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— Ça te plaît? a demandé grand-papa.

— On a pensé que ça serait joli avec ta belle mèche, a ajouté grand-maman.

— Comme je vous aime! me suis-je écriée en les embrassant pour cacher mon émotion. Vraiment, je suis la plus gâtée des petites-filles!

— Tu es pourtant bien grande! a toussé grand-maman avant de nous inviter à pas­ser à table.

On a applaudi quand elle a apporté la dinde. Sachant que je mangerais plus tard du homard, je n'en ai repris qu'une fois. La farce était sublime, onctueuse, savoureuse! Et la bûche glacée! Ah! C'était dur de ré­sister!

— Il y en aura encore demain, m'a assu­ré grand-papa. Pense à ton party! D'ailleurs, il serait peut-être temps que je vous y con­duise?

Chapitre 12 Le réveillon

On a embrassé tout le monde et on est partis avec nos cadeaux. Le sac de plage n'allait pas tellement avec ma robe de sa­tin, mais c'était sans importance, puisque je rendais service à mon cousin.

— On a eu des cadeaux fantastiques, ai-je dit à Pierre en pénétrant dans le hall de l'hôtel. On aurait peut-être dû rester avec notre famille.

— Et laisser Octave tout seul avec son père?

— Il ne sera pas seul, puisque ses amis seront là.

— Ses amis? Tu parles d'Antonio et de John? Je n'appelle pas ça des amis... Anto­nio peut-être, mais pas John!

— Que veux-tu dire?

Enfin! Il se rangeait à mon avis depuis le temps que je lui disais que je n'aimais pas John.

—- Il a essayé de nous dresser l'un contre l'autre en voulant me faire croire qu'Octave courait après Maia. Il m'a dit trois fois de me méfier d'Octave, qu'il tenterait de sé­duire ma blonde. Et qu'au fond, j'étais trop jeune pour elle et que Maia préférait les types qui avaient du cran...

— Quel rapport?

— Je ne sais pas. Mais cette attitude m'a agacé. D'autant plus qu'Octave n'est pas amoureux de Maia, puisqu'il aime une autre fille.

— Ah!

— Il n'a pas voulu me dire qui c'est, mais d'après lui, c'est la plus jolie fille de la plage. Et la plus intelligente. Et la plus dynamique, et...

— Tant mieux pour lui. Octave peut bien sortir avec qui il veut, je m'en fous.

— Moi, ça me fait plaisir pour lui. Il a toujours été correct avec nous. C'est bien grâce à lui si on n'est pas encore coincés à Atlanta! Tu te rends compte? Je n'aurais pas connu Maia!

Maia par-ci, Maia par-là!

— J'espère qu'elle va aimer mon ca­deau! C'est dommage qu'elle ne puisse pas rester toute la nuit. Ses parents devraient comprendre!

Antonio et Maia pouvaient rester à l'hôtel jusqu'à minuit. Ensuite, ils devaient rejoindre leurs frères et soeurs pour célé­brer Noël en famille. Ils avaient essayé de négocier sans succès: la soeur de Maia ve­nait d'avoir un bébé, et tout le monde devait se réunir autour du berceau pour s'extasier!

— C'est idiot, parce que le bébé ne s'en souviendra même pas, alors que nous... nous n'oublierions jamais cette nuit de Noël si nous la passions ensemble!

Dans un genre moins romantique, je ne l'oublierais pas non plus!

La soirée avait pourtant commencé très gentiment. Le père d'Octave avait fait les choses en grand! Il avait engagé un orches­tre pour jouer durant le réveillon. Réveil­lon qui se déroulerait sur la plage où l'on avait dressé un immense buffet! J'avais bien fait de ne pas trop manger de dinde!

Il y avait des petits fours chauds de toutes les sortes, mini-pizzas, quiches aux épinards, beignets aux crevettes, canapés au caviar (j'imagine que c'était du vrai!), pailles au fromage, bouchées à la reine. Puis des salades plus exotiques les unes que les autres, des montagnes de fruits, de légumes, cinq sortes de sauces à trempette, un saumon fumé complet. Et, bien sûr, du homard grillé froid, dont la carapace était aussi rouge que la chair était tendre.

Je me suis peut-être fait remarquer en remplissant mon assiette à ras bords, mais je voulais être certaine de goûter à tout. C'est avec enthousiasme que j'ai assuré à Octave que sa fête était réussie. Je n'ai pas vu sa nouvelle conquête. Elle n'avait pas pu venir? Ça ne semblait pas l'attrister...

