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Malko avait dîné la veille avec Irina Murray dans un restaurant ukrainien bruyant et chaleureux, descente Saint-André, et ils s’étaient couchés très tard, sans même faire l’amour. Il se réveilla le premier et devina dans la pénombre la silhouette de la jeune femme encore endormie. Elle lui tournait le dos. Il lui caressa la hanche et elle bougea un peu, sans se réveiller. Pour s’amuser, il se colla contre elle et très vite sentit son désir s’éveiller. Il n’avait aucune contrainte jusque tard dans l’après-midi, ce qui lui détendait les nerfs. Peu à peu, il eut vraiment envie de faire l’amour et Irina s’en rendit compte. Languissamment, à demi endormie, elle se retourna et prit avec douceur son érection dans sa bouche, comme un bébé s’empare d’un biberon. Presque sans bouger la tête, elle se mit à jouer de sa langue, faisant très vite gémir Malko qui, bientôt, n’eut plus qu’une envie : la prendre. Lorsqu’il se dégagea, elle s’agenouilla d’elle-même sur les draps, la croupe haute, indiquant clairement son désir.

Lorsqu’il entra en elle, Malko eut l’impression de plonger dans du miel brûlant. Il s’enfonça d’un trait jusqu’au fond du ventre d’Irina et, la saisissant par les hanches, il la pilonna à grands coups de reins. Jusqu’à ce qu’il jouisse avec un cri qu’il ne put réprimer, devançant de peu la jeune femme.

— Si on allait prendre le breakfast en haut et ensuite faire un coup de Jacuzzi ? suggéra Irina. Tu n’as rien à faire, aujourd’hui ?

— Pas ce matin, précisa Malko.

Il espérait encore des précisions de son informateur sur le modus operandi des tueurs, mais cela ne nécessitait aucun déplacement. La breakfast-room était quasi déserte et ils eurent vite terminé. Arrivé au fitness club, Malko gagna directement la grande salle où se trouvaient la piscine et le Jacuzzi, qu’il mit en marche, tandis qu’Irina passait par le vestiaire des femmes pour mettre son maillot. Le club était vide, à l’exception d’un homme assez âgé, en train de barboter dans la grande piscine. Malko s’étendit voluptueusement dans l’eau chaude, massé par les jets du Jacuzzi, et ferma les yeux, son portable posé au sec près de lui.

* * *

Alexandre Peremogy avait senti son pouls s’accélérer en voyant l’homme qu’il était venu tuer débarquer à la piscine. Jamais il n’aurait pensé avoir autant de chance ! Il demeura immobile, guettant sa cible du coin de l’œil. L’agent de la CIA lui tournait le dos, enfoncé dans le Jacuzzi, la tête dépassant tout juste.

Jamais il ne retrouverait une occasion pareille ! Il sortit sans se presser de l’eau, s’enroula dans une serviette et partit d’un pas tranquille vers le vestiaire des hommes. Sa future victime ne le remarqua même pas. Arrivé à son casier, Alexandre Peremogy ouvrit sa petite sacoche et en sortit l’engin offert par Nikolaï Zabotine. Un gros stylo, un faux Montblanc, modèle choisi à cause de son renflement. Soigneusement, l’Ukrainien dévissa l’embout, découvrant un petit trou d’environ quatre millimètres de diamètre.

Il lui suffisait désormais d’appuyer sur l’agrafe pour que le gaz contenu dans le réservoir dissimulé dans le corps du stylo projette violemment de l’acide cyani-drique pulvérisé. Celui-ci pénétrait instantanément dans les pores de la peau, provoquant presque instantanément une paralysie respiratoire mortelle. Bien sûr, la distance avec la cible ne devait pas excéder quelques centimètres. Les Services soviétiques avaient souvent utilisé ce poison, dont les chefs nazis s’étaient servis pour se suicider en 1945.

Comme cela faisait bizarre d’arriver à la piscine un stylo à la main, Alexandre Peremogy prit un livre auquel il accrocha le stylo trafiqué et ressortit du vestiaire des hommes.

Tendu, cette fois.

L’homme qu’il devait tuer se trouvait toujours dans le Jacuzzi, cette fois face à lui.

Il avança dans sa direction, comme s’il retournait à sa place, au bord de la piscine. L’homme dans le bain bouillonnant ne prêtait absolument aucune attention à lui. Alexandre Peremogy fit passer son livre de la main droite à la gauche, gardant le stylo dans la main droite. Il ne se trouvait plus qu’à quelques mètres du Jacuzzi et fit un léger crochet pour le contourner par la gauche, de façon qu’en tendant le bras droit, le stylo se trouve à quelques centimètres du visage de sa victime.

