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Un jour, un journaliste a déclaré qu’une partie de Voxl, surtout jouée par des novices, ressemble beaucoup à l’idée qu’un fou pourrait se faire du mouvement des planètes du Système solaire.

Le comptage des points ne semble pas non plus sensé, à première vue. Le jeu se termine lorsqu’une des équipes atteint un score de 18 points. Mais ils ne s’accumulent pas un par un. Cela aurait été trop facile et très ennuyeux pour les sadiques Centauriens.

Le premier essai marqué vaut six points. Le deuxième et le troisième, cinq points. Le quatrième, le cinquième et le sixième, quatre points. Du septième au dixième, trois points. Du onzième au quinzième, deux points. Et si aucune des équipes n’a encore gagné, les essais suivants valent un point chacun.

Il est rare qu’on en arrive à compter les points individuels. Le système est conçu pour que l’équipe la plus forte, qui parvient à imposer sa supériorité dès le début et marque les quatre premiers essais, batte l’autre en un minimum de temps.

Et ce n’est pas non plus si simple à compter. Si les mayas pensaient que dans leur tachli, qui se jouait avec les genoux, les hanches et les coudes, il était quasiment impossible de faire passer la boule de toile cirée dans le haut anneau de pierre à peine plus large que son diamètre, ils considéreraient cela comme un jeu d’enfant en voyant le Voxl.

Les règles sont peu nombreuses. Il est permis d’effleurer le voxl avec n’importe quelle partie du corps, mais il n’y a rien qui ressemble à des anneaux ou des buts. On considère comme un essai le triple rebond de la balle entre deux parois opposées – y compris le sol et le plafond –, sans intervention de l’équipe adverse après qu’un joueur l’a touché.

D’où la difficulté de marquer.

Si, en outre, on prend en compte que le concept de « faute » ou de « jeu rude » n’a aucun sens dans le Voxl, on comprendra mieux la véritable utilité des combinaisons-armures de champs de force. Avant tout, elles permettent d’éviter que la colonne vertébrale de chaque joueur se brise en mille morceaux dès la trentième seconde de match. Les combinaisons possèdent l’intéressante et très utile propriété d’avoir un grand moment inertiel, en plus d’avoir tendance à se comporter comme une masse compacte en cas d’impact externe. En gros, si un Colossien de trois quintaux vous tombe dessus à cent kilomètres heure, vous ne serez pas irrémédiablement aplati, mais vous glisserez « à peine » en sens contraire…

Et pourtant, les blessures sont très fréquentes. C’est là qu’entre le suppléant, pour remplacer l’infortuné joueur pendant que le moniteur médical traite son entorse, sa luxation ou sa fracture avec une machine orthopédique et le remet sur pied avec une bonne dose de drogues et d’hormones synthétiques régénératives.

La sonnerie retentit de nouveau. Il arrive. C’est imminent…

LE VOILÀ !

De la taille d’une tête humaine et d’un vert vif, le voxl se matérialise contre le blanc immaculé du terrain. Les combinaisons de l’équipe de la Ligue forment des taches couleur magenta qui se précipitent pour en prendre le contrôle. Nous autres, des éclairs bleu et rose pour les en empêcher. Des explosions de couleur qui mettent à l’épreuve les capacités visuelles des spectateurs qui tentent de déchiffrer l’écheveau de nos mouvements quasi supersoniques.

Mvamba prend de la vitesse en rebondissant contre le ventre du grand Danois. Kowalsky et les deux Cétiens utilisent les immenses épaules du Colossien dans le même but. Les Slovsky débordent vers les parois. Yukio rebondit contre moi et je glisse en tournant sur le sol presque sans frottement, formant un obstacle à ceux qui voudraient couper la route au voxl.

