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— Attention ! cria Josette Montel. Il essaye de s’enfuir.

Deux hommes arrivèrent l’un de la droite, l’autre de la gauche. Ils portaient des carabines pour la chasse au gros gibier et en braquaient le canon sur Maxime.

— Vous ne tireriez pas, dit-il.

— En êtes-vous tellement sûr ? demanda Pochet dans son dos.

Le syndicaliste n’ironisait plus. Sa voix était lente, déterminée.

— Vous pouvez échapper à ceux-là, mais il y en a d’autres en bas, au-dehors. Ne l’oubliez pas.

Montel vint poser sa main sur son épaule :

— Je vous en prie…

Tournant la tête, Maxime donna l’impression qu’il allait le mordre ou cracher sur cette main. Montel la retira avec précipitation.

— Je vous promets de faire tout ce que je pourrai pour vous sortir de là, si vous n’avez rien à vous reprocher, dit-il ensuite d’une voix pleine de confusion… Je vous aiderai.

— Je ne peux pas être coupable, commença Maxime Carel. Pas plus que vous ne pouvez être flics et juges malgré l’envie qui vous chatouille depuis fort longtemps…

Il tourna les talons et, en passant devant Josette Montel, la toisa des pieds à la tête :

— Vous me rappelez la chienne de Buchenwald, dit-il.

— Oh ! vous avez entendu ?

Franchi le seuil, il se paya le plaisir de claquer la porte, le regretta tout de suite après. Il ramassa le pyjama que la femme de Montel avait laissé tomber au milieu de la chambre, le plia de nouveau avec soin. Il eut un sourire sans joie, se souvenant qu’une fois sa femme avait glissé une photographie de Trotsky dans ses affaires. Et, bien entendu, c’était à l’occasion de son voyage d’affaires à Moscou. De quoi le faire enfermer pour des mois ou le faire envoyer dans l’archipel du Goulag… Mais Patricia avait un humour bien particulier.

CHAPITRE VIII

Chose étrange, il avait fini par s’endormir sur son lit après s’être demandé s’il se déshabillerait ou non. Il s’était allongé, avait fermé les yeux. Il réalisa qu’on frappait à la porte de sa chambre, se souvint de tout.

— Puisque vous vous arrogez tous les droits, pourquoi pas celui de rentrer chez moi sans frapper ?

On insistait toujours et furieux il alla ouvrir, découvrit Benito Rosario.

— Je veux vous parler ?

Surpris, Maxime regarda dans le couloir, vit les deux hommes armés. Un Français et un Italien qu’il ne connaissait que de vue.

— Ils vous laissent aller et venir ?

Rosario fit signe d’être prudent, repoussa la porte. Tout de suite, il sortit de sa poche une page de carnet où Maxime put lire cette question incroyable : « Pensez-vous qu’il y ait des micros dans cette pièce » ? A quoi il répondit par un haussement d’épaules.

— J’ai accepté de vous défendre, dit l’Italien.

Maxime le regarda avec suspicion :

— Me défendre ? Vous voulez dire, comme le ferait un avocat ? Donc, vous entrez dans leur jeu… Je refuse de répondre !

— Du calme, mon vieux, du calme… Je n’ai trouvé que cette solution pour venir vous parler.

— Elle est exécrable. Vous justifiez leur folie imbécile… Mais bon sang, Rosario, dites-moi qu’il y a en bas des hommes et des femmes qui ont gardé un peu de bon sens !

Secouant la tête, Rosario alla jeter un coup d’œil par-dessus la balustrade du balcon, aperçut les deux hommes de garde et retourna dans la chambre.

— Vous n’êtes pas le seul suspect…

— Bon sang, Rosario, essayez de raisonner avec lucidité… Vous n’allez pas vous faire le complice de cette mascarade…

L’Italien s’assit devant une petite table, sortit son calepin de sa poche, écrivit quelque chose dessus.

— Nous devons chercher ensemble la meilleure façon de présenter vos arguments.

En même temps Maxime pouvait lire : « Micros possible. Attention. Bien sûr, je ne marche pas avec eux. Je savais qu’il se passerait quelque chose d’aussi extraordinaire. »

Maxime le regarda fixement.

— Vous saviez ? souffla-t-il.

Rosario sortait son briquet et faisait brûler la feuille.

— Mme Montel affirme qu’elle vous soupçonne depuis longtemps de jouer un double jeu et d’espionner le Dynamic Club au bénéfice de l’Internationale terroriste. Votre femme appartient-elle vraiment à un mouvement trotkyste ?

— Elle a appartenu autrefois, mais depuis elle ne milite plus.

— Toujours cette Mme Montel affirme que votre femme vous influence terriblement, que vous êtes en quelque sorte possédé par son comportement profondément érotique. Je m’excuse, mais ce sont exactement ses paroles.

En même temps il écrivait rapidement d’une petite écriture serrée sur son calepin, détachait la page et la glissait sous les yeux du Français.

— Cette femme est refoulée ou quoi ? répondit Maxime tout en prenant connaissance du billet :

« Il y a eu d’autres séminaires semblables à celui-ci. Ils se sont mal terminés pour un Italien, un Espagnol, un Portugais. Un agent du Trésor américain a également trouvé la mort dans l’affaire, car il avait fait des découvertes importantes. Sachez une chose et pensez-y toujours, quoi qu’il arrive : les gens sont conditionnés, amenés à un point d’hystérie générale. On va leur offrir une victime. Ce peut être vous comme les cinq autres. Le but est d’en faire les complices d’un crime pour plus tard avoir mainmise sur eux. Ne tombez pas dans le piège. Refusez d’être la victime. Ne vous prêtez pas à leurs manœuvres. Surtout (Rosario avait souligné le mot), surtout n’essayez pas de fuir. Vous ne feriez que leur offrir ce qu’ils attendent, une chasse à l’homme. »

Maxime fut obligé de relire le billet puis, saisit le stylobille pour écrire au dos : « Comment savez-vous cela ? »

— Si vous me parliez de votre femme, demandait l’Italien à voix haute.

— Je refuse de mêler ma vie privée à ces sottises.

— Comment voulez-vous que nous progressions si vous refusez tout en bloc ? Je dois vous défendre.

— Je n’ai pas besoin de l’être.

En réponse, il demandait à son compagnon qui il était et comment il savait tout ce qu’il écrivait. Rosario secoua la tête et brûla le papier comme il l’avait fait auparavant.

— Avez-vous des sympathies de gauche ?

— Ça ne regarde que moi.

Rosario soupira bruyamment :

— Faites un effort.

— Je refuse… Je vous prenais pour un ami et vous n’êtes pas plus équilibré que les autres.

— Je cherche à vous aider, dit Rosario qui dissimulait un sourire. Pourquoi avez-vous truqué vos réponses au formulaire du Club ?

— Quel formulaire ? Celui de mon admission ?

— Non, celui de l’hôtel Sheraton-Russel. Vous savez bien ce que je veux dire.

— Je n’ai rien truqué !

— Vos réponses ne correspondaient pas tellement à vos idées personnelles.

— Qu’en savez-vous ?

— Hugues Harlington s’est renseigné auprès de votre société parisienne. Vous avez triché sur au moins la moitié des questions… Par exemple, vous ne cachez pas votre hostilité à l’internationalisation de votre entreprise. Vous seriez plus nationaliste que vous ne semblez l’admettre. Il y a d’autres réponses fausses.

— Je n’avais pas le droit ?

— Pourquoi désiriez-vous venir ici ?

— Pour rester huit jours entiers aux U.S.A. Je n’avais pas envie de rentrer à Paris.