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Ils se retrouvèrent dans une sorte de boîte en acier, de quatre mètres de côté dans laquelle ils pouvaient tout juste tenir debout. Il n’y avait comme ouverture que la trappe par laquelle ils étaient entrés et une autre, identique, sur le sol.

La lampe de Jones éclaira deux ouvertures carrées, comme des bouches d’aération, au ras du sol métallique.

— C’est un sas, dit Malko, en les montrant à Jones. C’est par là qu’ils font entrer et qu’ils évacuent l’eau. Il doit y avoir des pompes quelque part. Cette pièce se remplit d’eau et les hommes-grenouilles n’ont plus qu’à ouvrir la trappe dessous et à se laisser glisser au fond avec leur matériel. Pour un vieux pétrolier, c’est une sacrée installation.

— Mais, à quoi ça peut bien servir, tout ça ?

Malko jouait à enfoncer son pied dans l’ouverture carrée. Il sourit.

— Je commence à m’en faire une petite idée. Ce pétrolier est une base flottante pour hommes-grenouilles. Éventuellement ce serait un excellent contact pour un sous-marin russe qui n’aurait qu’à venir se poser au fond du Bosphore, près du cargo. Mais il y a peut-être autre chose de plus énorme encore.

— Quoi ?

— Il faut que je vérifie. De toute façon, filons d’ici. C’est à Cooper de jouer maintenant. Il faut qu’il explore tout le coin en douce. Pour l’instant, légalement, on ne peut rien faire. Allez, remontons.

A regret, ils escaladèrent la petite échelle et se retrouvèrent dans la grande pièce.

Il leur fallut près de dix minutes pour remonter jusqu’à la dunette. Les trois Turcs étaient couchés à même le sol et attendaient. Ils n’avaient trouvé que quelques bouts de tuyaux de cuivre et semblaient complètement dégoûtés. Malko, avant de donner le signal du départ, appuya sur le bouton pour refermer la porte du bas. Inutile de laisser sa carte de visite.

— Tout est O.K., annonça Jones dans sa radio.

Brabeck accusa réception. À la queue leu leu, ils s’engagèrent sur le pont. Les étoiles s’étaient cachées derrière d’épais nuages et on n’y voyait goutte.

— J’espère que le bateau nous a attendus !

Malko n’eut pas le temps de répondre. L’enfer se déchaîna. Les trois Turcs tombèrent comme des quilles, le premier presque coupé en deux par une rafale d’arme automatique.

Une balle arracha la radio de la main de Jones, criblant son visage d’éclats de bakélite.

Malko ressentit un choc violent à la poitrine et fut projeté en arrière contre une cloison. Il glissa par terre, évanoui.

Plusieurs balles ricochèrent encore sur la tôle du pont. Il y avait au moins deux armes qui tiraient.

Accroupi derrière une manche à air, Jones serrait inutilement son colt. Il n’y voyait pas à trois mètres. Il posa son arme et rampa en direction de Malko étendu sur le pont.

Une grêle de balles l’encadra, l’assourdissant de ricochets. Heureusement il était protégé par une rambarde, et à condition de ramper, il ne risquait rien. Il parvint à saisir Malko par le col de sa veste et le tira jusqu’à ce qu’il l’ait amené vers lui, à l’abri.

L’Autrichien respirait mais il était évanoui. Il n’y avait aucune trace de sang sur lui. Jones le gifla, il reprit connaissance.

Au même moment, une rafale balaya le pont, là où les Turcs étaient tombés. Jones entendit le bruit mat des balles s’enfonçant dans les corps. L’un tressauta. Il n’était pas mort.

— J’ai mal, soupira Malko. Il se tâta.

— Vous êtes blessé ? demanda Jones.

— J’ai senti quelque chose à la poitrine. C’est tout. Maintenant, ça va. Il faut nous sortir d’ici. Je ne saigne pas.

Accroupis derrière leur manche à air les deux hommes guettaient dans l’obscurité.

— Pourvu que Milton ait entendu le pétard, soupira Jones. Essayons d’y aller maintenant.