Le Colossien heurte Mvamba. Il le renverse et poursuit sa course. Écarté comme une plume, Mvamba prend une trajectoire erratique. Arno se jette à la rencontre du monstre de Colossa mais ne parvient pas à le contenir. Mauvais. Ah, mieux, les Slovsky tombent sur les clones cétiens et les dominent. Yukio contrôle le voxl et le premier rebond est pour nous…

Mais Kowalsky saute, évitant ma barrière. Il cherche Yukio, le heurte, profite de l’impulsion pour s’élever. Très mauvais. Il atteint le voxl après le deuxième rebond et le dévie sur le côté. Un rebond, deux… Nul ne peut distinguer lequel des Slovsky intercepte et s’impose. Nous reprenons le contrôle. Un rebond, deux… Le Colossien se précipite. Arno tente de l’arrêter mais il est neutralisé par une manœuvre de demi-tour et il manque le troisième rebond. Il est très fort, ce petit gars de Colossa.

À présent, il a le contrôle. Un, deux… Je vais l’intercepter… Mais Tamon Kowalsky accourt entre Yukio et moi et nous sépare. Très habile… Trois.

PREMIER ESSAI DE LA LIGUE ! SIX À ZÉRO !

Ils sont bons, ces maudits joueurs. Les meilleurs que j’ai affrontés. Je demande un temps mort pour donner des instructions à mon équipe.

Je leur parle via le système audio :

« Maintenant, ils ont le service. C’est dangereux. Arno, tu te surestimes devant le Colossien. Tu ne peux pas te mesurer en force pure avec lui, à un contre un. Yukio et Mvamba, occupez-vous de ce monstre. Battez-le à la vitesse. Et toi, grand Danois, neutralise ce renégat. Comme si ta vie était en jeu, Korvaldsen. Vous, les jumeaux, bon jeu…

Continuez comme ça, mais ne prenez pas trop confiance. Ces clones sont trompeurs. »

Le voxl apparaît dans le camp de l’équipe des visiteurs. Il touche le sol et repart. L’un des Cétiens le lance, un des Slovsky intercepte. Mais il ne le contrôle pas et il s’échappe. Le Colossien est maîtrisé par Yukio et Mvamba. Arno bloque Kowalsky contre le plafond. C’est ma chance.

Je saute et capture le voxl. Je le contrôle et prends les rebonds : un, deux… Mais mes coéquipiers ont négligé la queue du Colossien. Elle me dévie d’un habile revers et je manque l’essai.

À présent, un Cétien contrôle le voxl. Kowalsky me le dissimule, mais les Skovsky accourent. Un rebond… les jumeaux sont rapides, ils le reprennent avant le deuxième.

Ils ricochent contre le dos du Colossien et le passent à Yukio, qui s’échappe seul. C’est notre joueur le plus léger, le plus rapide. Un, deux, tr… Kowalsky le bloque à la dernière seconde, l’entoure, fait une passe discrète et le transmet au Colossien. Il est très lent. Il va devoir l’envoyer à quelqu’un d’autre. Où est Arno ?

La Brute blonde arrive à temps. Il oppose son poids et son impulsion à ceux du titan xénoïde, bloquant la passe. Le voxl est hors de contrôle. Jan Slovsky l’attrape à basse vitesse et l’envoie rebondir contre le plafond. Magnifique. Comment a-t-il réussi à le contrôler ?

J’arrête un Cétien. Tout va bien. Les Slovsky maîtrisent : un, deux, tr… Kowalsky intervient de nouveau ! Les jumeaux utilisent les schémas de jeu que leur père a créés pour ce renégat lorsqu’il était leader des Hussards. Ils n’y peuvent rien.

Le voxl rebondit, échappe à Mvamba. Ce Tamon est un empêcheur de tourner en rond. Lev Slovsky accourt, son frère venant derrière, en protection. Cette fois, le renégat ne pourra pas leur échapper. Ils sont comme un seul esprit dans deux corps… Merde, il les a feintés ! Il ne cherchait pas l’essai. Il passe à un Cétien, resté seul. Je tente d’intervenir, mais… Le voxl touche le sol, le plafond… Oui, j’ai peut-être le temps…

Zut ! Le Colossien lance Mvamba sur moi et il me coupe la route. Le voxl touche le sol de nouveau : trois. Enfer et damnation.