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L’auteur de ce roman s’est efforcé autant qu’il l’a pu de cacher à ses lecteurs l’hypothèse horrible, que les historiens de l’art eux-mêmes n’osent avancer qu’en tremblant, selon laquelle le mythique « Maître de l’Observance », qui l’a tant fait rêver, ne désignerait que la période de jeunesse de Sano di Pietro, influencé par Sassetta.

En allant se faire une opinion par lui-même, le lecteur commencera son pèlerinage à Sienne. Il découvrira, un peu à l’écart de la ville et des circuits touristiques, dans la basilique de l’Observance, le tableau d’autel daté de 1436 à partir duquel le « Maître de l’Observance » a été défini par Longhi. Il s’apercevra qu’il ne s’agit en rien du tableau décrit dans ce roman. Sa prédelle n’est pas dispersée à travers le monde : elle se trouve encore à Sienne, à la Pinacothèque nationale. Espérons que cela ne l’empêchera pas d’aller voir les œuvres, bien réelles, qui ont inspiré chacun de ces chapitres : les peintures données au « Maître de l’Observance » à la National Gallery de Washington (les quatre scènes de la vie de saint Antoine), à la Yale University Art Gallery de New Haven (deux autres scènes de la vie du saint ermite cher à Flaubert) et au Metropolitan de New York (le sublime Saint Antoine tenté par un tas d’or et la Madone aux deux chérubins).

Le lecteur curieux pourra aller voir ensuite l’extraordinaire Saint Thomas d’Aquin en prière de Sassetta au Musée des Beaux-arts de Budapest, la Vierge d’humilité du Siennois Giovanni di Paolo dans la collection Thyssen (moins bien exposée à Madrid, qu’elle ne l’était à Lugano, à l’époque où se situe l’action de ce roman), ou, à Prague, les tableaux retrouvés dans les greniers du palais royal. Parmi les autres œuvres qui ont inspiré ce roman, figurent aussi quelques tableaux de Fra Angelico, conservés au Musée du couvent de San Marco à Florence et les panneaux de l’Histoire des saints Côme et Damien de la Pinacothèque de Munich et du Louvre.

Aucun de ces tableaux, devant lesquels ce roman a été écrit, n’est décrit avec exactitude. La chance du romancier n’est-elle pas aussi de pouvoir inventer des œuvres d’art imaginaires, surtout si c’est pour enrichir le catalogue d’un artiste qui n’existe peut-être pas véritablement ?