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Feric comprit instantanément qu’il ne pourrait pas utiliser ses chars pour ouvrir un chemin sur le pont à coups de canon au milieu des Guerriers, car un seul obus mal placé romprait ce fragile lien avec la berge occidentale, laissant ses troupes échouées dans ce cloaque de chairs pantelantes et décérébrées.

Il dégaina la Grande Massue de Held et l’agita pour signifier ses instructions. Le premier carré de chars se porta en arrière, ainsi que les tanks soutenant le fer de lance des motards d’élite S.S., de telle sorte que l’avant-garde des forces, derrière Feric et Best, se composait à présent uniquement de motos noires éclaboussées de sang, montées par les spécimens les plus vaillants de l’humanité pure, leurs capes écarlates flottant dans le vent de la course, leurs visages tendus par une détermination fanatique, leurs massues brandies. Cette troupe de héros bardés d’acier nu et animée d’une volonté de fer, forcerait le passage sur le pont parmi les monstres.

Poussant son cri de guerre, Feric jeta cette solide phalange de S.S. droit sur la horde de géants grognant, bavant et bataillant qui bloquait l’entrée du pont. D’un revers du Commandeur d’Acier, il décapita un Guerrier aux yeux rouges et à la bouche écumante, paracheva ce coup puissant en brisant net les cuisses gargantuesques de deux autres créatures, qui tombèrent, noyées dans des flots de sang. À ses côtés, Best rompit les genoux d’un Guerrier immense d’une série rapide de coups de massue, puis l’abattit d’une volée qui lui brisa la colonne vertébrale. Partout, les S.S. terrassaient des dizaines de créatures avec fougue et précision : rarement un coup était assené sans atteindre son but avec un effet foudroyant.

Les S.S. se frayèrent un chemin dans la mêlée, abattant des centaines de ces horribles créatures et jetant les autres dans une terreur panique : les géants hurlant et bavant s’enfuyaient frénétiquement dans toutes les directions, loin des troupes helders, laissant le champ libre à Feric et à ses hommes et leur permettant ainsi de prendre à revers la formation en marche sur le pont lui-même.

Sans laisser aux Dominateurs du fourgon de guerre le temps d’entamer la difficile manœuvre que constituait un demi-tour dans cet espace restreint, Feric attaqua l’échine à découvert d’une vingtaine de Guerriers, fendant leurs crânes avec le Commandeur d’Acier, pendant que les S.S., leur ardeur guerrière enfiévrée à la vue de l’héroïsme de leur chef, réduisaient en pulpe les têtes, brisaient les jambes, pulvérisant la horde de créatures et dégageant les cinquante premiers mètres du pont pour permettre à l’avant-garde de tanks et de motos de s’y engager.

Avant que la formation de Guerriers ait pu faire demi-tour pour affronter les assaillants, Feric et ses hommes s’étaient approchés des grandes roues grinçantes du fourgon de guerre. Mais un mur de Guerriers pressés épaule contre épaule, agitant leurs massues géantes comme une moissonneuse de mort, stoppa leur avance. D’un coup décisif de la Grande Massue, Feric arracha les bras d’une douzaine de créatures, faisant voltiger leurs armes, dans le hurlement de leurs petites bouches bavantes.

Il dégaina alors sa mitraillette et tira une longue rafale, visant les mutants juchés sur le fourgon de guerre ; d’où il était, il ne pouvait distinguer le Dom, et tous les occupants devaient donc être abattus rapidement. Six des soldats de Zind furent hachés menu par la rafale ; puis Best ouvrit le feu, imité par les autres S.S. qui se mirent à pilonner le fourgon de guerre.

Après quelques secondes de ce feu d’enfer, le dernier occupant du chariot n’était plus qu’un cadavre criblé de balles, et la panique s’empara des esclaves zind sur le pont. Les immenses Remorqueurs sans bras poussèrent de grands hurlements vers le ciel et commencèrent à courir dans toutes les directions, toujours accrochés au chariot, qui, tiraillé en tous sens, chancela et se mit à zigzaguer. Quant aux Guerriers du pont, ils furent jetés dans la même frénésie que ceux de la berge orientale, battant l’air de leurs bras, s’assommant mutuellement, grognant, urinant, soulevant et précipitant leurs camarades dans la rivière-charnier.

