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Geary secoua la tête. « Pas quand les tubes commenceront à pomper le minerai de ces bâtiments syndics. Nous n’avons pas l’habitude, j’imagine, de voir des parasites à cette échelle.

— Ont-ils ce que nous cherchons ?

— En partie. » Geary fixa l’hologramme en se renfrognant. De nombreuses fenêtres s’y chevauchaient, montrant des détails exhaustifs sur les besoins de la flotte et sur ce qu’on avait découvert dans les bâtiments syndics. La masse énorme de petits caractères et de termes peu familiers lui interdisait de comprendre ce qui se passait. « Pourquoi est-ce que ça ne peut pas se contenter de m’apprendre la quantité de minerai dont nous avons besoin dans chaque cas, et celle que nous pouvons nous procurer ? Capitaine Desjani, pourriez-vous demander à votre officier d’ingénierie de m’afficher un rapport m’exposant en termes simples où nous en sommes du remplissage de nos soutes ? »

Desjani hocha la tête et transmit l’ordre puis sourit de satisfaction. « Nous avons reçu deux lourdes navettes de réapprovisionnement du Titan, capitaine. Quand les nouvelles cellules d’énergie seront installées, le niveau des réserves de l’Indomptable remontera à soixante-cinq pour cent. Nous avons aussi reçu soixante conteneurs de mitraille et sept spectres, ainsi que d’importantes pièces détachées dont nous avions besoin mais que nous ne pouvons pas fabriquer nous-mêmes.

— Excellent. Est-ce là tout ce que le Titan enverra à l’Indomptable ?

— Nous recevrons une troisième navette si le délai le permet, capitaine. »

Encore mieux. Geary se sentit sourire. « Maintenant, si nous pouvions aussi recevoir des vivre… »

La vigie de l’ingénierie venait d’apparaître et s’éclaircissait la voix pour attirer son attention. « Excusez-moi, capitaine. Puis-je… » Ses doigts pianotèrent rapidement sur des touches et une fenêtre apparut sur son écran, montrant des diagrammes indiquant la capacité totale des soutes de ses auxiliaires et la quantité de minerais bruts trouvés sur ceux des Syndics ou déjà transbordés. « Merci. C’est quoi, cette colonne ?

— Les vivres, capitaine, déclara l’ingénieur sur le ton satisfait d’un subordonné répondant à une question que son supérieur ne lui a pas encore posée. Les bâtiments syndics que nous avons abordés étaient tous bourrés de réserves de vivres. À ce que j’ai cru comprendre, les stocks entreposés sur les vaisseaux civils sont en fait d’une qualité assez convenable. Ce sera sans doute loin d’être suffisant, mais nous allons aussi refaire le plein de vivres ici.

— A-t-on analysé des échantillons pour vérifier qu’ils n’étaient pas contaminés ? » s’enquit Rione.

L’ingénieur afficha une mine stupéfaite : « Oui, madame la coprésidente. Je suis persuadé qu’ils ne le sont pas. Pas plus que les minerais bruts que nous tirons de leurs soutes. Mais je procéderai à un second contrôle.

— Contrôle total : macro, micro, nano, organique et inorganique, ajouta Rione.

— Oui, madame la coprésidente. Je suis sûr qu’ils comprendront. » L’ingénieur s’interrompit, se demandant visiblement si Rione était habilitée à leur donner des ordres, aux quatre auxiliaires et à lui.

« Assurez-vous que ce sera fait », renchérit Geary.

Soulagé de recevoir enfin un ordre d’un homme dont il était certain qu’il pouvait lui en donner, l’ingénieur salua et se hâta de rejoindre son poste pour transmettre les instructions.

« Pardonnez-moi d’avoir désorienté votre ingénieur, déclara Rione. J’aurais dû vous demander de lui donner vous-même ces instructions.

— Il n’y a pas de mal. Et je suis content que vous ayez abordé le sujet. Compte tenu de l’effervescence, on aurait pu omettre de procéder à toutes les analyses possibles de ces vivres syndics, qu’ils auraient pu empoisonner avant de quitter leurs vaisseaux.

