— Baise-moi comme ça, demanda-t-elle, avec ma jupe.
Malko remonta la jupe noire sur ses hanches, découvrant les jarretelles et le haut des bas, puis la chair blanche des cuisses. D’un seul élan, il s’enfonça dans son ventre. Irina eut un sursaut de tout le corps en se sentant envahie d’un coup.
Elle se mit à gémir, tandis que Malko la prenait lentement, se retirant et s’enfonçant chaque fois le plus loin possible. Et puis, elle se retourna avec prestesse, l’arrachant de son ventre. Malko n’eut pas le temps de protester : elle était déjà à genoux devant lui et engoulait son sexe avec fureur, les mains levées vers sa poitrine comme pour une offrande au dieu de l’érotisme.
Malko lui saisit la nuque, ce qui était bien inutile, mais arracha à Irina un grognement ravi. Visiblement, elle adorait se sentir forcée, même si c’était totalement factice. Déjà, elle avait envie de changer de jeu. Elle se remit debout et s’assit sur le coin du bureau, face à Malko.
Celui-ci l’embrocha aussitôt, lui écartant les cuisses largement.
— Ah, c’est bon ! délira Irina, les cuisses écartelées comme ça, avec ma jupe.
La position était incommode et, de nouveau, elle se dégagea, poussant Malko vers un des deux fauteuils. Dès qu’il fut assis, elle se plaça au-dessus de lui et se laissa tomber sur le sexe dressé, s’empalant d’un coup jusqu’au fond de son ventre. Malko lui prit aussitôt les seins à pleines mains, tordant leurs pointes, lui arrachant des gémissements haletants. Elle le chevauchait avec frénésie, se balançant d’avant en arrière, les traits crispés par le plaisir.
Quand Malko sentit la sève jaillir de ses reins, il ne put retenir un cri rauque auquel fit écho la plainte ravie d’Irina. Ensuite, ils demeurèrent immobiles, figés, comme des automates cassés. Jusqu’à ce qu’Irina éclate d’un rire joyeux et l’embrasse avec tendresse.
— Oh ! My God ! C’était si bon ! Je suis inondée, j’en ai partout !
La jupe enroulée autour des hanches, les jambes moulées par les longs bas noirs, la poitrine offerte, échappée du soutien-gorge, elle était l’incarnation même du plaisir. Elle s’arracha enfin au sexe encore planté dans son ventre, tituba, remonta son string et rabaissa sa jupe et son pull. Appuyée au bureau, le regard brillant, elle sourit à Malko.
— C’est follement excitant ! J’ai l’impression de m’être fait violer par un inconnu… Comme une vraie salope. Je ne tiens plus debout. À propos, tu voulais me montrer quelque chose ?
Ils n’y avait qu’une demi-douzaine de voitures dans le parking de Pokol où Nikolaï Zabotine avait donné rendez-vous à Oleg Budynok. Celui-ci arriva à pied, visiblement nerveux, et se glissa dans la Lada. Le Russe démarra aussitôt, commençant à rouler lentement dans les rues désertes et mal éclairées, jetant fréquemment des coups d’oeil dans le rétroviseur.
— Dobre, dit-il, que s’est-il passé ?
— UAmeriki a rappelé Igor aujourd’hui. Il voulait le voir. Igor m’a prévenu aussitôt. Il était mal à l’aise. J’ai eu peur qu’il se fasse retourner, ou qu’il parle encore. Parce que la veille, il a donné mon nom à ce type.
— Quoi ! Votre nom !
Nikolaï n’en croyait pas ses oreilles. C’était encore plus grave que ce qu’il avait pensé. Oleg Budynok lui répéta ce que lui avait avoué Igor Baikal. Ce dernier, ayant bu pas mal, s’était laissé aller, certain que son visiteur ne ressortirait pas vivant de sa datcha. Il conclut :
— Quand Igor m’a dit que cet Ameriki revenait, j’ai eu peur. Un des gardes du corps travaille pour moi depuis longtemps. Je lui ai donné l’ordre de liquider son patron.
— Vous avez bien fait, approuva Nikolaï Zabotine, mais il faut prévoir l’avenir. D’abord, vous êtes sûr de cet Anatoly Girka ?
