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Les paroles de Gelbart et ses émanations psychiques semblèrent redonner du courage aux conseillers.

« Je vois qu’il est temps de purifier l’air une fois pour toutes », remarqua Feric, dégainant le Commandeur d’Acier et élevant la massue brillante haut au-dessus de sa tête. Il fit quelques pas en avant et, d’une volée irrésistible, il abattit le pommeau de la Grande Massue sur le crâne de Gelbart, réduisant la tête du Dom en purée.

Le Dominateur qui les avait contrôlés étant retombé inerte sur son siège, sa cervelle putride répandue sur la table du Conseil, les sept conseillers restants ne se firent plus d’illusions quant à la gravité de la situation. L’odeur de la peur se dégagea de leurs êtres, comparable aux miasmes de quelque marais pestilentiel.

« Je vote en faveur de la motion du conseiller Jaggar, balbutia Rossback.

— Moi aussi », dit Krull.

Le reste se perdit dans le brouhaha général, chacun ayant hâte d’apporter sa voix à la motion.

« Les papiers, Best ! ordonna Feric. Détachez les mains des prisonniers ! » Best sortit de la poche de sa tunique une liasse de documents, et les gardes S.S. libérèrent les prisonniers, qui poussèrent un soupir de soulagement. Feric fit passer une copie de la résolution. Quand tous eurent signé, il signa lui-même, par souci d’unanimité, et confia le document à la garde de Best. « Les lettres de démission ! » Best les fit passer aux sept conseillers. Comme certaines de ces crapules entreprenaient de les lire, Feric rugit : « Signez-les immédiatement ! » Les prisonniers s’exécutèrent aussitôt.

Best ayant ramassé les documents, Feric se tourna vers Bogel. « Le nouveau Conseil d’État se compose désormais des membres du Cercle du Svastika. Je gouvernerai par décrets extraordinaires jusqu’à ce qu’une nouvelle Constitution soit rédigée, abolissant à tout jamais les formes républicaines. Préparez la proclamation télévisée pour demain midi ! »

Bogel sourit, salua, cria « Vive Jaggar ! » et sortit pour exécuter ces ordres.

Feric reporta son attention sur les pleutres assis autour de la table du Conseil. Ils avaient signé la résolution, ainsi que leur confession de haute trahison. Ces vermines ne pouvaient plus être d’aucune utilité et il était grand temps de s’en débarrasser. La seule vue de ces traîtres geignards lui soulevait le cœur. Le monde se porterait certainement mieux de la disparition de sept porcs de cet acabit !

« Remler, emportez ces poubelles vivantes et fusillez-les ! » ordonna-t-il. Jamais il n’avait donné d’ordre qui lui procurât autant de satisfaction patriotique.

Feric attendait la venue du maréchal Heermark Forman dans un petit bureau austère situé au dernier étage du Palais d’État, ceci afin d’obliger le représentant du Haut-Commandement à gravir plusieurs volées de marches et à admirer la parfaite discipline de la garnison dans la bâtisse avant d’arriver jusqu’à lui.

L’homme, introduit par Waffing, était un imposant vieillard, parfait exemple de la façon dont un humain génétiquement pur pouvait conserver vigueur et force longtemps après l’apogée de sa maturité physique. Pourtant nettement plus âgé que Waffing, il pesait bien vingt kilos de moins, et, dans son uniforme kaki alourdi de médailles et incrusté d’ornements de cuivre, il avait une allure à couper le souffle, même si l’uniforme de cuir noir de Waffing avait une coupe bien supérieure. Sa moustache grise et son regard d’acier ajoutaient force et dignité à son apparence ; c’était là un homme habitué à la discipline et au commandement. Forman, la respiration lourde, s’assit sur l’une des chaises en bois qui composaient le maigre mobilier de la petite pièce. Quant à l’état de la respiration de Waffing après l’escalade, mieux valait n’en pas parler.

« Je présume que le commandant en chef Waffing vous a déjà fait part de la situation dans ses grandes lignes », commença Feric.

