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— Aïe, aïe, aïe ! fit le drone en se tournant d’abord vers l’écran, puis de nouveau vers Horza. Vous n’auriez pas par hasard oublié de payer votre emplacement ?

— Plus rien, annonça Wubslin.

Le drone chassa de sa coque les câbles qui s’y accrochaient encore. Horza lança un regard aigu à l’ingénieur.

— Quoi ?

Wubslin indiqua devant lui les commandes du transcepteur.

— Plus rien. On a coupé la communication avec le Contrôle de circulation.

Le vaisseau tout entier frémit. Un voyant se mit à clignoter, signalant que l’ascenseur de la soute principale venait de se refermer automatiquement.

Un courant d’air se fit brièvement sentir dans la passerelle. De nouveaux voyants s’allumèrent sur le tableau de bord.

— Merde, fit Horza. Qu’est-ce qu’on fait maintenant ?

— Bon, eh ben, salut les gars ! lança précipitamment le drone, qui prit un départ fulgurant, étendit un champ aspirant afin d’ouvrir la porte, puis s’engouffra dans la coursive en direction de l’escalier du hangar.

— Chute de pression ? se demanda Wubslin à voix haute tout en se grattant la tête – pour changer –, les sourcils froncés et l’œil rivé à ses écrans.

— Kraiklyn ! cria la voix de Yalson dans les haut-parleurs de leurs appuie-tête.

Sur le tableau de bord, une lumière indiquait qu’elle appelait du hangar.

— Quoi ? jeta Horza.

— Qu’est-ce qui se passe, bon sang ? On a bien failli se faire écrabouiller ! Le Minidock se vide de son air et l’ascenseur du hangar vient de se mettre en mode alarme ! Mais qu’est-ce qui nous est arrivé ?

— Je t’expliquerai, répondit Horza. (La bouche sèche, il avait l’impression de sentir un bloc de glace dans son ventre.) Est-ce que Gravante est encore là ?

— Évidemment qu’elle est là, bordel !

— Bien. Remontez tout de suite au mess. Toutes les deux.

— Kraiklyn…, commença Yalson.

Puis une autre voix s’interposa ; tout d’abord assez éloignée du micro, elle s’en rapprocha rapidement.

— Fermée ? Fermée ? Pourquoi la porte de cet ascenseur est-elle fermée ? Non mais, qu’est-ce qui se passe au juste sur ce vaisseau ? Allô, la passerelle ? Commandant ? (Les haut-parleurs transmirent un fort tapotement, puis la voix synthétisée reprit :) Pourquoi est-ce qu’on me barre la route ? Laissez-moi immédiatement débar…

— Sors de là, espèce de crétin ! fit Yalson, qui reprit : C’est encore ce foutu drone.

— Venez ici, Gravante et toi, répéta Horza. Tout de suite. (Il éteignit le circuit com du hangar, fit rouler son siège afin de se dégager et de se remettre debout, puis donna de petites tapes sur l’épaule de Wubslin.) Attache-toi. Prépare tout pour le décollage. Tout, tu m’entends ?

Il s’élança par la porte ouverte et vit dans la coursive Aviger qui venait du mess. Ce dernier ouvrit la bouche pour parler, mais Horza le dépassa à toute allure sans s’arrêter.

— Pas maintenant, Aviger.

Il appliqua son gant droit contre la serrure de la porte de l’armurerie, qui s’ouvrit avec un déclic, et jeta un coup d’œil à l’intérieur.

— Je voulais seulement te demander…

— … ce qui se passe ici, oui, je sais, acheva Horza en soulevant le plus gros étourdisseur qu’il put trouver.

Puis il referma violemment les portes de l’armurerie et remonta en toute hâte le couloir jusqu’au réfectoire, où il trouva Dorolow endormie dans un fauteuil. Après quoi il s’engagea dans la coursive du secteur habitation, alluma son arme, régla sa puissance au maximum, puis la cacha derrière son dos.

Le drone apparut en premier. Il monta l’escalier en planant au-dessus des marches, puis fonça dans le couloir en planant à hauteur d’yeux.

