Выбрать главу

Oleg Budynok lui jeta un regard en coin.

— Si Iouchtchenko est élu, vous direz à vos amis que j’ai un peu aidé…

Oleg Budynok ménageait l’avenir… Malko ne répondit pas. Il ouvrit la portière et repartit en direction de sa voiture. Plus détendu. C’était une vraie razborka, de celles où on conclut la paix. La Mercedes 500 d’Oleg Budynok passa devant lui et disparut. Le dernier round était entamé.

Tatiana Mikhailova surgit, frigorifiée en dépit de sa zibeline, et se jeta dans la voiture, lançant le Poulimiot sur la banquette arrière.

— Tout s’est bien passé ? demanda-t-elle.

— Pour l’instant, répondit Malko, prudent.

* * *

— Il faudrait prévenir Evgueni Tchervanienko, conseilla Donald Redstone. Si on ne le fait pas et qu’il arrive quelque chose à Viktor louchtchenko, il ne nous le pardonnera jamais. Et Langley non plus.

— Le prévenir pour lui dire quoi ? objecta Malko. louchtchenko porte déjà un gilet pare-balles en Kevlar et céramique quand il est en public… Il a douze gardes du corps, qui ne le lâchent pas d’une semelle. Tant que je n’ai rien à lui apprendre de précis, c’est inutile.

— Demain, c’est le 25, remarqua l’Américain. Il reste deux jours.

— Pas forcément, objecta Malko. Même si louchtchenko est élu le 26 décembre, il peut être assassiné après son élection. C’est déjà arrivé au Liban. Si je n’ai rien appris demain soir, j’avertirai Tchervanienko.

* * *

Tatiana Mikhailova et Irina Murray se regardaient en chiennes de faïence, si on peut dire. Ne voulant pas laisser la Russe seule, Malko avait décidé de dîner avec les deux femmes, choisissant un restaurant marocain, le Marocano, insolite en Ukraine, avec un narguileh posé sur chaque table. Assises côte à côte sur la banquette, les deux femmes tâchaient de faire bonne contenance, faisant assaut de séduction. Tatiana arborait une robe de cuir beige souple comme un gant, un maquillage très sombre, qui mettait en valeur ses yeux bleus, et Irina était, comme toujours, hyper sexy. Des cuissardes, un pull moulant sa magnifique poitrine et une mini orange qui donnait envie de regarder dessous.

Après son entrevue avec Oleg Budynok, Malko était presque euphorique, mais il avait besoin d’une soirée de détente.

— Si on allait au fitness club après le dîner ? suggéra tout à coup Tatiana. J’ai eu tellement froid tout à l’heure…

— Pourquoi pas ? renchérit Irina. J’aime bien le Jacuzzi.

Visiblement, elle n’avait pas envie de laisser Malko en tête à tête avec Tatiana. C’était une idée un peu bizarre, après le dîner, mais Malko s’y rallia.

Une heure plus tard, ils débarquaient tous les trois au fitness club, en peignoir. Désert en ce jour de Noël. Malko mit le Jacuzzi en route, puis se détendit sous les jets d’eau délicieusement chaude. À côté de lui, Irina défit son soutien-gorge et ses seins parurent flotter sur l’eau. Tatiana était fascinée.

— Ce que vous avez de beaux seins ! soupira-t-elle.

À son tour, elle ôta le haut et Malko put admirer les siens, pointus et fermes, beaucoup moins importants que ceux d’Irina. La tête renversée en arrière, celle-ci prit discrètement la main de Malko et la posa en haut de ses cuisses ouvertes, dissimulée par les bouillonnements des jets. Tatiana, les yeux mi-clos, allongée presque à l’horizontale, fit semblant de ne rien voir. Mais soudain, Malko sentit un pied se poser sur son maillot…

Chacune des deux femmes faisait semblant d’ignorer ce que trafiquait l’autre… Malko s’amusait, plutôt excité, mais la présence d’Irina l’inhibait. Tatiana comprit qu’elle ne parviendrait pas à ses fins. Brusquement, Malko sentit son pied s’éloigner de lui.

