— What floor ? demanda Malko.
— Five, please.
Malko appuya sur les deux boutons, du quatrième et du cinquième, se plaçant entre l’inconnu et Irina, impassible. Comme s’ils étaient déjà amants. Au quatrième, ils abandonnèrent l’inconnu pour gagner la chambre de Malko. L’épaisse moquette bleue étouffait le bruit de leurs pas.
L’hôtel était absolument silencieux. C’était Marienbad. À peine dans la chambre, Irina déboutonna son long manteau de cuir et fit face à Malko dans la petite entrée. Celui-ci posa sa bouche sur la sienne et aussitôt une langue douce mais décidée vint au-devant de la sienne. Il fit ensuite ce dont il avait eu envie toute la soirée. Lui prenant les seins à pleines mains, à travers le fin cachemire, il joua avec leurs pointes, les caressant, les faisant durcir sous ses doigts. Irina entreprit de défaire les boutons de sa chemise et posa ses longs doigts sur sa poitrine, lui agaçant les mamelons avec habileté. Il avait appuyé la jeune femme au mur, et, le bassin en avant, Irina s’offrait sans retenue à ses caresses. La grande glace de la penderie reflétait leur étreinte, ajoutant à la scène un supplément d’érotisme. Malko froissa la jupe noire, découvrant la bande des bas stay-up et un peu de chair.
Excité comme un collégien, il écarta le string et plongea dans un sexe déjà onctueux.
— Regardez, fit Irina Murray, c’est excitant, on voit tout dans la glace.
Enfin une authentique salope. Quand il fit glisser le string le long de ses cuisses, puis de ses cuissardes, elle souleva un pied afin de pouvoir s’en débarrasser, et laissa le string noir accroché à sa cuissarde gauche. Malko sentit son ventre s’embraser. Irina Murray venait de prendre à pleine main son sexe, à travers le tissu de son pantalon. Il voulut défaire sa ceinture, mais elle l’arrêta, descendit le Zip et plongea la main dans l’ouverture.
— C’est plus excitant comme ça.
Elle fit jaillir du slip le membre bandé, le caressa un peu puis s’agenouilla avec naturel, les pans de son long manteau noir répandus autour d’elle, avant de le prendre dans sa bouche. Comme il savourait la caresse, elle saisit sa main droite et la posa sur sa nuque, comme s’il la forçait à lui administrer cette fellation. Il en profita pour observer leur reflet dans la glace, ce qui l’excita encore plus. Il se pencha et défit les boutons du cachemire, libérant deux seins incroyablement fermes. Irina comprit le message : retirant le sexe de Malko de sa bouche, elle le glissa entre ses seins pour le masser entre les deux globes tièdes.
Il n’en pouvait plus de ses hors-d’œuvre.
La saisissant par les cheveux, il força Irina à se relever. Leurs bouches se soudèrent à nouveau et il sentit sous ses doigts le miel couler de son ventre. Brutalement, il lui écarta les cuisses d’une poussée de son genou et son sexe entra en contact avec le ventre nu. Le moment qu’il attendait depuis qu’il avait vu Irina. Il fléchit légèrement les jambes, se guida et embrocha la jeune femme d’un puissant coup de reins. D’elle-même, elle souleva une jambe, pour qu’il puisse aller plus loin dans son ventre. Il glissa un bras sous sa cuisse, afin de la maintenir dans cette position.
C’était inconfortable et instable, mais furieusement excitant. Il voulut se retirer pour l’entraîner dans la chambre, mais elle le retint avec un petit gémissement.
— Non, non, continue, comme ça !
Il ne mit pas longtemps à exploser au fond de son ventre, tandis qu’elle murmurait :
— Je vais jouir, je vais jouir !…
Ce qu’elle fit, juste après lui. Leur étreinte n’avait pas duré dix minutes, mais quelles minutes… Les yeux brillants, haletante, toujours appuyée au mur de l’entrée, Irina se pourléchait les babines. Ses seins pointés émergeaient du cachemire, la mini restait enroulée autour de ses hanches. Enfin elle se baissa, remit son string. Visiblement ravie.
