Выбрать главу

Mais, pour autant que je sache, nul censeur n’a exigé à ce jour que La Terre est un berceau soit retirée des bibliothèques des écoles. J’apporte cette précision car je viens d’apprendre, à mes grandes stupeur et indignation, qu’un tel sort a été réservé à Terre, planète impériale il y a de cela une dizaine d’années. Plus grave encore, le comité en question a mis à l’index toutes les collections qui incluaient un seul de mes ouvrages.

Je regrette de ne pas en avoir été informé, à l’époque. Cela m’aurait permis de dire à ces apprentis ayatollahs que la version « livre pour aveugles » du roman qui offensait tant leur sens de la morale avait été enregistrée par une dame qu’il serait difficile de taxer de chantre de la pornographie. C’est en effet l’épouse du first law-lord d’Angleterre, l’équivalent du premier président de la Cour suprême des États-Unis.

Bien que La Terre est un berceau ait été conçue à l’origine en tant que projet pour un film, et que son adaptation ait été préparée pour la Warner, les chances de voir un jour ce livre porté à l’écran semblent désormais infimes. Par malchance, une kyrielle de films sous-marino-extraterrestres furent diffusés au moment de sa parution, avant de sombrer pour la plupart dans l’oubli.

Mais je suis heureux de pouvoir dire que Peter Guber a continué sur sa lancée. Ses dernières productions, Les Sorcières d’Eastwick, Gorilles dans la brume et Rain Man ont reçu un accueil excellent, et cette brève liste démontre l’intérêt qu’il porte aux projets à la fois inhabituels et valables. Peut-être produira-t-il La Terre est un berceau quand le cycle recommencera, ce qui est inéluctable. « Il existe un courant qui emporte la destinée des hommes », et celle des films également.

J’avais énormément apprécié de travailler avec Gentry mais je n’entretenais pas d’autres projets de collaboration lorsque nous terminâmes La Terre est un berceau. La comète de Halley occupait dans mon esprit une place prépondérante qu’elle ne tiendrait pas dans le ciel de notre monde. Je savais que son prochain passage, en 2061, constituerait une excellente opportunité pour une troisième Odyssée de l’espace. (Si malgré les retards, Galilée se comporte comme prévu en 1995 et nous transmet des mégabits d’informations depuis le système jovien, peut-être y aura-t-il une Odyssée finale. Mais je ne m’engage à rien.)

Pendant l’été 1987, 2061 : Odyssée trois se vendait bien, merci, et j’étais à nouveau assailli par le sentiment de culpabilité propre à l’auteur au repos quand je compris soudain qu’un projet me tendait les bras.

Quinze ans plus tôt, Rendez-vous avec Rama s’achevait par les mots : « Les Raméens font tout par trois. » Je les avais ajoutés après coup, lors de la relecture finale. Je n’envisageais pas – c’est juré – de faire une suite. C’était simplement à mes yeux la meilleure façon de terminer ce livre. (Car dans la réalité nulle histoire ne s’achève jamais.)

De nombreux lecteurs – et critiques – en avaient conclu que je projetais d’écrire une trilogie. C’était une supposition erronée, mais l’idée me paraissait brusquement excellente. Et Gentry était l’homme rêvé pour un tel travail. Il possédait toutes les connaissances de la mécanique céleste et des engins spatiaux nécessaires pour se charger du retour des Raméens.

Je couchai par écrit un large éventail de possibilités, comme je l’avais fait pour La Terre est un berceau, et Rama II vit le jour peu après. Les Jardins de Rama et Rama révélé suivront bientôt.

Gentry Lee doit à nouveau effectuer des aller et retour au-dessus du Pacifique pour participer à des séances de brainstorming dans les hauteurs du Sri Lanka, et le postier se plaint des gros paquets de listings qu’il doit faire tenir en équilibre précaire sur sa bicyclette. Cette fois, cependant, les progrès de la technique ont accéléré ces échanges intercontinentaux. Le fax nous permet de communiquer des idées pratiquement sans délai, et c’est un moyen bien plus pratique que la liaison par « poste électronique » utilisée par Peter Hyams et votre serviteur lors de la mise au point du scénario de 2010.

Il y aurait beaucoup à dire sur de telles collaborations à longue distance. Trop proches l’un de l’autre, les coauteurs courent le risque de consacrer un temps fou à régler des détails mineurs. Un écrivain solitaire dispose d’innombrables excuses pour ne pas travailler, et à deux les possibilités sont élevées au carré, pour le moins.

Cependant, il est impossible de démontrer qu’un auteur se laisse aller à la paresse car même si ses ronflements sont sonores nul ne peut affirmer que son subconscient n’est pas à l’ouvrage. Et Gentry sait aussi bien que moi que toutes nos excursions dans les domaines de la littérature, de la science, de l’art et de l’histoire nous permettent de collecter des éléments utiles.

Au cours de l’écriture de Rama II, par exemple, il m’est rapidement apparu que Gentry était amoureux d’Aliénor d’Aquitaine (ne soyez pas jalouse, Stacey. Votre rivale est morte il y aura bientôt huit siècles), et je dus avec tact le dissuader de consacrer des pages et des pages à sa vie extraordinaire. (Si vous vous demandez quel rapport existe entre A. d’A. et des aventures interstellaires, vous allez au-devant de bien des surprises.)

Gentry m’a appris sur l’histoire de la France et de l’Angleterre bien des choses qui ne m’ont jamais été enseignées à l’école. L’épisode au cours duquel la reine Aliénor reproche à son fils, l’intrépide roi-guerrier Richard Cœur de Lion, devant ses troupes, de ne pas avoir donné un héritier au trône a dû être un des plus croustillants de l’histoire militaire britannique. Hélas, il nous a été impossible d’inclure dans notre récit ce Corleone galant mais homosexuel qui fut souvent un parrain mais jamais un père… contrairement à Gentry dont le cinquième fils est venu au monde vers la fin de l’écriture de Rama II.

Mais vous retrouverez le personnage préféré de Gentry, saint Michel de Sienne. Un jour j’en suis convaincu, vous le rencontrerez dans les ouvrages qu’il publiera sous son seul nom, avec un minimum d’aide ou d’entraves de ma part.

Alors que j’écris cette postface, nous atteignons le point central de notre collaboration qui porte sur quatre volumes.

Et, si nous pensons connaître la suite, il est certain que les Raméens nous réservent encore bien des surprises…

REMERCIEMENTS

Nombreux sont ceux qui, ces deux dernières années, ont apporté leur contribution à ce roman lors de conversations sur des sujets divers. Parmi les personnes dont les commentaires ou la perspicacité nous ont été précieux, je citerai Bebe Barden, Paul Chodas, Clayton Frohman, Michael Glassman, Bruce Jakosky, Roland Joffe, Gerry Snyder et Ian Stewart.

Lou Aronica, Malcolm Edwards et Russ Galen ont joué un rôle important dans la conception de ce livre. Leur point de vue sur son découpage a été à l’origine de sa structure finale.

Il convient d’adresser des remerciements particuliers au père Martin Slaught, qui a permis de peaufiner le personnage du général O’Toole, et à Peter Guber sans qui les auteurs n’auraient pu se rencontrer il y a trois ans.

Pour terminer, ces remerciements seraient incomplets sans un bouquet final dédié à toute la famille de M. Lee. Sa femme Stacey et ses cinq fils – Cooper, Austin, Robert, Patrick et Michael – qui lui ont généreusement permis d’effectuer les voyages nécessaires autour du monde jusqu’au Sri Lanka et de trouver l’isolement essentiel à la mise en forme harmonieuse de ce roman.