— Il n’est pas mauvais, parfois, d’avoir sous la main une politicienne à l’esprit tortueux, n’est-ce pas ? » Rione tourna les talons pour regagner son siège puis fit volte-face : un autre message venait d’arriver pour Geary.

Le colonel Carabali semblait satisfaite, du moins autant qu’un fusilier pouvait le laisser transparaître. « Nous pensons avoir trouvé tous les compartiments de l’Audacieux qui abritaient des prisonniers, déclara-t-elle. C’est un miracle qu’il n’y ait pas eu plus de morts, compte tenu de leur surpeuplement et du piètre état des supports vitaux, mais les officiers supérieurs de chaque compartiment procédaient à la relève des détenus, de sorte qu’aucun n’a été écrasé. Mes éclaireurs ont estimé qu’ils auraient commencé à succomber dans une journée en raison des mauvaises conditions de détention. Tous ont besoin de s’alimenter et la plupart souffrent de blessures mal soignées. Les Syndics ont négligé de panser les moins graves.

— Combien sont-ils ? demanda Geary en songeant au nombre des spatiaux que l’Alliance avait perdus dans ce système.

— Nous procédons encore à leur énumération. Environ neuf cents spatiaux de la flotte et dix-huit fusiliers. Le capitaine Cresida a insisté pour en héberger la plupart sur le Furieux, l’Implacable et les croiseurs lourds de la formation, bien que les cuirassés en eussent volontiers accueilli quelques-uns. Le capitaine Casia a intercepté plusieurs navettes pleines pour son Conquérant. » Le ton de Carabali laissait clairement entendre que régler les différends entre les officiers de la flotte n’était pas du ressort de l’infanterie. « D’autres prisonniers de l’Alliance ont manifestement été transférés à bord de vaisseaux syndics pendant notre absence de Lakota, et il devrait donc en rester quelques-uns dans ce système stellaire. Des vaisseaux marchands contraints de se transformer en transports de détenus, selon ceux que nous avons libérés. Avons-nous une chance de les récupérer ?

— Pas très grande. Et elle diminue de seconde en seconde. » La flotte syndic pouvait surgir à tout instant et, plus le temps passerait, plus sa réapparition deviendrait imminente. « Nous n’avons arraisonné que les deux vaisseaux marchands syndics les plus proches et ils ne contenaient que des fournitures. Deux douzaines d’autres sont encore visibles dans ce système, mais hors de notre portée, si bien que nous ignorons ce qu’ils transportent. Dans la mesure où nous n’y avons pas repéré de camps de travail pour prisonniers de l’Alliance, nos gens devaient se trouver sur d’autres vaisseaux qui ont quitté très tôt ce système.

— Je comprends, capitaine. Nous nous préparons à évacuer l’Audacieux, rendit compte Carabali. Que devons-nous faire de ce qu’il en reste ? »

Geary fit la grimace. Autant il aurait aimé sauver ce bâtiment, autant son épave était incapable d’assurer sa propre défense, ni même, d’ailleurs, de suivre la flotte ; on ne pouvait pas non plus la remorquer sans la mettre tout entière en péril, et elle était probablement irréparable, fût-elle confiée au meilleur chantier spatial imaginable. Le seul avenir de ce vaillant vaisseau de guerre restait la mise à la ferraille, et il eût été stupide d’abandonner le métal aux syndics. « Pouvons-nous faire sauter son réacteur ?

— Oui, capitaine. Il est encore assez puissant.

— Alors réglez-le sur surcharge pour dans six heures et dégagez. »

Six heures devraient suffire. Geary voyait mal quelles circonstances auraient pu contraindre la flotte à s’attarder davantage auprès de la Flottille sacrifiée.

« Attendez ! » C’était Rione, qui se penchait sur Geary pour lui parler, le visage véhément. « Revenez sur votre décision de détruire ainsi l’Audacieux. »