Выбрать главу

— Non. Mais vous rêvez tout éveillé. Il est possible qu’ils n’aient jamais construit ces vaisseaux hypothétiques. Possible aussi que les astronefs de reconnaissance n’aient pas été épargnés par le je ne sais quoi qui a provoqué le départ précipité des autres du noyau galactique.

— Et qui, Sacrebleu, a pu rattraper la troisième vague et frôler la deuxième. Ou bien les vaisseaux de reconnaissance ont été détruits. Ou bien – j’insiste, de peur que vous ne voyiez mal l’importance de mes hypothèses – ils risquent d’arriver maintenant.

— Vous ne les avez pas repérés ?

— Comment ! Avec tout le ciel à fouiller ? Ils ne nous tomberaient pas dessus directement. Ils convergeraient vers Sol de plusieurs directions. C’est ce que je ferais à leur place. N’oubliez pas ce qu’ils s’attendent à trouver : un monde où des protecteurs Pak gouvernent une civilisation vieille de deux cents ans. C’est assez de temps pour coloniser un monde vierge, avec pour commencer une population de… oh !, trente millions de reproducteurs de tous âges auraient donné à Phssthpok près de trois millions de nouveaux protecteurs. Les vaisseaux de reconnaissance ne voudraient pas révéler la position de leur flotte.

— Oui, oui…

— Il y a une chose que je peux faire, mais il me faudra quelques journées de travail pour fabriquer les instruments. Tout d’abord, je vais m’assurer que vous êtes capable de vous battre avec cet astronef. Regagnons la capsule du système de survie. »

Un champ magnétique dirigé agiterait violemment le plasma interstellaire en étant dirigé vers un statoréacteur Bussard. Utilisé comme arme, il pouvait servir à guider l’écoulement du plasma à travers le vaisseau même. Le tireur devrait varier ses coups, sinon un pilote ennemi pourrait corriger les effets de l’arme. Si la densité de l’hydrogène local était inégale, cela lui nuirait. Si le plasma était localement assez dense, l’ennemi ne pourrait même pas couper son propulseur sans être réduit en cendres. Les champs de compression avaient notamment pour but de protéger le vaisseau contre les particules de rayons gamma qu’il brûlait comme carburant.

« Touchez-le près d’une étoile si vous avez le choix, dit Brennan. Et ne le laissez pas vous rendre la pareille. »

Le laser était plus sûrement mortel s’il atteignait un vaisseau. Mais un astronef ennemi serait à une distance d’au moins plusieurs secondes-lumière au début d’un combat. Petite cible fuyante donc, avec une image retardée de secondes ou de minutes. Les ailes d’un champ de compression seraient une cible plus facile.

Les bombes guidées étaient variées : de simples bombes à fusion, ou des bombes lançant des jets de plasma brûlant à travers un champ de compression, ou de la vapeur de carbone pour provoquer de brusques sauts d’intensités dans le taux de combustion, ou une demi-tonne de radon pressurisé dans un champ de stase. Des morts simples, ou compliquées. Il y avait aussi des ballons d’argent destinés à leurrer l’ennemi.

Roy apprenait.

L’anéantissement de Kobold datait de près de trois mois, et Roy faisait la guerre. Ces derniers temps, il avait pris plaisir à des combats simulés, mais celui-ci ne l’amusa pas du tout. Brennan multipliait par trop les difficultés ! Les éclaireurs Pak avaient utilisé une force propulsive de trois g jusqu’à ce qu’ils eussent croisé son sillage, et alors vlan ! Six g, et ils se rapprochaient. Quelques-uns de ses missiles se perdirent : les éclaireurs devaient agir sur le guidage. Leurs deux astronefs esquivèrent son laser avec une telle aisance qu’il l’éteignit. Ils s’étaient servis de lasers contre lui, non seulement contre son astronef mais contre la constriction du champ derrière lui, là où se rencontraient et fusionnaient les atomes d’hydrogène, de sorte que Protecteur avançait par à-coups et que Roy s’inquiétait pour les ancrages du générateur. Les Paks lancèrent des bombes à des vitesses folles, sans doute grâce à un accélérateur linéaire. Il dut les esquiver en zigzaguant lentement au hasard. Protecteur n’était pas très facile à manœuvrer.

