Выбрать главу

Alors, la vachasse d'Martin, pour t'en r'venir à cett' branleuse, elle finit par m'esposer l'prix d'ton salut, ma môme. Ainsi qu'j'l'avais prévu, elle a chiqué à la rançon. L'Aldo a engourdi du papier à en-tête des productions à Xavier. Il a découpé l'en-tête, parce qu'autr'ment ça serait été trop poussé. Et, su' la machine d'là production, y l'a tapé une d'mande d'rançon. Tu voyes qu'j'avais d'viné juste : la Germaine, elle allait détourner la majeurité d'l'héritage à son profit. Et ces jours, elle a tout réalisé au maxi, av'c l'aide du notaire à Martin dont elle a fait part sous l'sot du s'cret d'l'enlèv'ment d'sa fille. La rançon est laguche, ell' me montre : sous son plume, dans une valoche en carton de Prisunic. Elle biche une liasse. Les biftons sont numérotés. Faut qu'j'alle planquer ces talbins chez Xavier, rue des Acacias. A moi d'm'démerdaver pour. Avant, j'dois rédactionner un rapport détalié pour dire tout bien à mes chefs, c'que j'ai découvert : la petite chez la Rosier, la rançon qu'j'aye moi-même portée au barbu sous contrainte qu'y m'ont, lui et sa vieille, kidnappé ma nièce. C'est clair, non ?

Une fois qu'j'aurai filé la fraîche pourrie chez l'fils à Betty et déposé mon rapport moi-même personnell'ment à la grande taule, accompagné d'là Martin dont elle veut s'assurer qu'j'les berlure pas, j'r'viendrai m'mett' à leur disposance, et alors, y t'me rendront. J'téléphon'rai à la maison, et on m'annonc'ra qu't'es rentrée, chérie. Tu m'causeras au bigophone.

J'ergote, tu penses. J'dis qu'est-ce qu'y m'prouve qu'y s'ront réglos et te me rendront une fois qu'j'aurai accompli leurs sales manigances ?

Et l'Aldo m'traite d'enflure. Y m'fait comme ça :

— Ecoute, Gros Cul, si tu fais ce qu'on te demande, il faudra que ta môme le confirme. Notre intérêt, alors, sera bel et bien de la remettre en liberté.

Et j'ai fait c'qu'y m'ont d'mandé, Marie-Marie. J'ai rédactionné un long rapport qu'l'pognet m'en fsait mal, merde, tant j'aime peu écrire. On a t'été l'porter à la Rousse, la Martin et moi. Et, d'vant Poilala qu'était d'permanence d'notte, é f'sait esprès de m'app'ler son sauveur, et d'esclamer comme quoi j'y avais rendu la vie en y rendant son enfant, et qu'é s'foutait de la rançon, vu que la plaie d'argent n'est pas mortelle. Et des conneries encore, bien qu'le brigadier Poilala, qu'j't'ai causé par allieurs, s'rappelasse nous deux. Ce veau m'a d'mandé comment ç'allait chez moi, tout ça, et j'ai répondu joilieus'ment, d'mon ton l'mieux naturel. Ensute, on a été rue des Acacias où qu'avait personne chez Xavier, vu qu'y s'était rendu au ch'valet d'sa mère morte, l'barbu. J'ai t'entré chez cézigue grâce à mon passe spécial qu'est une invent'rie d'l'Antonio, ce con, qu'a un chou terrib' quand y veut. J'ai planqué l'artiche dans la boîte d'fer marquée « farine », su' un rayonnement d'sa cusine. Voilà.

Après ça, y m'ont ramené à Rueil-Malmaison, et j'sus dans l'salon du premier. Et j'attends qu'on t'téléphone. J'attends d'pouvoir t'causer, j'attends de t'savoir sauvée, mon moustique. Après, c'est certain, y'm'buteront.

Y n'peuvent pas n'pas me buter av'c tout ce que j'sais.

