Выбрать главу

Elle m'ouvrit vêtue d'un bas de jogging blanc et d'un tee-shirt court. «Je suis pas prête…» dit-elle en ramenant ses cheveux en arrière. Le mouvement fit remonter ses seins; elle ne portait pas de soutien-gorge. Je posai les mains sur sa taille, approchai mon visage du sien. Elle ouvrit les lèvres, glissa tout de suite sa langue dans ma bouche. Je fus traversé par une excitation violente, à la limite de l'évanouissement, je me mis aussitôt à bander. Sans décoller son pubis du mien elle repoussa la porte palière, qui se referma avec un bruit mat.

La pièce, uniquement éclairée par une lampe de chevet, paraissait immense. Valérie me prit par la taille et me conduisit à tâtons jusqu'à sa chambre. Près du lit, elle m'embrassa à nouveau. Je remontai son tee-shirt pour lui caresser les seins; elle chuchota quelque chose que je ne compris pas. Je m'agenouillai devant elle en faisant glisser son bas de jogging et sa culotte, puis je posai le visage sur son sexe. La fente était humide, ouverte, elle sentait bon. Elle poussa un gémissement et bascula sur le lit. Je me déshabillai très vite et entrai en elle. Mon sexe était chaud, traversé de vifs élancements de plaisir. «Valérie… dis-je, je vais pas pouvoir tenir très longtemps, je suis trop excité.» Elle m'attira vers elle et chuchota à mon oreille: «Viens…» À ce moment, je sentis les parois de sa chatte qui se refermaient sur mon sexe. J'eus l'impression de m'évanouir dans l'espace, seul mon sexe était vivant, parcouru par une onde de plaisir incroyablement violente. J'éjaculai longuement, à plusieurs reprises; tout à fait à la fin, je me rendis compte que je hurlais. J'aurais pu mourir pour un moment comme ça.

Des poissons jaunes et bleus nageaient tout autour de moi. J'étais debout dans l'eau, en équilibre à quelques mètres de la surface éclairée par le soleil. Valérie était un peu plus loin, elle aussi debout dans l'eau, devant un récif de corail; elle me tournait le dos. Nous étions nus tous les deux. Je savais que cet état d'apesanteur était dû à une modification de la densité des océans, mais j'étais surpris de parvenir à respirer. En quelques battements de mains, je la rejoignis. Le récif était constellé d'organismes phosphorescents, argentés, en forme d'étoile. Je posai une main sur ses seins, l'autre sur le bas de son ventre. Elle se cambra, ses fesses frottèrent contre mon sexe.

Je me réveillai dans la même position; il faisait encore nuit. J'écartai doucement les cuisses de Valérie pour la pénétrer. En même temps, je mouillai mes doigts pour caresser son clitoris. Je compris qu'elle était réveillée quand elle se mit à gémir. Elle se souleva et s'agenouilla sur le lit. Je commençai à la pénétrer de plus en plus fort, je la sentais venir, elle respirait vite. Au moment de l'orgasme elle eut un soubresaut et poussa un cri déchirant; puis elle resta immobile, comme anéantie. Je me retirai et m'allongeai à ses côtés. Elle se détendit et m'enlaça; nous étions en sueur. «C'est agréable d'être réveillée par le plaisir…» dit-elle en posant une main sur ma poitrine.

Lorsque je m'éveillai à nouveau, le jour était levé; j'étais seul dans le lit. Je me levai et traversai la chambre. L'autre pièce était effectivement très vaste, haute de plafond. Des bibliothèques couraient le long d'une mezzanine au-dessus du canapé. Valérie était sortie; sur la table de la cuisine elle avait posé du pain, du fromage, du beurre, des confitures. Je me servis une tasse de café et retournai m'allonger. Elle revint dix minutes plus tard avec des croissants et des pains au chocolat, apporta un plateau dans la chambre. «Il fait vachement froid dehors…» dit-elle en se déshabillant. Je repensai à la Thaïlande.