Elle se remit debout, attrapa son soutien-gorge et dit à la cantonade :

— Je vais faire un peu de sauna.

Irina Murray la suivit des yeux et dit gentiment :

— Je crois qu’elle aurait aimé que tu la baises. Juste pour m’embêter. Tu veux la rejoindre au sauna ?

— Non, j’ai envie de toi, et ce n’est pas pour embêter Tatiana.

Ils partirent vers les ascenseurs, enveloppés pudiquement dans leurs peignoirs. Dans la cabine, Irina écarta le peignoir de Malko, et commença à le caresser puis s’accroupit et le prit dans sa bouche. Elle était dans cette position quand l’ascenseur s’arrêta au quatrième étage. Irina n’eut pas le temps de se relever. Or, un couple âgé attendait l’ascenseur. La femme écarquilla les yeux avec un « Oh ! » horrifié. Tranquillement, Irina se redressa, leur sourit et sortit de la cabine en leur lançant un « Good evening » extrêmement poli.

* * *

Alexandre Peremogy s’imprégnait de plus en plus de sa cible. Désormais, il savait à quel étage il se trouvait et pouvait l’identifier, même d’assez loin. Il l’avait d’abord observée en sirotant un Defender au bar du Marocano, un peu en contrebas de la salle, puis avait retrouvé le trio au Premier Palace, partant avant eux du restaurant. Peu à peu, il mettait son plan au point, avec plusieurs variantes. De toute façon, pour une raison qu’il ignorait, Nikolaï Zabotine lui avait dit de ne pas frapper avant le surlendemain, le 26. Il commençait à se faire une idée précise de la façon dont il allait accomplir sa mission. Nikolaï Zabotine lui avait fourni une petite merveille fabriquée dans les laboratoires de Moscou, qu’Alexandre Peremogy avait déjà eu l’occasion d’expérimenter sur un chien errant.

Le résultat était extrêmement satisfaisant. La personne atteinte perdait connaissance en quelques secondes et son cœur s’arrêtait de battre en moins de dix minutes. Sans aucun signe extérieur d’agression.

L’idéal.

Il sortit du Premier Palace et remonta le boulevard Tarass-Sevchenko pour aller chercher un bus. Même s’il disposait d’une somme importante, il ne se sentait pas le droit de prélever de quoi prendre un taxi. Luxe qu’il ne s’offrait que le jour où il touchait sa pension, et encore, pas toujours.

* * *

On était le 25 décembre. Malko se réveilla et regarda le ciel gris et bas. Il ne neigeait pas, pas encore. Il avait mal dormi. La souplesse d’Oleg Budynok — un des hommes les plus puissants d’Ukraine — l’intriguait. La crainte d’être découvert n’expliquait pas tout. Il rejoignit à la salle à manger du huitième Tatiana Mikhai-lova, en train de s’empiffrer de charcuteries, de fromage et d’œufs. Comment pouvait-elle rester aussi mince en mangeant de cette façon ?

— Qu’as-tu pensé de la razborkal demanda-t-il.

— On aurait dû le tuer, laissa-t-elle tomber, la bouche pleine.

Elle tenait toujours aux bonnes vieilles méthodes expéditives de son patron.

— Mort, il ne m’intéresse pas, remarqua Malko. Je vais voir s’il tient sa promesse. Anatoly Girka est toujours à l’ambassade, en sûreté, et on peut déclencher le scandale quand on veut… Mais si Iouchtchenko est élu demain, tout deviendra inutile.

— Sauf s’ils le tuent après…, objecta Tatiana. Je connais les siloviki. Ils sont teigneux et patients. Nit-chevo. On verra bien.

Le portable de Malko sonna, tandis qu’il redescendait.

— Vous me reconnaissez ? demanda Oleg Budynok.

— Oui.

— Dobre. Ce soir, vers six heures, promenez-vous devant l’hôtel Dniepro, place de l’Europe. Vous y rencontrerez Alexei Danilovitch.