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– Avec nos désintégrateurs, nous pourrions soutenir un siège en règle, remarqua Nira.

– Certes, dit Terol. Mais c'est une éventualité qu'il vaut mieux ne pas envisager.

Jâ se glissa sous le tableau de bord.

– Pensez que vous allez encore grandir pendant votre sommeil, dit Terol. Vous risquez de vous trouver coincé là-dessous. Je crois qu'il vaut mieux veiller chacun notre tour. Je vais commencer. Si votre taille prend des proportions gênantes, je vous avertirai.

Jâ protesta. Il voulait veiller le premier. Mais le physicien finit par lui faire admettre que les efforts physiques qu'il avait fournis lui donnaient droit à un repos immédiat.

* * *

Le garde de la terrasse marchait de long en large. De temps en temps, il se grattait la cuisse. Quelque chose le gênait. Il s'accouda au parapet et poussa un faible cri de surprise. Coincé entre lui et la rampe, un angle de l'antigé l'avait meurtri.

Il mit la main à sa poche et en sortit sa trouvaille. Ses sourcils se froncèrent. Il n'avait pas la berlue, pourtant. Il était sûr d'avoir ramassé un jouet grand comme une boîte d'allumettes. Celui-ci était beaucoup plus volumineux. il avait failli déchirer sa poche.

Le garde posa l'objet sur le sol et le regarda d'un air méfiant. Sa surprise s'accrut soudain. Il lui sembla voir l'objet grandir à vue d'œil L'homme se contraignit à fermer les paupières pendant cinq minutes. Quand il regarda à nouveau, l'antigé avait vingt centimètres de long. Le garde siffla doucement entre ses dents et quitta son poste. Il pénétra dans le palais et parla dans le transmetteur.

– Ici, garde de la terrasse. Passez-moi le citoyen Mox. Quoi? Il est occupé? Passez-moi son secrétaire alors. C'est important.

En attendant, le garde jeta un coup d'œil à l'antigé. Celle-ci grandissait toujours.

– Oui? dit le garde. C'est vous? Écoutez un peu ce qui m'arrive. J'ai trouvé une antigé minuscule tout à l'heure. J'ai pensé que c'était un jouet. Mais depuis ce temps-là, elle n'arrête pas de grandir, elle a au moins un mètre de long.

Une voix précipitée nasilla dans l'écouteur.

– Puisque je vous le dis, dit le garde avec mauvaise humeur. Je ne suis pas fou… Bon, je vous attends.

Il quitta le transmetteur et revint à l'antigé. Celle-ci paraissait avoir stoppé sa mystérieuse croissance. Le garde s'assit sur le parapet et ne quitta pas l'objet des yeux.

Au bout de quelques minutes, un homme apparut sur la terrasse. Il était suivi de deux officiers des gardes. Il considéra pensivement le petit appareil et se fit répéter l'histoire de sa découverte. Enfin, il prit une décision.

– Suivez-moi, dit-il aux hommes qui l'accompagnaient. Et vous, ouvrez-moi le hangar.

Ils fouillèrent minutieusement le hangar sans rien trouver de suspect. Ils s'approchèrent de la porte du sas.

– Ouvrez-moi ça, commanda l'homme.

CHAPITRE XXXIII

– Qu'est-ce que…? fit Jâ.

Puis il se tut, le visage grave, Terol avait mis un doigt sur ses lèvres.

– On vient! souffla-t-il. Laissons-nous glisser dans la soute à bagages.

Les trois amis sautèrent à l'étage inférieur par une ouverture circulaire. Ils se blottirent dans les angles les plus sombres de la petite pièce.

Bientôt, ils entendirent claquer la porte du sas. Puis des pas lourds ébranlèrent les cloisons métalliques de l'appareil. Après avoir déambulé quelques minutes dans la chambre de pilotage, les pas se rapprochèrent de la soute à bagages. Les fugitifs braquèrent leurs désintégrateurs sur l'ouverture supérieure.

Un visage tendu se pencha au-dessus d'eux, une lampe balaya rapidement le plancher de son faisceau lumineux.

