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« Quel magnifique spectacle ! » s’écria Feric.

Best acquiesça. « Avant la fin de la semaine, les Dominateurs connaîtront la puissance du Svastika, Commandeur ! » répliqua-t-il avec enthousiasme.

Comme s’écoulaient les dernières secondes, Feric dégaina la Grande Massue de Held et la brandit au-dessus de sa tête. À ce signal, l’air s’emplit du tonnerre assourdissant de milliers de montures d’acier rendues à la vie. Ce rugissement fut suivi un instant plus tard d’un grondement sourd qui vrillait les entrailles et parut secouer les collines : les moteurs des camions, des tanks et des cuirassés à vapeur se mettaient à tourner. Feric sentit la volonté raciale de Heldon parcourir tout son être pour se mêler aux trépidations, emplissant de puissance jusqu’à l’air même. Sa volonté se confondait avec celle des hommes qu’il allait conduire au combat ; il était l’armée, l’armée était sienne, et ensemble ils étaient Heldon.

Après un regard à Best, Feric abattit le Commandeur d’Acier. À des kilomètres de là, il perçut le tonnerre soudain des canons, au moment où il faisait rugir son moteur et que l’armée de Heldon bondissait en avant.

Une puissante vibration envahit l’esprit de Feric ; son corps résonnait de la puissance du moteur qu’il enfourchait, alors qu’il entraînait son armée à une allure folle à travers les collines vertes vers la frontière wolack. Les obus sifflaient au-dessus des têtes, la terre tremblait sous les roues et les chenilles, et un immense nuage de fumée et de poussière tourbillonnait dans le ciel. Le fracas et les fumées, la puissance gigantesque et la vitesse fantastique lui coupèrent le souffle et firent chanter son cœur. Jetant un coup d’œil à Best à ses côtés, il vit que la gloire de cet instant le transportait lui aussi ; ils échangèrent un sourire de camaraderie tandis que les chars, derrière eux, commençaient à faire feu de leurs canons.

Feric, suivi de son armée, parvint à la dernière colline, gravit la pente et aperçut la frontière wolack. Une barrière de barbelés indiquait le côté helder ; des miradors à mitrailleuses étaient disposés à intervalles réguliers : suivaient une bande de huit cents mètres de no man’s land, puis, à trois cents mètres une ligne de réduits de mitrailleuses wolacks, en pierre. Les positions helders avaient été évacuées, et de grandes ouvertures ménagées dans la barrière. Quant à la ligne des fortifications wolacks, la grande majorité des bunkers de pierre, frappés de plein fouet, avaient été réduits à l’état de cratères fumants, les autres partiellement détruits, et les corps fracassés des Wolacks éparpillés parmi les gravats.

Dominant le vacarme des moteurs, Feric entendit les vivats de ses troupes éclater à la vue des fortifications wolacks. Alors qu’un dernier barrage d’obus éclatait avec une précision mathématique au milieu des bunkers wolacks, projetant de hauts geysers de pierre grise, de terre brune, et de chair rouge, Feric mit pleins gaz et, dévalant la colline en direction d’une percée dans les barbelés, franchit la frontière, la moto vrombissante de Best dans ses roues. Avec un cri de guerre rauque, la garde d’élite S.S. suivit en agitant une forêt de massues. Puis l’escadron de chars s’ébranla, et leurs lourdes chenilles d’acier écrasèrent les barbelés. À leur suite, des milliers de motards S.S. s’avancèrent de front dans le no man’s land.

Comme Feric dirigeait l’avant-garde vers les lignes wolacks, les motards S.S. s’écartèrent pour former une longue ligne en tirailleurs de chaque côté de sa machine. Tous les cent mètres, un tank crachant de tous ses canons et mitrailleuses renforçait cette ligne de héros. À l’abri de la phalange S.S. venaient les camions de l’armée régulière, précédant les lourds cuirassés à vapeur, qui lançaient une grêle d’obus de mortier sur les fortifications wolacks.

