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Le Russe sentit ses cheveux se dresser sur sa tête. Cette ligne-là n’était pas sécurisée. Il coupa son interlocuteur.

— Je pense qu’il vaudrait mieux nous voir, suggéra- t-il. À l’endroit habituel. Dans une heure.

— Dans une heure, approuva Oleg Budynok.

L’endroit habituel était un parking dans le quartier de Pokol, toujours désert et facile à surveiller. Nikolaï Zabotine se dit qu’il était obligé désormais de changer tous ses portables. Les Américains avaient toujours excellé dans les écoutes. Comme les Russes. Mentalement, il fit le point. Sa force de frappe diminuait à vue d’œil. Il lui restait trois des anciens berkut recrutés par le colonel Gorodnaya, qui, eux, obéissaient au doigt et à l’œil. Hélas, Stephan Oswacim n’était plus là pour leur transmettre les ordres. Nikolaï Zabotine, en réalité, n’avait plus besoin de ses soutiens ukrainiens pour la dernière phase de son opération, sauf pour un objectif précis : éliminer cet agent de la CIA qui rôdait de trop près, à son goût, autour de ses opérations.

Or, deux tentatives avaient déjà échoué, d’abord avec le Polonais, ensuite avec Igor Baikal. Pour cette dernière, qui n’était pas prévue, Nikolaï Zabotine avait simplement réagi à la pénétration de son réseau. C’était peu de chose en comparaison de ce qu’il avait réalisé à Kiev au temps heureux de l’Union soviétique…

Nikolaï Zabotine éteignit son bureau, en ferma soigneusement la porte à clef et descendit prendre dans le parking de l’ambassade une Lada anonyme, au nom d’une société de construction où les Russes avaient des intérêts. Tout en roulant dans les rues mal éclairées de Kiev, il se demanda pourquoi Oleg Budynok avait décidé de faire liquider son vieux copain Igor Baikal, en dépit des multiples liens, politiques, financiers et personnels, qui les unissaient. En tout cas, l’action de l’agent de la CIA, Malko Linge, en était la cause.

* * *

Anatoly Girka était épuisé. La tête dans ses bras, il somnolait sur la table où il venait de rédiger sa confession, aussitôt enfermée dans un coffre par Donald Red-stone, qui en avait fait une copie pour Malko. Celui-ci hésitait encore sur la façon d’utiliser ces aveux. C’était de la dynamite. S’en servir risquait de déclencher une réaction en chaîne incontrôlable.

Anatoly Girka se redressa en sursaut et demanda d’une voix pâteuse :

— Qu’est-ce que je fais ?

— Je vais mettre à votre disposition une chambre où vous pourrez rester aussi longtemps que vous voudrez, répliqua aussitôt le chef de station. Demain, je vous ferai signer un formulaire de demande d’asile politique aux États-Unis que je transmettrai au State Department, avec un avis favorable. En attendant, vous bénéficiez du programme de protection des témoins en danger. Cela concerne la tentative de meurtre sur la personne de M. Malko Linge.

L’Ukrainien ne parut comprendre que le mot «chambre». Il titubait, ahuri. Donald Redstone appela sa secrétaire pour qu’on conduise l’assassin d’Igor Baikal dans la partie de l’ambassade réservée aux diplomates de passage et se tourna vers Malko.

— Vous avez une idée de ce qu’on peut faire de ces aveux ?

— Oui, dit aussitôt Malko. Je vais essayer de retourner Oleg Budynok. En lui apprenant, preuve à l’appui, l’existence de cette confession qui le charge. C’est le point de départ, sinon je n’arriverai même pas à entrer en contact avec lui.

— Comment allez-vous la lui faire parvenir ? C’est délicat…

— Je pense qu’Irma Murray pourrait la lui remettre en mains propres… Il faut quelqu’un d’absolument sûr.

L’Américain eut un haut-le-corps.

— Et si…?

Malko le rassura d’un sourire.

— Je ne pense pas qu’Oleg Budynok s’attaque à elle dans les locaux de l’administration présidentielle.