Forman le dévisagea d’un air froid. « J’ai cru comprendre que vos hommes ont occupé le Palais d’État pour déjouer un complot universaliste dans lequel le Conseil lui-même était impliqué, avança le maréchal.

— Les événements ont rapidement évolué, dit Feric. La répugnante cabale a déjà été déjouée. Gelbart était un Dom et tous les conseillers, moi excepté, se trouvaient sous son contrôle. Gelbart entendait faire voter la dissolution des S.S. et des Chevaliers du Svastika. Je dois confesser à ma grande honte que le commandant des Chevaliers, Stag Stopa, avait pris part au complot. Ses hommes étaient chargés de massacrer le Haut-Commandement, précipitant ainsi les Fils du Svastika et l’armée dans une ruineuse guerre civile. Les forces patriotiques de Heldon auraient alors été anéanties au point que les hordes de Zind auraient pu marcher sur nous et détruire le pur génotype humain. Naturellement, les S.S. ayant découvert le complot, j’ai aussitôt lancé mes hommes à l’action. Gelbart a été abattu, et les misérables conseillers ont avoué. »

Feric fouilla dans une poche de sa tunique, en tira une série de documents et les tendit à Forman, qui les prit sans faire de commentaire. « Leurs confessions signées sont à l’entière disposition du Haut-Commandement, ajouta Feric. Avant de démissionner, les conseillers ont voté à l’unanimité une résolution suspendant la Constitution et me donnant le pouvoir de gouverner par décret. J’ai pris le titre de Commandeur Suprême du Domaine de Heldon et désigné aux sièges vacants du Conseil de solides patriotes, d’une loyauté absolue envers Heldon et d’une complète dévotion à la pureté raciale. Le danger est maintenant écarté.

— Et qu’avez-vous fait des traîtres ?

— Le cas de Stopa n’a pas encore été réglé, mais mon premier acte de Commandeur Suprême de Heldon a été de faire fusiller toute la clique de porcs du Conseil. »

Pour la première fois, une émotion discrète passa sur les traits du maréchal : approbation militaire pour un travail bien fait. « Je ne vois aucune nécessité à ma présence ici, Commandeur Jaggar. Vous avez manifestement la situation bien en main. Si tout ce que vous me dites est vrai, le Haut-Commandement est prêt à vous accepter comme chef légal de Heldon ; je dis cela en tant que représentant plénipotentiaire, nanti de tous les pouvoirs. »

Feric lança un coup d’œil approbateur à Waffing, qui inclina la tête en guise de réponse ; le commandant en chef avait bien manœuvré. Forman avait le pouvoir de conclure le marché et comprenait parfaitement la situation, évitant aux deux parties d’avoir recours à la manière forte.

« Une seule chose dans cette affaire gêne le Haut-Commandement, poursuivit Forman. Vous êtes sans conteste un homme d’une nature supérieure, et nous espérons qu’en tant que Commandeur Suprême de Heldon vous vous solidariserez davantage avec les buts des militaires que ne l’avaient fait les crapules libertariennes. Pourtant, je dois vous informer que le Haut-Commandement considère comme inacceptable l’existence d’une milice privée aussi importante que les Chevaliers, et cela d’autant plus que son chef a trempé dans un complot contre Heldon. Il ne peut y avoir qu’une seule armée helder ; sur ce point, nous sommes décidés à combattre jusqu’à la mort.

— Bien parlé ! approuva Feric. Il est certain que les récents événements m’ont convaincu de la sagesse de cette position. Il faut barrer la route à tous les Stopa et à tous les Chevaliers félons, et vous venez de suggérer la solution.

— Je vous écoute, dit Forman, avec une froideur cependant tempérée par un intérêt évident.

— Les Chevaliers seront dissous. La plupart des hommes, c’est-à-dire ceux qui seront innocents de tout crime, se verront offrir l’incorporation dans l’armée régulière. Seriez-vous d’accord ?

— Nous avons toujours de la place pour les gars solides et bien entraînés, dit Forman. Je ne vois aucune raison pour que l’ensemble des Chevaliers soient écartés de l’armée à cause de la perfidie de quelques-uns.