«Valérie… dis-je avec hésitation, qu'est-ce que tu me trouves? Je ne suis ni très beau, ni très amusant; j'ai du mal à comprendre ce qu'il y a d'attirant en moi.» Elle me regarda sans rien dire; elle était presque nue, elle n'avait gardé que sa culotte. «Je te pose la question sérieusement, insistai-je. Je suis là, un type usé, pas très liant, plutôt résigné à une vie ennuyeuse. Et puis tu viens vers moi, tu es amicale et affectueuse, et tu me donnes beaucoup de plaisir. Je ne comprends pas. Il me semble que tu cherches quelque chose en moi, qui ne s'y trouve pas. Tu vas être déçue, forcément.» Elle sourit, j'eus l'impression qu'elle hésitait à parler; puis elle posa une main sur mes couilles, approcha son visage. Je me remis à bander aussitôt. Elle enroula la base de mon sexe avec une mèche de ses cheveux, puis commença à me branler du bout des doigts. «Je ne sais pas… murmura-t-elle sans s'interrompre. C'est agréable que tu ne sois pas sûr de toi. Je t'ai beaucoup désiré pendant ce voyage. C'était horrible, j'y pensais tous les jours.» Elle pressa plus fortement mes couilles, les enveloppant dans sa paume. De l'autre main elle prit un peu de confiture de framboises, qu'elle étala sur mon sexe; puis elle commença à le lécher soigneusement, à grands coups de langue. Le plaisir montait de plus en plus, j'écartai les jambes dans un effort désespéré pour me retenir. Comme par jeu elle branla un peu plus vite, pressant ma bite contre sa bouche. Au moment où sa langue titilla le frein de mon gland, j'éjaculai violemment dans sa bouche demi-ouverte. Elle avala avec un petit grognement, puis entoura le bout de mon sexe de ses lèvres pour recueillir les dernières gouttes. Je fus envahi par un flot de détente incroyable, comme une vague qui s'insinuait dans chacune de mes veines. Elle retira sa bouche puis s'étendit à mes côtés, se lova contre moi.

«La nuit du 31 décembre, j'ai failli frapper à la porte de ta chambre; finalement, je n'ai pas osé. J'étais persuadée qu'il ne se passerait plus rien entre nous; le pire, c'est que je n'arrivais même pas à t'en vouloir. Les gens parlent beaucoup ensemble dans les voyages organisés, mais ça reste une camaraderie factice, ils savent très bien qu'ils ne se reverront jamais par la suite. C'est très rare qu'ils aient des relations sexuelles.

– Tu crois?

– Je le sais; il y a eu des enquêtes là-dessus. C'est même vrai pour les clubs de vacances. C'est un problème pour eux d'ailleurs, parce que c'était quand même le seul intérêt de la formule. Depuis dix ans la fréquentation décroît régulièrement, alors que les tarifs ont tendance à baisser. La seule véritable explication, c'est que les rapports sexuels en période de vacances sont devenus à peu près impossibles. Les seules destinations qui s'en sortent un peu, c'est celles qui ont une forte clientèle homosexuelle, comme Corfou ou Ibiza.

– Tu es très informée sur la question… dis-je avec surprise.

– C'est normal, je travaille dans le tourisme. Elle sourit. Ça aussi, c'est une constante des voyages organisés: on parle très peu de sa vie professionnelle. C'est une sorte de parenthèse ludique, entièrement axée sur ce que les organisateurs appellent le «plaisir de la découverte». Tacitement, les participants s'accordent à éviter les sujets sérieux, comme le travail ou le sexe.

– Tu travailles où?

– Nouvelles Frontières.

– Alors, tu étais là à titre professionnel? Pour faire un rapport, quelque chose comme ça?

– Non, j'étais vraiment en vacances. J'ai eu une grosse réduction, bien sûr, mais j'ai pris sur mon temps de vacances. Ça fait cinq ans que je travaille là-bas, c'est la première fois que je pars avec eux.»

En préparant une salade de tomates à la mozzarella, Valérie me raconta sa vie professionnelle. En mars 1990, trois mois avant le bac, elle commença à se demander ce qu'elle allait faire de ses études – et, plus généralement, de sa vie. Après beaucoup de difficultés, son frère aîné avait réussi à intégrer l'école de géologie de Nancy; il venait d'obtenir son diplôme. Sa carrière d'ingénieur géologue se déroulerait probablement dans des exploitations minières, ou sur des plateformes pétrolières, en tout cas très loin de la France. Il avait le goût des voyages. Elle aussi avait le goût des voyages, enfin plus ou moins; finalement, elle décida de faire un BTS de tourisme. L'acharnement intellectuel nécessité par des études longues ne lui paraissait pas réellement conforme à sa nature.