— C’est excitant de se faire baiser tout habillée, remarqua-t-elle d’une voix absente, comme si elle se parlait à elle-même. Je n’ai même pas enlevé mon manteau. Juste ma culotte.
Elle se gargarisait de mots. Malko, toujours habillé lui aussi, reconnut :
— C’était superbe, très fort.
Une brève rencontre, pleine de spontanéité.
— Je vais rentrer, maintenant, suggéra Irina. Il faut vraiment que j’aille chez ma grand-mère. Ne me raccompagne pas, je connais le chemin, conclut-elle, adoptant un tutoiement normal après leur « rapprochement » express.
— Mais si, insista Malko, n’écoutant que sa galanterie. Et puis, cette fois, nous serons peut-être seuls dans l’ascenseur.
— Ne me fais pas fantasmer ! soupira en riant Irina Murray. J’adore faire l’amour dans un ascenseur.
Enfin, il était tombé sur une vraie salope qui ne pensait qu’à baiser. Il réalisa soudain que le Makarov coincé dans sa ceinture, à hauteur de sa colonne vertébrale, n’avait pas bougé pendant qu’il faisait l’amour avec Irina. De nouveau, il sentait son poids. Cette sensation déclencha chez lui une sorte de réflexe de Pavlov. En un éclair, comme un logiciel se met en place, il revit l’homme blond qui avait pris Pasenseur avec eux. Et pensa à Stephan, le Polonais, l’amant d’Evguena Bog-danov. Si c’était lui ?
Rien n’étayait cette hypothèse, sauf un indice qui lui revint : l’homme qui téléphonait lorsqu’il était rentré dans l’hôtel…
Irina Murray avait déjà ouvert la porte et il la rejoignit, traversant les interminables couloirs déserts. À peine dans l’ascenseur, il écarta le manteau, puis le string, pour prendre son sexe à pleine main.
— Arrêtez, fit-elle, en souriant, je vais chez ma grand-mère. Une autre fois.
— Tu peux rester. J’ai encore envie de toi, insista-t-il.
— On ne se connaît pas assez…
Ce devait être de l’humour ukrainien. Elle l’avait sucé comme une folle, s’était fait baiser debout, contre un mur, mais à ses yeux, ce n’était pas de l’intimité. Elle l’écarta, comme la cabine s’arrêtait, avec ce mot charmant :
— Je suis très pudique…
Os se séparèrent en haut des marches menant à la rue et elle ne l’embrassa même pas.
— À demain, dit Malko.
Même si elle ne l’aidait pas dans son enquête, Irina contribuait au moins à soutenir son moral. Le repos du guerrier… Il regagna l’ascenseur. Une seule employée occupait la réception. Pris d’une brusque inspiration, Malko s’approcha.
— Il y a beaucoup de monde dans l’hôtel ?
L’employée lui adressa un sourire désolé.
— Non, sir. Ce n’est pas la saison, et puis il y a les événements de Maidan…
Ils parlaient anglais. Malko passa au russe pour demander d’un ton innocent :
— Tout à l’heure, quand je suis rentré, j’ai croisé dans l’ascenseur un homme blond, il me semble que je l’ai déjà vu quelque part… L’employée réfléchit quelques instants.
— Ah oui, je sais, il est arrivé de Moscou hier. Il est au même étage que vous d’ailleurs. Effectivement, je l’ai vu passer tout à l’heure, en même temps que vous.
— Vous avez son nom ?
Après une courte hésitation, l’employée consulta l’écran de son ordinateur.
— Gregor Makaline, dit-elle. Il est à la chambre 427.
— Ce n’est pas celui auquel je pensais, conclut Malko. Spasiba. Dobrevece.
Il gagna l’ascenseur, taraudé par une idée dérangeante. Pourquoi l’homme blond avait-il prétendu loger au cinquième étage ? Tout le plaisir de sa brève étreinte avec Irina s’était effacé d’un coup, faisant place à une sourde anxiété.