— Et ce n'est pas tout! Après le dessert, on échangera nos cadeaux, puis il y aura un feu d'artifice! Ensuite, on dansera!

Octave a eu l'air content que Pierre lui donne un enregistrement des Dominos. Mais je comprends qu'il ne l'ait pas écouté immédiatement, trop excité qu'il était par le cadeau de son père!

Une hydromoto!

On dit souvent que les parents qui font de gros cadeaux essaient ainsi de se décul­pabiliser et de faire oublier leurs absences. Le père d'Octave ne devait pas être sou­vent à la maison pour avoir tant à se faire pardonner! Une hydromoto! Pierre avait les yeux tout écarquillés! Surtout quand Octave lui a dit sur un ton anodin qu'il la

lui prêterait s'il en avait envie. J'ai cru qu'ils iraient l'essayer à la minute même!

Maia a retenu Pierre, et le feu d'artifice a attiré les gens qui se promenaient sur la plage: c'était super, tout le monde se par­lait et dansait. Les fusées explosaient dans la nuit en bouquets lumineux, en élégantes échappées ou en couronnes! C'était mer­veilleux! Féerique! Fantastique!

C'est comme dans- un rêve que j'ai en­tendu la voix chaude de Jeremy à mon oreille. Il m'invitait à danser!

Et l'orchestre jouait justement un slow! Jeremy dansait comme un dieu! Je le sen­tais tout souple contre moi. Si souple que j'avais l'impression non pas de suivre ses mouvements, mais de les deviner, de les pressentir comme si on faisait de la télépa­thie. On communiait vraiment! J'avais passé ma main sous sa queue de cheval, et il me caressait la nuque si doucement...

C'est à ce moment que Flash-Fluo m'a tapé sur l'épaule en me demandant si je voulais danser avec lui. Quel imbécile! Il ne voyait pas que Jeremy et moi étions faits pour être ensemble!

J'ai rugi un «non» formel et définitif, mais ça ne l'a pas arrêté. Il m'a attrapée par le bras et m'a tirée sans que Jeremy ait le temps de réagir.

— Mais laisse-moi! Laisse-moi!

— Quand tu m'auras écouté! Ton bel­lâtre blond pourrait être arrêté par la police! Alors, tu n'as pas intérêt à être avec lui!

— Mais je sais qu'il est recherché!

— Tu... le... sais?

De surprise, il m'avait lâchée.

Il a tourné les talons avec rage et est allé directement au bar se servir un verre. Octa­ve est venu me demander ce qui se passait:

— Tu as l'air furieuse.

— Ce n'est rien. Mais ce type m'énerve! Je dansais avec Jeremy quand l'autre est arrivé! C'est toi qui l'as invité?

— Oui, il est très drôle, je t'assure. Et il écrit de très bons articles sur des sujets d'ac­tualité. Mon père l'a rencontré plusieurs fois à Montréal.

— Il est vraiment journaliste?...

— Mais oui. Tu en doutais?

— Non, ai-je répondu, dépitée.

Ça m'embêtait réellement que Flash-Fluo m'ait dit la vérité. S'il avait raison sur ce point, il ne se trompait peut-être pas au sujet de Jeremy...

— Tu veux danser? m'a demandé Octave.

— Non, cette danse m'est réservée, a dit Jeremy en m'enlaçant. On a tourbillonné longtemps jusqu'à ce qu'on trouve un coin plus tranquille sur la plage. Il est allé nous chercher des boissons et, quand il a cogné délicatement son verre contre le mien, il a dit:

— A toi, ma belle.

Chapitre 13 Au clair de lune

Ah! Il me trouvait belle! Je me méfiais un peu, mais je ne savais plus quoi dire. J'oubliais toutes les questions qui se bous­culaient dans mon esprit. Et j'ai balbutié:

— Toi aussi, tu es beau... Tu sais ce que j'aimerais? Que tu enlèves tes lunettes! C'est bizarre d'en porter le soir. Et il n'y a personne autour pour te voir...

Il les a remontées et plantées dans son épaisse chevelure, puis il s'est approché de moi. J'ai fermé les yeux, croyant qu'il m'embrasserait. Mais j'ai senti un liquide glacé couler sur mon bras. J'ai crié en me redressant d'un bond!