Il avait passé trois jours dans le module du système de survie ; il y avait mangé et bu, remplacé le sommeil par des pilules stimulantes. À force de jouer cette partie avec Brennan, il commençait à dérailler. À l’intérieur de vaisseaux dont il ne pouvait déduire la présence qu’aux instruments, il imaginait des visages aussi durs que celui de Brennan.

Deux éclaireurs convergeant derrière lui, il en atteignit un avec le champ magnétique dirigé, et il vit son champ de compression exploser et disparaître.

Ce fut alors qu’il s’aperçut qu’il y avait deux paires de vaisseaux en tandem. Ah ! Ce maudit Brennan ! Il avait touché le vaisseau de tête, mais le vaisseau suivant était toujours là… et ralentissait. Pour une raison ou pour une autre, la perte de son leader l’avait freiné. Roy se concentra sur la seconde paire qui continuait à se rapprocher.

Il tenta un virage. Deux vaisseaux accouplés devaient être moins manœuvrables qu’un seul… et une heure plus tard il constata qu’il s’était trompé. Il n’avait tourné que d’une fraction de minute d’arc, mais ils avaient viré encore plus sec. Il réussit cependant de nouvelles esquives.

Il essaya quelques-unes de ses armes sur le vaisseau solitaire qui se trouvait derrière lui.

Alors la moitié de son tableau d’armes devint rouge, et il se demanda ce qui avait explosé dans la capsule arrière. Probablement cet idiot de projecteur ; il avait voulu creuser un trou dans le champ de compression du solitaire. Il paria qu’il avait raison, et que l’explosion avait endommagé son laser qui autrement aurait pu lui rendre service. Il décocha une salve de bombes par le côté de la capsule de fret opposé à l’explosion. Le vaisseau de tête de la seconde paire s’embrasa et mourut.

Il en restait deux : les vaisseaux arrière des deux paires, qui allaient moins vite que sa propre accélération. Il hésita un peu, puis il prit le large en continuant d’esquiver les missiles et les rayons de lasers.

Les éclaireurs se rapetissèrent. Il les regarda qui diminuaient… et puis non : l’un d’eux ne diminuait pas… finalement il comprit que celui-là avait pris de l’accélération et fonçait derrière lui à quelque chose comme huit g.

Roy faillit crier : « Brennan ! Quel tour me jouez-vous ? »

Mais il se contint, parce qu’il avait deviné : le second vaisseau consommait la propre éjection de Protecteur ! Peu importait comment : c’était comme ça, et c’était la raison pour laquelle ils se déplaçaient en tandem.

Il lâcha deux demi-tonnes de radon en débranchant les jets.

Le radon a une brève demi-vie ; il faut qu’il soit maintenu en stase. Le générateur était à l’extérieur de l’enveloppe de la bombe, et compose partiellement de fer doux. Le champ de compression de l’ennemi le déchira en deux. Une minute plus tard, le radon était dans la constriction, et des choses incroyables se produisirent : le radon fusionnant avec des éléments transuraniens, puis fissionnant immédiatement. La constriction explosa. Le champ de compression étincela comme l’arbre de Noël d’un grand magasin devenu fou. Le vaisseau Pak flamboya et ne fut plus qu’un petit point blanc en train de s’effacer du ciel.

Le dernier vaisseau Pak était loin derrière.

Roy eut du mal à retrouver ses esprits. Il ne cessait de se répéter : ce n’est pas réel, c’est uniquement un simulacre. Il sursauta violemment lorsque la tête inhumaine de Brennan passa à travers le twing.