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Sur les quelque quatre-vingts cuirassés et croiseurs de combat syndics que la flotte avait affrontés à Lakota, six cuirassés et dix croiseurs au moins avaient été détruits pendant ces batailles. Les senseurs de l’Alliance avaient également confirmé l’anéantissement de vingt croiseurs lourds et de dizaines de croiseurs légers et d’avisos ennemis. Mais de nombreux vaisseaux syndics avaient aussi été sévèrement touchés, parfois par l’Audacieux, le Rebelle et l’Infatigable quand ils s’étaient battus jusqu’à la mort. Ces bâtiments blessés étaient restés sur place quand le commandant en chef syndic avait lancé un fort détachement aux trousses d’une flotte de l’Alliance en débandade.

La grosse formation de vaisseaux syndics endommagés se composait de quatre cuirassés, pas moins de sept croiseurs de combat, ainsi que de trente croiseurs lourds. Un autre cuirassé, deux croiseurs de combat et trois croiseurs lourds, qui tous avaient subi de lourds dommages, s’efforçaient de s’en rapprocher, s’ajoutant aux deux cuirassés opérationnels de la flottille de surveillance. Une douzaine de croiseurs légers et d’avisos sortis en claudiquant des docks de radoub s’éparpillaient tout autour, dont certains tentaient de joindre leurs forces à la défense de leurs camarades impuissants.

Geary calcula vecteurs et minutage. Si tous ces vaisseaux parvenaient à opérer la jonction, ils formeraient une flottille relativement dangereuse en dépit de sa faiblesse. Mais, compte tenu des distances impliquées et des avaries aux unités de propulsion dont avaient souffert tant de ces bâtiments, les défenseurs syndics ne pourraient arriver que par vagues successives, passablement branlantes, de quelques unités, à moins de battre en retraite pour tenter de se regrouper loin de la flotte, au risque de permettre à l’Alliance de laminer sans encombre leur plus grosse formation. Ils gagneraient sans doute un peu de temps, mais pas assez pour sauver leur peau, à moins que la flottille qui poursuivait la flotte n’émergeât du point de saut plus tôt que Geary ne l’escomptait.

Deux remorqueurs halaient un peu plus tôt un croiseur lourd syndic criblé de tirs, à quelque trois minutes-lumière du point de saut. Le malheureux croiseur lourd avait sans doute été contraint de patienter le plus longuement en attendant l’arrivée d’un remorqueur. Et, maintenant qu’ils n’avaient plus aucun espoir d’échapper aux destroyers et aux croiseurs légers de l’Alliance, les équipages de ces deux remorqueurs abandonnaient leur vaisseau et des capsules de survie se déversaient frénétiquement de ces bâtiments lents et maladroits. Le croiseur lourd lui-même en vomit plusieurs, signalant que l’équipe de renflouage quittait elle aussi son bord.

Les destroyers Jinto et Herebra de l’Alliance atteignirent les premiers les remorqueurs et les firent voler en éclats d’un tir de lance de l’enfer à courte portée, avant d’altérer leur trajectoire pour fondre sur leur cible suivante. Juste derrière eux, le Contus, le Tavik et les croiseurs légers Tierce, Garde et Fente passèrent au-dessus du croiseur lourd déserté et légèrement sur bâbord, en martelant sa coque de leurs lances de l’enfer jusqu’à ce qu’elle se fragmente en innombrables débris. « Voyons un peu comment ils vont s’en remettre, lâcha Geary.

— Et en voilà un autre », renchérit allègrement Desjani en voyant un croiseur léger syndic solitaire, que son équipage avait également abandonné, se démanteler sous le feu d’une demi-douzaine de destroyers.

Frappé par une idée subite, Geary transmit des ordres : « Ocréa, veuillez recueillir quelques-unes des capsules de survie de ce croiseur lourd à votre bord. J’aimerais savoir ce que ses spatiaux pourraient nous dire du délai qu’il a fallu à la flotte syndic pour sauter derrière nous et, éventuellement, de sa composition. » Sans doute l’Ocréa, un de ses croiseurs lourds, ne disposerait-il pas de salles d’interrogatoire comparables à celles de l’Indomptable, mais Geary n’avait pas le loisir de faire transférer ces prisonniers à bord du vaisseau amiral pour les questionner. Choqués par la réapparition de la flotte de l’Alliance et la destruction de leur vaisseau, certains matelots syndics n’hésiteraient pas à se mettre à table.

Il était également temps de réactualiser le plan de manœuvre en fonction de la réaction des Syndics. Leur stratégie défensive avait, de fait, simplifié les exigences de l’Alliance. Tandis que se rassemblaient leurs vaisseaux, ceux de l’Alliance qui s’étaient dispersés pour les abattre un par un avaient eu le temps, eux aussi, de se fondre en de plus grandes formations. Geary, le front plissé, fixa l’hologramme où la flottille de bâtiments ennemis endommagés était désignée sous le nom de « flottille sacrifiée ». Les systèmes tactiques baptisaient automatiquement toute formation ennemie, et Geary ne constata pas sans surprise qu’ils avaient affublé celle-là d’une désignation spécifique plutôt que d’un nom générique comme « flottille Alpha ». Le comportement parfois trop humain des systèmes automatisés était toujours un tantinet déconcertant.

Pas question de tenter une tactique fantaisiste exigeant de nombreuses manœuvres. Les sous-formations se condenseraient en formations plus importantes et plus lâches, qui survoleraient directement la « Sacrifiée » (la plus grosse des Syndics) puis piqueraient sur elle pour frapper d’abord ses vaisseaux les moins endommagés qui chercheraient à se regrouper en une force autonome, puis, juste après, les deux cuirassés qui filaient devant la flottille de surveillance. « Qu’est-ce que vous en dites ? » demanda-t-il à Desjani.

Elle l’étudia, le visage intense. « Une succession de passes au-dessus de la Flottille sacrifiée afin de réduire au silence ses armes encore opérationnelles ? Vous n’avez pas l’intention de détruire tout de suite ces vaisseaux ?

— Pas tant que les auxiliaires n’auront pas fini de piller les bâtiments de radoub. Je ne tiens pas à ce que les débris d’un bâtiment viennent saborder l’opération. Nous pourrons toujours les achever quand nous nous détacherons de la Flottille sacrifiée. Quatre de nos cuirassés se seront joints d’ici là à nos auxiliaires. »

Desjani opina. « La troisième division de cuirassés elle-même serait en mesure de détruire ces bâtiments ennemis dont tous les systèmes sont morts. Mais vous devrez laisser au moins deux autres cuirassés ou croiseurs auprès de la formation des auxiliaires.

— Pourquoi ? Je sais que le Guerrier a encore été pilonné, mais l’Orion et le Majestic peuvent soutenir un combat et le Conquérant est en très bon état. Je vais leur adjoindre le Conquérant puisqu’il appartient à la même division. Ces quatre cuirassés devraient pouvoir s’opposer à tout ce qui parviendrait à traverser la flotte. »