Mais c'coup d'fil, j'y croye pas trop. J'sais qu'y t'libér'ront, car, en effet, c'est leur intérêt. Mais y n'l'f'ront p't'être pas avant d'm'assaisonner. La seule chose dont j'étonne, c'est qu'y n'm'ayent pas carbonisé tout d'sute après qu'j'soye sorti d'chez Xavier. Pourquoi m'conserver ces heures en suce ? Dans quel bute ? J'vas probab'ment canner sans la résolution d'c'mystère.

Bon, j'ai sommeil.

J'peux toujours en écraser un peu avant d'canner. M'entraîner au néant, si c'est l'néant qui nous guette, s'lon c'que certains prétendent.

…………………………………………………………………………. ……………………………………………………………………..

J'ai dû pioncer.

J'viens d'm'réveiller en cerceau, biscotte un bruit.

C'bruit, c't'un ronron d'bagnole.

Y vient d'stopper. J'vas mater à la croisée. Et j'reconnais la bagnole à Xavier. Y l'en descend. Y l'est seulâbre. Dans l'jour gris, y l'est tout gris soi-même, cézigue, et on jur'rait qu'sa barbouze est potiche. Y s'avance vers la maison. Comme il paraît triste. La mort d'sa vieille l'a cisaillé. Y'n'pense plus à ses pornofilmies. L'malheur du monde lui pèse su' les endosses. J'connais. J'ai encor' su' l'dos la mort d'ma maman à moi. Qu'on n's'habitulle jamais à ces choses-là. Elles te minent. Tu fais la bonne cont'nance. Tu bouffes, tu baises, tu rigoles, mais t'as ce grand trou noir dans l'cœur et rien n'peut plus jamais l'combler.

Oui, il est misérab', Xavier. Si lugub' qu'y fait penser à la mort. Pas à cell' d'sa maman, mais à LA mort toute courte.

A la mort !

Nom de Dieu. V'là qu'je pige. Oh, oui, v'là… Une bourrasqu' d'vérité aveuglante. Ça y est. Ma fin, c'est à présent. Mais naturell'ment. Pou' boucler leur scénario fallait qu'Xavier fusse là. Pou' que ça soye lui qu'est censé m'aligner ! Lui, chez lui, me tuant, c'est l'apothérose ! Le bouquet final. L'fin du fin d'là fin finale. Y l'ont prév'nu d's' pointer, et y vient, mordant à la bourde qu'on l'a amorcé. Et y l'flingu'ront ensuite, bien n'entendu ! Av'c mon feu qu'Aldo a conservé. C'est moi qu'aura été censé l'abattre ! Mais c'est sûr ! Je pige tout !

Alors, ma Marie-Marie, adieu. J't'aurai plus r'vue, poulette rose. Même pas entendu ta voix d'souris. L'sort a un coup d'dur'té pou' ma terminaison. J'sais bien qu'une fin d'homme n'est jamais gaie, mais la mienne, alorsss, é finit cacateuse. Tant pis. Faut pas y penser. S'préparer à comparaître d'vant l'Seigneur, comme assurait not' curé : l'vieux radin grincheux, mais qu'était curé malgré tout.

S'préparer.

Alors j'me prépare. J'essaye. C'est quoi, s'préparer ? C'est comment ? Une prière ? J'ai pas enville. Des suppliances ? J'ose pas. C'est trop grave, trop fini, trop trop-tard… Dieu, qu'y lu suffille d'savoir qu'j'l'espère. C's'ra ça ma prière et mon ultime implorance Sandre la queue-d'âne va mourir.

Bon. Mon Dieu, fait' pas trop l'con av'c moi.

Oui, j'm'ai pas gourré, Y'a des pas plein l'escadrin, bien appuilliés. Des pas qui s'gênent pas, qu'ont plus à s'gêner d'rien. Des pas qui savent où y vont ! Mais qu'est-ce j'entends ? J'd'viens fou ? C'est des mirages auditionnels ? Une voix quincharde esclame :