– Personne! dit l'homme. Je…

Il s'interrompit et éclaira un point précis de la pièce.

Nira se sentit enveloppée de lumière. Elle tira. La tête du garde pendit lamentablement vers le sol où son casque tomba avec bruit.

– Ils sont là! clama une voix.

Le cadavre disparut, tiré sans doute par les autres gardes. L'ouverture redevint vide.

– Ils sont armés, dit la voix, ne vous montrez pas. Vous! Allez donner l'alerte.

Jâ jeta un bref regard à Terol, puis il se précipita sur l'échelle métallique. Sa taille réduite ne lui permettait pas d'y grimper normalement. Il s'éleva par une vingtaine de rétablissements successifs de barreau en barreau.

Accroupi sur le dernier échelon, le jeune homme se dressa peu à peu, puis il passa lentement son désintégrateur au-dessus de sa tête et tira au hasard dans la chambre de pilotage.

Un cri retentit, puis un bruit sourd. Et brusquement, toute la fusée fut ébranlée par une terrible secousse. Jâ retomba en arrière et s'évanouit.

* * *

L'imposant visage de l'Ancêtre s'étalait sur l'écran situé dans le bureau de l'Excellence. Le gros homme était plié en deux devant son maître. A ses côtés, dans la même position servile, se trouvait un autre homme.

– Je n'oublierai pas votre dévouement, disait l'Ancêtre. Vous, Excellence, pourrez accéder aux plus hauts honneurs. N'oubliez pas que je ne suis pas éternel et qu'un jour ma place sera vacante.

Quant à vous, jeune homme, l'un des seuls médecins qui ne m'aient pas trahi, vous êtes assez capable pour remplacer le traître Kam. Je vous félicite d'avoir eu l'idée de le spectographier à son insu. Nous savons tout maintenant. Nous savons que cette impressionnante voix de la Terre n'est qu'une comédie due à l'esprit rusé de Jâ Benal. Nous savons que notre victoire dépend de la capture ou mieux de l'anéantissement des trois fugitifs, ce qui ne saurait tarder.

– Excellence, avez-vous des nouvelles des télédésintégrateurs?

– Ancêtre vénéré, dit l'Excellence, nous avons les trois nouveaux types de bio-ondes des fugitifs, nous n'avons plus qu'à régler les télédésintégrateurs sur leurs longueurs respectives. C'est une question d'heures. Les physiciens qui vous sont restés fidèles sont à l'œuvre. Malheureusement, l'équipe des ingénieurs n'est pas au complet et cela retarde leur travail.

– Le passage du grand X par la fusée volée est également une question d'heures. Dites aux physiciens de faire vite et tenez-moi au courant.

«Tâchez également de trouver l'endroit où Jâ Benal a caché son émetteur. Ces phrases stupides attribuées à la Terre sont insupportables et abaissent le moral de la population.»

* * *

En tirant au hasard dans la chambre de pilotage, Jâ avait eu la chance d'atteindre un garde. Celui-ci en tombant s'était rattrapé au tableau de bord et avait appuyé à pleine paume sur le bouton de départ.

La fusée avait bondi vers le ciel à une vitesse folle qui annihila toute conscience chez ses occupants. Jâ reprit le premier ses sens. Il s'assura de la santé de Nira et de Terol. Il allongea confortablement sa compagne évanouie, elle n'était pas en danger. Quant à Terol, il s'effraya de constater que celui-ci avait le visage inondé de sang sous son masque transparent.

Jâ s'empressa de lui retirer son casque et vit que le physicien était mort. Il ne devait plus être tout jeune et son organisme usé n'avait pas résisté au démarrage trop rapide. Jâ, peiné, mit amicalement la main sur l'épaule du mort et lui ferma les yeux.

Il grimpa l'échelle le plus vite possible et entra dans la chambre supérieure. Trois hommes allongés jonchaient le sol. Deux d'entre eux étaient morts. Le troisième respirait faiblement. Jâ s'empara de toutes les armes qu'il trouva et les mit en sûreté dans la soute à bagages. Il y trouva Nira debout et chancelante.