À quatre pattes, il s’engagea sur le pont. Il y avait un espace découvert d’une dizaine de mètres à parcourir avant d’être à nouveau protégé par un rebord métallique.

La première balle rata sa tête de dix centimètres. Deux autres miaulèrent près de sa main posée sur le pont. Cette fois, ils tiraient avec un fusil. Jones se retira précipitamment. Au même instant, il y eut un sifflement très doux et un objet métallique heurta le pont. Une violente explosion secoua l’Arkhangelsk. Des morceaux de ferraille volèrent dans tous les coins.

Aplatis, Malko et Jones sentirent des tas de débris tomber autour d’eux.

— Nom de Dieu, mais c’est la guerre, gueula Jones.

— Non, c’est une grenade. Lancée par un fusil probablement, fit Malko. Ils veulent notre peau.

— Mais comment font-ils pour nous repérer ?

— Ils ont des lunettes infrarouges.

Malko saisit un bout de bois et le promena au-dessus de la rambarde.

Une grêle de balles s’abattit sur le bout de bois qui fut arraché des mains de Malko. Deux grenades explosèrent encore à l’avant, trop loin pour les atteindre, une, en plein sur les trois Turcs. Ceux-là, ils étaient bien morts.

— Ça sent mauvais, murmura Jones.

Soudain, ils entendirent un bruit qui les glaça tous les deux : un moteur pétaradait près du pétrolier.

— Ils viennent nous chercher. Mais, bon sang, qu’est-ce que fout Milton ?

Il y eut un bruit métallique loin derrière. Jones leva la tête. Une balle s’enfonça dans le bastingage de bois. Au même moment un grand cargo défilait tous feux allumés à cent mètres d’eux.

— Écoutez, souffla Jones.

Quelque chose avait bougé près du panneau de la cale avant. Jones avança la tête. Il ne voyait personne mais il sentait une présence. Il leva doucement son arme et appuya deux fois sur la détente, visant la plage avant du pétrolier.

Il y eut un cri. Puis une mitraillette aboya et une nouvelle grêle de balles passa au-dessus des deux hommes. Cette fois, ils étaient pris en sandwich. Impossible de traverser le pont pour sauter à l’eau et ceux de l’avant allaient les prendre à revers.

Rageusement, Jones mit un nouveau chargeur dans son colt. Écarquillant les yeux, il cherchait à percer l’obscurité. Ceux qui se trouvaient à terre ne tiraient plus mais devaient les guetter.

— Filons à l’intérieur, proposa Malko. On gagnera un peu de temps. Et au moins, on n’aura plus affaire qu’à ceux du pont.

En rampant sur les coudes et les genoux ils parvinrent à l’ouverture de la dunette, s’attendant à recevoir une balle dans le dos à chaque instant. Avec soulagement ils se laissèrent glisser le long de l’échelle rouillée.

À tâtons, ils gagnèrent une seconde pièce et s’aplatirent contre un mur.

Il ne se passa rien pendant quelques secondes puis plusieurs rafales de coups de feu claquèrent. Les autres ne prenaient pas de risques.

La première grenade éclata tout de suite après. Ils l’avaient balancée du pont. Il y en eut une autre qui explosa avec un bruit sourd. Aussitôt une odeur âcre s’insinua dans la coursive.

— Une grenade lacrymogène ! Ils allaient être enfumés.

— Descendons encore.

Au moment où Malko décollait de la cloison, une courte rafale partit de l’autre bout de la coursive. Un de leurs agresseurs était descendu par l’avant et les guettait du bas.

— Écoutez, fit Jones, je vais y aller, sur ce gars. Même s’il m’allume je l’aurai avant. Vous aurez le temps de descendre. Allez vous planquer dans la salle des machines. Il leur faudra un bout de temps pour nous trouver.

— Pas question, fit Malko. On s’en tire ensemble ou pas. Il se maudissait de s’être laissé enfermer dans ce piège.

Il fallait que l’enjeu soit fichtrement important pour que les autres prennent des risques pareils. Le fusil-mitrailleur, ce n’est pas très discret. Soudain, une voix cria en turc, du haut :