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Размысли, друг, этот последний вопрос — и не смейся, — потому что человек, который десять лет сидел в четырех стенах и способен еще любить довольно горячо и молодо, — ей богу! достоин некоторого уважения. Целую тебя.

Вильгельм.

1266. Ф. Ф. Вигель — Пушкину. Около 18 октября 1836 г. Петербург.

Вы требуете от меня того, об чем я сам хотел просить Вас; у меня есть человечек-машинка, который очень исправно переписывает ему совершенно непонятное. Его рукой писано [писано] письмо мое и мною даже не подписано. Вот вам доказательство, что я не ищу его известности; оно писано для одного. Надобно было быть уверену в его уме и проницательности, чтобы осмелиться так писать. Он один сквозь некоторую досаду мог увидеть беспредельную к нему любовь и преданность: его талант поставил выше мелочей обыкновенного самолюбия. Он может не уважить мнением моим, но чувства, я знаю, всегда уважал. — Я болен, без того бы сам к вам явился. Я чувствую [1463] простуду и в то же время моральную болезнь, какое-то непонятное лихорадочное беспокойство. Нежную, обожаемую мать разругали, ударили при мне по щеке; желание мести и бессилие меня ужасно тревожит. — Я ожидаю от Дим.[итрия] Ник.[олаевича] извещение когда удобнее ему будет дружески, по Арзамасски, побеседовать с вами.

Je rouvre ma lettre pour vous dire que M. Bloudoff vous attend avec impatience, depuis dix heures du matin jusqu’à trois Mercredy. Faites-moi savoir si je dois venir chez vous, je suis tout malade, mais mort ou vif vous me verrez chez vous si vous l’ordonnez, [1464]

Адрес: Его высокоблагородию м.[илостивому] г.[осударю] Александру Сергеевичу Пушкину. На Мойке, у Конюшенного моста, в доме кн. Волконского.

1267. П. Я. Чаадаеву. 19 октября 1836 г. Петербург.

19 oct.

Je vous remercie de la brochure que vous m’avez envoyée. J’ai été charmé de la relire, quoique très étonné de la voir traduite et imprimée. Je suis content de la traduction: elle a conservé de l’énergie et du laisser-aller de l’original. Quant aux idées, vous savez que je suis loin d’être tout à fait de Votre avis. Il n’y a pas de doute que le Schisme nous a séparé du reste de l’Europe et que nous n’avons pas participé à aucun [1465] des grands évênements qui l’ont remuée; mais nous avons eu notre mission à nous. C’est la Russie, c’est son immense étendue qui a absorbé la conquête [1466] Mogole [1467]. Les tartares n’ont pas osé franchir nos frontières occidentales et nous laisser [1468] à dos. Ils se sont retirés vers leurs déserts, et la civilisation Chrétienne a été sauvée. Pour cette fin, nous avons du avoir une existance tout-a-fait à part, qui en nous laissant Chrétiens, nous laissait cependant tout-à-fait étrangers au monde Chrétien, en sorte que notre martyre ne donnait aucune distraction à l’énergique développement de l’Europe catholique. Vous dites que la source où nous sommes allé puiser le Christianisme était impure, que Byzance était méprisable et méprisée etc. — hé, mon ami! Jésus Christ lui-même n’était-il pas né juif et Jérusalem n’était-elle pas la fable des nations? l’évangile en est-il moins admirable? Nous avons pris des Grecs l’évangile et les traditions, et non l’esprit de puérilité et de controverse. Les mœurs de Byzance n’ont jamais été celles de Kiov. Le clergé Russe, jusqu’à Théophane, a été respectable, il [1469] ne s’est jamais soulié des infamies du papisme et certes n’aurait jamais provoqué la réformation, au moment ou l’humanité avait le plus besoin d’unité. Je conviens que notre clergé actuel est en retard. En voulez-vous savoir la raison? c’est qu’il est barbu; voilà tout. Il n’est pas de bonne compagnie. Quant à notre nullité historique, décidément je ne puis être de votre avis. Les guerres d’Oleg et de Sviatoslav, et même les guerres d’apanage n’est-ce pas cette vie d’effervescence aventureuse et d’activité âpre et sans but qui caractérise la jeunesse de tous [1470] les peuples? l’invasion des tartares est un triste et grand tableau. Le reveil de la Russie, le développement de sa puissance, sa marche vers l’unité (unité Russe bien entendu) les deux Ivan, le drame sublime commencé à Ouglitch et terminé au monastère d’Ipatief — quoi? tout celà ne serait pas de l’histoire, mais un rêve pâle et à demi-oublié? Et Pierre le Grand qui à lui seul est une histoire universelle! Et Catherine II qui a placé la Russie sur le seuil de l’Europe? et Alexandre qui vous a mené à Paris? et (la main sur le cœur) ne trouvez-vous pas quelque chose d’imposant dans la situation actuelle de la Russie, quelque chose qui frappera le futur historien? Croyez [-vous] qu’il nous mettra hors l’Europe? Quoique personnellement attaché de cœur à l’E.[mpereur], je suis loin d’admirer tout ce que je vois autour de moi; comme homme de lettre, je suis aigri; comme homme à préjugés, je suis froissé — [je] mais je vous jure sur mon honneur, que pour rien au monde je n’aurais voulu changer de patrie, ni avoir d’autre histoire que celle de nos ancêtres, telle que Dieu nous l’a donnée.