Ensuite, quand il aura lu le témoignage d’Anatoly Girka, il sera beaucoup plus circonspect. Je vais proposer cette mission ce soir à Irina. Sans lui forcer la main, bien entendu.

— Ne lui faites courir aucun risque, recommanda Donald Redstone. Je lui en parlerai moi-même.

Séance tenante, il appela Irina Murray sur son portable. Malko assista à la conversation. Le chef de station parla d’une proposition que Malko allait lui faire, mais qu’elle n’était, en aucune façon, obligée d’accepter…

— Elle vous attend à neuf heures au Premier Palace, conclut l’Américain.

* * *

Malko s’arrêta net à l’entrée du petit hall. Comme deux tigresses prêtes à s’entre-déchirer, Irina Murray et Tatiana Mikhailova, drapée dans la zibeline de Revillon, se faisaient face, de part et d’autre d’une table basse ! Irina, modestement, portait son éternel manteau de cuir noir, laissant apparaître un pull bleu bien rempli et une jupe noire fendue sur le côté. Avec, bien entendu, des bas noirs brillants et ses bottes à talons aiguilles. En apercevant Malko, Tatiana se leva et vint vers lui, arborant un sourire carnassier.

— Je descendais quand je l’ai entendue te demander à la réception. Alors, j’ai voulu me renseigner…

Visiblement, si elle avait pu clouer Irina Murray à la table comme une chouette sur une porte de ferme, elle en eût été ravie. Simple réflexe possessif de femelle, d’ailleurs. Car elle n’éprouvait aucun sentiment pour Malko. Celui-ci la rassura.

— Irina est une collaboratrice de l’ambassade. Elle travaille aussi sur notre affaire. D’ailleurs, j’ai un rendez-vous de travail avec elle, maintenant.

Tatiana Mikhailova adressa un sourire glacial à la jeune Ukrainienne.

— Dobrevece. Je vous laisse.

Elle s’éloigna en direction de l’ascenseur et Irina rejoignit Malko, demandant d’une voix égale :

— Elle est charmante et très sexy. C’est une vieille amie à toi ?

Pas un mot plus haut que l’autre… Belle tenue.

— L’assistante de mon ami Vladimir Sevchenko, qui me l’a dépêchée. Hier, elle m’a sauvé la vie. Sans elle, je macérerais en ce moment dans une cuve de vodka.

— Je sais, dit Irina, Donald m’a mise au courant, mais j’ignorais qu’elle était intervenue.

— Bien, conclut Malko, avant d’aller dîner, je voudrais te montrer quelque chose.

Elle le suivit dans l’ascenseur.

À peine dans la chambre, Irina retira son manteau. Malko eut l’impression que ses seins lui sautaient à la figure. Brutalement, il n’eut plus envie d’ouvrir le petit coffre électronique dissimulé dans la penderie pour y prendre la confession d’Anatoly Girka. Il eut l’impression d’être inondé par un très chaud rayon de soleil. Il s’approcha d’Irina et posa les mains sur ses hanches, sentant aussitôt sous ses doigts les serpents de jarretelles. Ce simple contact lui fit exploser les neurones. Toute la volonté qu’il avait mise à ne pas s’effondrer la veille se transformait en une boule d’énergie nichée au creux de son ventre.

Presque brutalement, il poussa Irina contre le bureau, souleva son pull bleu et empoigna à pleines mains ses seins emprisonnés dans un soutien-gorge de dentelle noire. Il se sentait littéralement en fusion.

Irina réagit dans la seconde, déboutonnant la chemise de Malko, faisant courir ses doigts sur lui, de la poitrine au ventre. Sans même le déshabiller, elle insinua une main dans une poche de son pantalon pour la refermer autour de son sexe encore enfermé. Elle ronronna en sentant l’érection grandir sous ses doigts.

— Humm, c’est bon !

Malko était en train de faire glisser le string le long des bas noirs enserrant les cuisses pleines. En sentant le sexe d’Irina inondé sous ses doigts, il faillit crier d’excitation. C’était du désir à l’état pur, une pulsion réciproque qui balayait tout. Irma libéra le membre bandé, se retournant aussitôt, les mains appuyées sur le bureau.