulez que je parle le premier: soit, mais encore une fois, gare aux nerfs! Donc voici ce que je vais Vous dire. Vous кtes-vous aperзu qu'il se passe quelque chose d'extraordinaire dans les entrailles du monde moral, quelque chose de semblable а ce qui se passe, dit-on, dans les entrailles du monde physique? Or, dites-moi, je Vous prie, comment en кtesvous affectй? Il me semble, quant а moi, que c'est la matiиre poйtique tout а fait, ce grand renversement des choses; Vous ne sauriez y кtre indiffйrent, d'autant

que l'йgoisme de la poйsie y a ample pвture а ce que je crois; le moyen de n'кtre pas soi-mкme froissй dans ses plus intimes sentiments, au milieu de ce froissement gйnйral de tous les йlйments de la nature humaine! J'ai vu tantфt une lettre de votre ami, le grand poиte; c'est un enjouement, une hilaritй, qui font peur. Pourriez-vous me dire, comment cet homme, qui avait naguиre une tristesse pour chaque chose, ne trouve-t-il pas aujourd'hui une seule petite douleur pour la ruine d'un monde? Car regardez, mon ami, n'est-ce point lа vraime

nt un monde qui pйrit; et, pour qui ne sait pressentir le monde nouveau qui va surgir en sa place, [voyez si ce <?>] ce n'est pas autre chose qu'une ruine affreuse qui se fait. [Vous] N'auriez-Vous pas non plus un sentiment, une pensйe а donner а cela? Je suis sыr que le sentiment et la pensйe se couvent а votre insu dans quelque profondeur de votre вme, seulement, de se produire au dehors, elles ne sauraient, ensevelies [qu'elles] que probablement ils sont dans ce tas de vieilles idйes d'habitude, de convenance, dont, vous avez beau dire, tout poиte est inйvitablement (tout] pйtri, quoiqu'il fasse; attendu, mon ami, que depuis l'indien Valmiki, le chantre du Ramayana, et le grec Orphйe, jusqu'а l'йcossais Byron, tout poиte a йtй tenu jusqu'а cette heure de redire toujours la mкme chose, dans quelque lieu du monde qu'il eu chantй.

Oh, que je voudrais pouvoir йvoquer а la fois toutes les puissances de votre кtre poйtique! Que je voudrais en tirer, dиs ce moment, tout ce qui, je sais, s'y tient cachй pour que vous nous fassiez aussi un jour entendre un de ces chants que veut le siиcle! Comme tout alors, qui s'en va aujourd'hui devant vous sans laisser nulle trace en votre esprit, aussitфt vous frapperait! Comme tout prendrait face nouvelle а Vos yeux! En attendant, causons toujours. Il y a quelque temps, il y a un an, le monde vivait dans la sйcuritй du prйsent et de l'avenir, et rйcapitulait en silence son passй, et s'en instruisait. L'esprit se rйgйnйrait dans la paix, la mйmoire humaine se renouvelait, les opinions se reconciliaient, la passion s'йtouffait, les colиres se trouvaient sans aliment, les vanitйs se satisfaisaient dans de beaux travaux; tous les besoins des hommes se circonscrivaient peu а peu dans l'intelligence, et tous leurs intйrкts allaient peu а peu aboutir au seul intйrкt du progrиs de la raison universelle. Pour moi, c'йtait foi, c'йtait crйdulitй infinies; dans cette paix heureuse du monde, dans cet avenir, je trouvais ma paix, mon avenir.Est survenue tout а coup la bкtise d'un homme,d'un de ces hommes appelйs,sans leur aveu,а diriger les affaires humaines. Voilа que sйcuritй, paix, avenir, tout devient aussitфt [n'eant] nйant. Songez-y bien, ce n'est pas un de ces grands йvйnements, fait pour bouleverser les empires et ruiner les peuples, qui a fait cela, la niaiserie d'un seul homme. Dans votre tourbillon, vous n'avez pu ressentir la chose comme moi, c'est tout simple: mais se peut-il, que cette prodigieuse aventure qui n'a point sa pareille, toute empreinte de providence qu'elle est, ne vous apparaisse que comme prose toute commune, ou au plus comme poйsie didactique, par exemple comme un tremblement de Lisbonne, dont vous n'auriez que faire? pas possible. Moi, je me sens la larme а l'-il, quand je regarde ce vaste dйsastre de la vieille [soc], de ma vieille sociйtй; ce mal universel, t ombй sur mon Europe, d'une maniиre si imprйvue, a doublй mon propre mal. Et pourtant, oui, de tout cela il ne sortira que du bien, j'en ai la certitude parfaite: et j'ai la consolation de voir que ne suis point le seul а ne pas dйsespйrer du retour de la raison а la raison. Mais comment se fera-t-il ce retour, quand? Sera-ce par quelque puissant esprit dйlйguй extraordinairement par la providence pour opйrer cet -uvre, ou bien par une suite d'йvйnements par elle suscitйe pour йclairer le genre humain? Ne sais. Mais une vague conscience me dit que bientфt viendra un homme nous apporter la vйritй du temps. Peut-кtre sera-ce quelque chose d'abord de semblable а cette religion politique [parv<?>] prйchйe en ce moment par S.-Simon dans Paris, ou bien а ce catholicisme de nouvelle espиce que quelques prкtres tйmйraires prйtendent, dit-on, substituer а celle que la saintetй du temps avait faite. Pourquoi non? Que le premier branle du mouvement qui doit achever les destinйes du genre humain se fasse de telle ou telle sorte, qu'importe? Beaucoup de choses qui avaient prйcйdй le grand moment oщ la bonne nouvelle fut annoncйe autrefois par un envoyй divin, avaient йtй destinйes а prйparer l'univers, beaucoup de choses aussi se passeront sans doute de nos jours а fin semblable, avant que la nouvelle bonne nouvelle nous soit apportйe du (105) ciel. Attendons.