Bientôt, la première ligne de S.S. atteignit les Wolacks. Feric fonça vers un bunker à moitié démoli, d’où émergeaient une demi-douzaine d’individus – un nain bossu, un Perroquet, une paire d’Hommes-Crapauds et d’autres pareillement monstrueux – tous fuyant précipitamment le combat comme autant de chiens peureux. Rapidement, Feric prit un Perroquet en chasse et pulvérisa sa cervelle puante d’une splendide volée de la Grande Massue. Près de lui, Best, ses yeux bleus étincelant d’ardeur patriotique, abattit un nain d’une série de rapides coups de massue.

Feric aperçut tout à coup un mutant à l’aspect de grenouille, à la peau visqueuse et lépreuse, qui dirigeait un fusil rouillé sur Best. Il se précipita pleins gaz, et la roue avant de sa moto heurta le monstre à soixante kilomètres/heure, projetant à terre la créature, qui hurla dans un éclaboussement de sang visqueux et violet. Feric fit demi-tour d’un coup de talon, repartit dans l’autre sens et lui broya le crâne d’un coup de massue pour faire bonne mesure.

Best s’arrêta le temps de lancer avec émotion « Merci, Commandeur ! », puis replongea dans la mêlée.

Tout autour de Feric, les S.S. éparpillaient les crânes des Wolacks dans une chasse forcenée. Un Peau-Bleue fou de terreur courut aveuglément, une massue à la main, à la moto de Feric ; celui-ci le décapita d’un revers du Commandeur d’Acier et la tête roula sous ses roues, tandis que le corps titubait avant de s’abattre. Ce n’était pas une bataille, mais un massacre ! Ces Wolacks tournaient en rond comme un troupeau affolé ; des couards, incapables de se battre loyalement !

Feric leva la Grande Massue de Held, son tronc d’argent maculé du sang des combats, et lança sa moto au-delà des fortifications wolacks, s’enfonçant à la tête de l’avant-garde S.S. à l’intérieur des régions ennemies. Il était inutile de perdre un temps précieux à exterminer ces créatures ; les forces d’occupation qui se substitueraient aux colonnes motorisées avant le coucher du soleil se chargeraient de cette canaille.

Feric se trouva à nouveau à la tête d’une formation serrée de motards S.S. de choc fonçant vers l’est avec précision et panache. Les chars se déployèrent pour couvrir les flancs de la colonne. À huit cents mètres en arrière, et légèrement au sud, un immense nuage de poussière annonçait les troupes régulières de Waffing. Au loin, les fortifications frontalières de Wolack n’étaient plus que des ruines fumantes.

« Quel beau début pour une campagne, Commandeur ! s’écria Best. Une avance proprement dévastatrice ! » Son visage s’enfiévrait de la fierté d’avoir participé à sa première vraie bataille.

« C’en est fini de l’armée de Wolack ! » répliqua Feric, qui ne souhaitait pas ternir la belle humeur de Best. Mais il savait fort bien que les Wolacks n’avaient servi qu’à donner le baptême du feu aux troupes helders inexpérimentées, leur fournissant l’occasion de mettre à l’épreuve leur virilité, leur héroïsme et leurs talents. La véritable bataille les attendait à des kilomètres de là, en la personne des Guerriers de Zind, et ces funestes créatures ne s’enfuiraient pas comme un troupeau de Wolacks peureux.

Il perçut derrière lui la symphonie incroyable des engins, observa la grande parade des motos noires et luisantes, des tanks rapides et de l’infanterie motorisée qui traversaient, rang après rang, la plaine, et il ressentit l’ardeur, l’ivresse et la chaleur de ses troupes comme une force tangible.

Que les Guerriers de Zind combattent jusqu’à la mort ! Qu’ils jettent toutes leurs forces contre l’armée de Heldon ! Avec quelle vigueur les héros de Feric transformeraient leur protoplasme obscène et dégénéré en une mince pellicule de gelée squameuse mêlée à la poussière !

Comme la force de frappe de Heldon s’avançait plus profondément en territoire wolack, Feric remarqua que l’aspect du paysage se modifiait insensiblement. L’herbe étique prenait une teinte maladive bleu-gris. Les cochons et les vaches, mis en déroute par les colonnes motorisées, paraissaient de plus en plus déformés génétiquement ; tous présentaient une peau malsaine couverte de marbrures, violacées ou verdâtres, des racines de têtes secondaires gonflant parfois comme des bubons la base de leur cou, et nombre d’entre eux traînaient des membres vestigiels.