— Commandant ! Vraiment, je proteste…

Horza ouvrit une porte d’un coup de pied, attrapa l’avant biseauté de la machine au moment où celle-ci arrivait devant lui et la précipita dans la cabine, dont il referma prestement la porte. Il entendait des voix dans l’escalier du hangar. Il maintint fermement la poignée. Le drone tira de son côté, puis se jeta contre la porte.

— Ceci est proprement scandaleux ! pleurnicha une lointaine petite voix métallique.

— Kraiklyn ! fit Yalson au moment où sa tête apparaissait en haut des marches.

Horza sourit et apprêta son arme derrière son dos. La porte de la cabine encaissa un nouveau coup qui lui secoua la main.

— Laissez-moi sortir !

— Kraiklyn, vas-tu enfin nous dire ce qui se passe ? insista Yalson en s’approchant.

Balvéda était pratiquement arrivée en haut de l’escalier. Elle portait un grand fourre-tout à l’épaule.

— Je vais me fâcher !

La porte trembla à nouveau.

Un ululement aigu et pressant s’éleva derrière Yalson ; il provenait du sac de Balvéda et fut bientôt suivi par un bruit de parasites. Yalson ne parut pas entendre le premier de ces deux sons, qui était une sirène d’alarme. Mais Horza entendit vaguement bouger Dorolow quelque part derrière lui, dans le réfectoire. En percevant tout à coup l’émission de parasites, message ou signal fortement comprimé, Yalson fit mine de se retourner vers Balvéda.

Aussitôt Horza se rua en avant, lâchant la poignée de la porte et ramenant devant lui la main qui tenait son arme afin de mettre Balvéda en joue. Déjà la femme de la Culture laissait choir son fourre-tout. Sa main se porta à son flanc, si rapidement que Horza eut peine à suivre le mouvement. Le Métamorphe se lança entre Yalson et la paroi de la coursive, projetant la jeune mercenaire de côté. Simultanément, il visa Balvéda en plein visage et pressa la détente. L’arme bourdonna dans sa main tandis qu’il continuait sur son élan et perdait l’équilibre. Tout en tombant, il s’efforça de garder le canon pointé sur sa cible. Il heurta le pont juste avant que l’agent de la Culture ne s’effondre à son tour.

Projetée contre la paroi, Yalson cherchait encore à recouvrer son propre équilibre. Horza resta quelques instants étendu au sol à surveiller les pieds et les jambes de Balvéda, puis se releva en toute hâte et vit cette dernière remuer faiblement ; ses cheveux roux frottèrent contre le revêtement du pont et ses yeux noirs s’ouvrirent fugitivement. Le Métamorphe appuya à nouveau sur la détente de l’étourdisseur et visa à nouveau la tête de la jeune femme. Celle-ci se convulsa une seconde, la bave aux lèvres, puis s’affaissa en perdant le bandana rouge qu’elle portait autour de la tête.

— Ça va pas, non ? hurla Yalson.

— Elle ne s’appelle pas Gravante, répondit-il en se tournant vers elle. Son vrai nom est Pérosteck Balvéda, et c’est un agent de la Culture, section Circonstances Spéciales, l’euphémisme qu’ils emploient pour désigner leurs services de Renseignement Militaire, au cas où tu l’ignorerais encore.

Yalson avait reculé presque jusqu’à l’entrée du mess et le regardait, l’air affolé, les mains agrippées à la cloison de part et d’autre de son corps. Horza voulut s’approcher, mais elle se déroba et il la sentit toute prête à lui sauter dessus. Il s’arrêta donc à quelques centimètres d’elle et lui tendit son étourdisseur en le tenant par le canon.

— Si tu refuses de me croire, on va tous y passer, reprit-il en poussant l’arme dans les mains de la jeune femme, qui finit par l’accepter. Je ne plaisante pas. Fouille-la, il faut savoir si elle est armée. Puis traîne-la dans le carré et attache-la sur un siège. Lie-lui les mains bien serré. Et les jambes aussi, tiens. Ensuite, tu iras t’attacher toi-même. On s’en va ; je t’expliquerai plus tard. (Il fit mine de se mettre en marche, puis se retourna brusquement et la regarda droit dans les yeux.) Ah ! et n’oublie pas de lui refiler un coup d’étourdisseur de temps en temps, à puissance maximale. Les gens de Circonstances Spéciales sont très résistants.