— Il me doit beaucoup…
— Ce n’est pas suffisant, trancha le Russe, il faut vous arranger pour l’éliminer le plus vite possible. Convoquez-le dans un endroit sûr pour le remercier. Ce n’est pas tout, ajouta-t-il après un silence. Désormais, les Ameriki savent que vous êtes impliqué dans cette histoire. Ils vont faire quelque chose.
— Quoi ?
— Je n’en sais rien, avoua le Russe, mais il faut s’attendre au pire. Pour l’instant, ne bougez surtout pas. Igor Baikal est mort, c’est une bonne chose. Demain, faites ce qu’il faut pour Anatoly. Ensuite, tenez-moi au courant. Mais ne parlez plus jamais au téléphone.
Il ralentit et s’arrêta le long du trottoir, après s’être assuré d’un coup d’œil dans le rétroviseur que la rue était vide.
— À bientôt, dit-il simplement.
Oleg Budynok s’éloigna, cherchant à se repérer. Il n’avait pas fait attention à leur itinéraire. Il était soulagé d’avoir parlé à Nikolaï Zabotine. Si, un jour, les choses tournaient mal, le Russe l’accueillerait dans son pays.
De nouveau, Irina et Malko s’étaient retrouvés au Tchaïkovski, place Bessarabiaska. La salle était presque vide, à l’exception d’un groupe d’Italiens bruyants. Irina Murray rendit à Malko la confession d’Anatoiy Girka.
— C’est sidérant ! conclut-elle. Si un journal publie cela, le procureur général sera obligé d’ouvrir une enquête.
— Ce n’est pas le but, observa Malko. Je veux communiquer ce document à Oleg Budynok. Pour le faire réagir.
— Il essayera de te tuer…
— Peut-être pas. Il se doute bien que l’original est en lieu sûr, ainsi que l’auteur de ce texte. Et peut-être n’est-il pas sûr à 100 % de la défaite de Viktor Iouchtchenko… Il y a donc une carte à jouer. Pourras-tu lui remettre ce texte en mains propres, demain matin, à la présidence ?
Irina Murray resta silencieuse quelques instants, avant de dire, mi-figue mi-raisin :
— C’est pour cela que tu m’as si bien fait l’amour…
— Non, jura Malko. Il n’y a aucun risque à effectuer cette démarche. Et je ne pensais pas à cela tout à l’heure. Mais j’ai besoin de quelqu’un d’absolument fiable pour remettre ce document à Oleg Budynok. Je le préviendrai avant, en lui laissant un message sur son portable.
— Bien, j’irai demain matin, promit la jeune femme en mettant la confession dans son sac.
Nikolaï Zabotine, après avoir déposé Oleg Budynok, était retourné à l’ambassade où il avait commencé à cribler les noms de son ancien réseau, du temps où il était affecté à Kiev. Le dernier incident avec Igor Baikal l’avait convaincu d’une chose : à quatre jours de la dernière partie de son opération, il ne pouvait pas se permettre de laisser l’agent de la CIA continuer à fouiner. Hélas, il ne pouvait pas confier son élimination à un des ex-berkut. Pas assez sophistiqués. Quant au colonel Gorodnaya, il avait fait toute sa carrière dans les bureaux… Il avait donc passé soigneusement en revue tous les noms de ses anciens collaborateurs, en retenant finalement un : Alexandre Peremogy. Il avait justement le profil qu’il cherchait. Seulement, était-il encore vivant ? Nikolaï Zabotine l’ignorait. Le seul moyen de le savoir était de se rendre à son domicile, s’il n’avait pas déménagé.
Reprenant sa Lada anonyme, il repartit et se gara en face d’un petit square. L’immeuble était toujours là. Il vérifia sur sa fiche le code de la porte d’entrée et le composa. Miracle : après huit ans, il n’avait pas changé ! Ce qui était bien avec le matériel soviétique, c’est qu’il était construit pour l’éternité ! L’escalier puait le chou, la saleté et l’urine. Au premier étage, il alluma une minitorche pour repérer la bonne porte et sonna. Il y eut un remue-ménage à l’intérieur, puis une voix demanda à travers le battant :