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— classe imaginaire … classe vide … classe puissante … classe de classes …

— silvouplaît Monsieur … veuillez regarder silvouplaît …

— sssilensss …

— tu …

— kaa … ?

— enends u …

— j’entends …

— u eux e oucher … ?

— braek — breck — brabzel …

— je n’ai pas avec kaa …

— ommage … u … vuerrais, omme je uis ’illant et f’oid …

— qu’on me rende mon armure … mon épée d’or … de mon héritage dépouillé la nuit …

— voyez les efforts derniers avancer annonçant l’incarcération décarcassée du maître de dépeçage, car voici que s’élève le royaume par trois fois inhumain …

— je suis neuf … tout neuf … je n’ai jamais eu de court-circuit … je peux toujours … je vous prie …

— silvouplaît …

Etourdi par la chaleur étouffante et par ces voix, je ne savais plus où donner de la tête. Les voix venaient de partout. Depuis le plancher et jusqu’aux petites fentes de fenêtres s’amoncelaient des crassiers de carcasses emmêlées ; quelques faibles rayons de lumière se reflétaient dans leurs tôles tordues.

— j’avais u …ne peti …te a..varie mais main..tenant je s..uis b..on je..vois dé..jà..

— que vois-tu, il fait noir …

— je v..ois quand …même …

— veuillez m’écouter, je vous prie — je suis précieux, je vaux très cher, je puis détecter toute perte de puissance, tout courant errant, chaque surtension, veuiller m’éprouver … le … le tremblement n’est que passager … ça n’a rien à voir … veuillez …

— les cervelles pâteuses prirent leur fermentation pour l’âme, le pourrissement des viandes pour l’histoire, des moyens de le retarder pour la civilisation …

— veuillez me … seulement moi … c’est une erreur …

— silvouplaît … veuillez silvouplaît Monsieur …

— je vous sauverai …

— qui parle …

 ? ? ?

• • •

— qui, sauverai … ?

— répétez après moi : le feu ne me brûlera pas en entier, l’eau ne me rouillera pas complètement, ma vie n’est qu’une porte triomphale, j’entrerai …

— sssilensss …

— contemplation cathodique …

— cathodoplation …

— je suis ici par erreur … je pense … je pense, donc …

— car en moi est le miroir de la trahison …

— silvouplaît Monsieur … à votre disposition … veuillez regarder je vous prie …

— fuites transfinies … fuite de nébuleuses … fuite d’étoiles …

— IL EST LA ! ! cria une voix ; un silence de mort se fit brusquement, presque aussi oppressant par sa puissance que le chœur à plusieurs voix qui l’avait précédé.

— Monsieur ! ! ! entendis-je. Je ne sais d’où me venait cette certitude, mais je savais que ces paroles m’étaient adressées. Je ne dis mot. — Monsieur, s’il vous plaît … un moment d’attention, je vous prie. Monsieur, je suis différent — je suis ici par erreur.

Les murmures reprirent.

— Silence ! Je suis vivant, il essayait de surmonter le vacarme. Oui, ils m’ont déguisé exprès avec des tôles, ils m’ont jeté ici, mais il suffit d’écouter, de tendre l’oreille, vous entendrez mon pouls !

— Moi aussi ! criait, plus fort encore, une deuxième voix. Moi aussi ! Monsieur, s’il vous plaît ! J’étais malade, je croyais être une machine, mais c’était ma folie, maintenant je suis guéri ! Hallister, monsieur Hallister, peut vous confirmer, demandez-lui, sauvez-moi !

— silvouplaît Monsieur … veuillez écouter …

— break … breck …

— à votre disposition …

Le baraquement bruissait tout entier de ces voix rouillées, se remplissait de ces cris privés de souffle ; je me mis à reculer, sortis à reculons au soleil, ébloui — je clignai des yeux. Je restai ainsi un long moment, me protégeant les yeux de la main. Derrière moi j’entendis un raclement métallique, c’était le robot qui fermait et verrouillait la porte.

— Monsieur … j’entendais encore la voix dominante, dans un murmure étouffé par les cloisons, silvouplaît … à votre disposition … une erreur …

Je dépassai le pavillon de verre, sans savoir où je me dirigeais, je ne voulais que mettre le plus d’espace entre ces voix et moi-même, ne plus les entendre … je tressaillis en sentant soudain une main sur mon épaule. C’était Marger, blond, beau et souriant.

— Oh ! excusez-moi, Bregg, mille fois pardon, c’était si long …

— Qu’est-ce qu’ils deviendront ? Je l’interrompis presque impoliment en indiquant de la main le baraquement solitaire.

— Pardon ? il battit des paupières. Qui ça, ils ?

Subitement il comprit et s’étonna :

— Ah ! vous êtes entré là-bas ? Ce n’était pas la peine …

— Comment, pas la peine ?

— C’est de la ferraille.

— Quoi !

— De la ferraille déjà sélectionnée. On s’en va ? … Nous devons signer le procès-verbal.

— Un instant. Qui fait cette sélection ?

— Qui ? Mais des robots.

— Comment ? Eux seuls ? !

— Evidemment.

U se tut devant mon regard surpris, étonné.

— Pourquoi ne les répare-t-on pas ?

— Parce que ce n’est pas rentable … dit-il lentement avec une expression surprise.

— Et que deviennent-ils ?

— Qui, la ferraille ? Elle va là-bas, il me montra la silhouette élancée et solitaire du four Martin.

Les feuilles : procès-verbal de contrôle et quelques autres bouts de papier étaient prêtes sur le bureau — Marger remplit tour à tour les rubriques, signa et me tendit le stylo. Je le tournai entre mes doigts.

— N’y a-t-il pas de possibilité d’erreur ?

— Pardon ?

— Là-bas … parmi ces … ferrailles, comme vous dites, on pourrait peut-être trouver … des trucs corrects, tout à fait utilisables — qu’en pensez-vous ?

Il me fixait comme s’il ne comprenait pas de quoi je parlais.

— Du moins, c’était mon impression, terminai-je lentement.

— Mais ce n’est pas notre problème, répondit-il.

— Non ? Mais qui alors, qui s’en occupe ?

— Les robots.

— Nous devions les contrôler …

— Mais non. — Il souriait, soulagé d’avoir enfin compris la cause de mon erreur. — Ça n’a rien à voir. Nous vérifions la synchronisation des processus, leur rapidité et leur rendement, mais nous n’entrons pas dans des détails tels que la sélection. Ce n’est pas à nous de le faire. Cela serait non seulement inutile, mais de plus impossible — pour chaque être vivant il y a actuellement dans le monde dix-huit automates ; en moyenne cinq parmi eux finissent leur cycle tous les quinze jours et ils vont à la ferraille. Ce qui en donne environ deux mille tonnes par jour. Vous voyez bien que nous ne serions pas en mesure de vérifier tout ça, sans parler du fait que la structure de notre système est fondée sur la relation inverse : les automates s’occupent de nous, et non pas nous d’eux …

Je ne pouvais que lui donner raison. Sans plus rien dire je signai les feuilles. Nous nous quittions déjà quand je lui demandai, de façon inattendue pour moi-même, si on produisait des robots humanoïdes.

— En principe non, dit-il et il ajouta comme à regret : — En leur temps ils nous avaient causé pas mal de problèmes …

— Comment ça ?

— Bon, vous connaissez les techniciens ! Us sont arrivés à une telle perfection dans l’imitation de la nature, qu’il devenait difficile de distinguer certains modèles des humains. Parfois les humains ne pouvaient plus le supporter …