Ce fut un jeu d’enfant pour Feric et ses hommes que d’ouvrir un chemin dans cette masse palpitante de muscles sans tête ; la tâche leur fut rendue plus facile encore quand les Remorqueurs, courant soudain par chance dans la même direction, entraînèrent le fourgon et ses occupants vers l’abîme, et s’enfoncèrent dans les profondeurs du Roul dans un grand jaillissement d’eau. Le bruit de la chute parut ajouter à la panique, et des dizaines de Guerriers sautèrent dans la rivière, où leurs cervelles rudimentaires se révélèrent incapables d’assurer les mouvements de la nage.

Sous la conduite de Feric et de sa garde d’élite S.S., la colonne helder balaya tout reste d’opposition et traversa le pont pour se joindre à la bataille décisive sur la rive occidentale du Roul. Les derniers à passer furent cinq chars qui, dès que leurs chenilles mordirent fermement le sol de la berge occidentale, tournèrent leurs tourelles vers l’arrière et, en trois salves rapides, firent voler le pont en éclats, bloquant ainsi toute l’arrière-garde de la horde derrière la large barrière liquide de la rivière.

Quant aux rescapés, ils se trouvaient à présent pris au piège entre les hommes de Waffin à l’ouest et ceux de Feric à l’est, coupés de leurs réserves et encerclés.

Les troupes de Waffin combattaient sur un large front dans les faubourgs en ruine à l’ouest de Lumb. À l’abri d’un bouclier de tranchées et de grossières levées de terre, des milliers de Helders avaient déclenché un feu roulant de balles sur les vagues de Guerriers que l’armée zind lançait sans relâche sur leurs positions. Loin derrière les lignes, les vieux cuirassés à vapeur lançaient des obus explosifs sur la horde sans craindre de représailles de la part des mortiers de moindre portée des fourgons de guerre zind. D’épaisses nuées d’âcre fumée obscurcissaient le ciel sur des kilomètres sur toute la largeur du front, et le vacarme était terrifiant.

Jusque-là, la horde avait réussi, par le simple jeu de sa supériorité numérique, à s’approcher à moins de cent mètres des premières tranchées de Waffing, derrière une véritable levée de corps de Guerriers, et sous le feu meurtrier des mitrailleuses. Du haut de la crête qu’il avait atteinte avec ses troupes, Feric voyait les Guerriers avancer, rang après rang, lâchant des salves synchrones de leurs fusils. Presque immédiatement, ils étaient taillés en pièces par les mitrailleuses helders, mais aussitôt remplacés par une nouvelle ligne de robots géants. Chacune d’elles rapprochait la horde de quelques centimètres, au prix d’énormes pertes. La multitude progressait ainsi, imperceptiblement mais irrésistiblement, tel un acier descendant vers la vallée.

L’immense troupeau qui s’étirait devant Feric avançait régulièrement vers l’ouest, droit sur les canons des fusils de Waffing. « Une attaque par l’arrière est bien la dernière chose à laquelle les Doms doivent s’attendre ! s’écria Feric. Nous allons les écraser comme de la vermine ! »

Feric agita par trois fois le Commandeur d’Acier au-dessus de sa tête, et les troupes de choc S.S. se formèrent en ordre de bataille : des milliers de motards se disposèrent sur un large front de part et d’autre de Feric, les tanks s’insérant à intervalles réguliers dans cette muraille en mouvement.

Feric abattit la Grande Massue, mit pleins gaz et conduisit cette magnifique troupe d’hommes et de métal au bas de la pente, vers les ruines carbonisées et pulvérisées de Lumb, droit sur les arrières de la horde zind. Accompagnant le déferlement des S.S., les canons des tanks tirèrent salve sur salve dans les rangs ennemis, concentrant leur feu sur les fourgons de guerre, les faisant sauter par grappes en quelques secondes, de sorte que, au moment où les motos et les tanks atteignirent effectivement la horde, des dizaines de formations se trouvaient déjà réduites à l’état de troupeaux écumants et paniqués.