— Tu as la clef ?

Une voix de femme venait d’éclater dans ses oreilles ! Alexandre Peremogy était si concentré qu’il sursauta, comme un cheval effrayé. Il tourna la tête. La femme aux longs cheveux blonds était juste derrière lui, arborant un deux-pièces turquoise qui ne cachait pas grand-chose de son corps magnifique.

Alexandre Peremogy ne l’avait pas entendue sortir du vestiaire des dames. Pendant une fraction de seconde, il garda le regard rivé sur elle, puis se retourna. L’homme dans le Jacuzzi souriait à la femme sans se préoccuper de lui.

— Elle est dans mon peignoir ! répondit-il.

Tétanisé, Alexandre Peremogy continua son chemin, passant à côté du Jacuzzi, sans même penser à reprendre le livre dans sa main droite. Il regagna sa place sans se retourner, le pouls en folie. Son arme était parfaite mais elle avait un gros défaut : elle ne pouvait tuer qu’une seule personne… Il s’assit sur sa chaise longue, les jambes coupées, furieux. Il l’avait échappé belle : à quelques secondes près, il liquidait sa victime en présence d’un témoin ! Sans avoir d’arme pour éliminer celui-ci.

Il s’allongea sur la chaise longue pour laisser se calmer les battements de son cœur.

* * *

Irina Murray se laissa glisser dans le Jacuzzi, face à Malko, entremêlant ses jambes aux siennes.

— Tu as vu ce drôle de bonhomme ? dit-elle. Quand je t’ai appelé, il a fait un bond comme s’il avait été piqué par un insecte.

— Ah bon ! Tu es sûre ? fit Malko.

— Oui, d’ailleurs il a eu l’air gêné en me voyant. J’ai eu l’impression qu’il essayait de dissimuler un objet qu’il avait dans la main. On aurait dit un stylo…

— Un stylo !

Un jet brutal d’adrénaline secoua les artères de Malko. Le stylo-pistolet était jadis une des spécialités du KGB. Il se retourna : l’homme désigné par Irina se trouvait à quelques mètres de lui, allongé au bord de la piscine. Brusquement, il réalisa qu’à part eux, il était le seul client du club. Il lui sembla l’avoir déjà vu. La remarque d’Irina l’avait troublé. Il décida d’en avoir le cœur net.

— Reste là, dit-il à la jeune femme.

D s’arracha du Jacuzzi, s’enroula dans une serviette et se dirigea vers l’homme. Celui-ci tourna la tête vers lui en le voyant s’approcher. Malko lui adressa un sourire plein d’innocence.

— Dobredin, gospodine. Pourriez-vous me prêter votre stylo quelques instants ? Je vous le rends tout de suite.

Le stylo était posé à côté d’un livre de Tolstoï en russe, sur la petite table carrée. L’homme le regarda comme s’il n’avait pas compris, demeura muet. Malko répéta sa question en anglais, bien qu’il soit persuadé d’avoir affaire à un Russe. Son interlocuteur le fixait avec une expression bizarre. D’un geste naturel, Malko allongea la main en direction du stylo.

Cette fois, l’inconnu réagit. Avec la rapidité d’un serpent, ses doigts se refermèrent sur le stylo, et il esquissa le geste de le braquer sur Malko, comme une arme.

Celui-ci, instinctivement, lui saisit le poignet, le forçant à allonger le bras.

L’autre essayait désespérément de se mettre debout. Brusquement, il se pencha et planta ses dents dans le bras de Malko ! Celui-ci lâcha prise avec un cri de douleur, reculant brusquement. Stupéfait de ce réflexe fou. En même temps, son regard tomba sur la pointe du stylo et son pouls grimpa à 200 en une fraction de seconde. Il n’y avait ni plume ni bille, juste un petit trou noir. Sans réfléchir, Malko plongea sur l’homme encore allongé et parvint de la main gauche à saisir à nouveau son poignet droit. L’autre ne cherchait plus à dissimuler ses intentions. De toutes ses forces, il tentait d’échapper à la prise de Malko, et de braquer le stylo sur son visage. Heureusement, il n’avait guère de force physique. Inexorablement, Malko réussit à replier son bras vers lui, la pointe du stylo désormais dirigée sur le visage de son adversaire.