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Il se masse les bajoues, les pétrit longuement.

— C’est tout ce que je sais, commissaire.

— Et c’est suffisant dis-je. A la suite de tout ça, ton beau-frère a dû se dégonfler, menacer de casser le morceau et ils se le sont payé dans la descente de col de Faucille pour éviter toute complication. On avait touché des drôles de coriaces, mon pauvre vieux, le gratin de la haute pègre. Mais ils ont réglé leur addition eux aussi.

* * *

Je fais libérer La Meringue grâce à l’intervention du Dabe, heureux du plein succès de notre entreprise, et nous allons rejoindre Béru et Pinaud, attablés au grand café du Souvenir et de l’Avenir réunis.

Le Mastar est ravi de revoir son vaillant adversaire.

— Fais pas cette vilaine frite avariée, La Meringue, lui dit-il, tiens, pour t’éventer les idées grises, je te fais ta revanche au piccol’s dames.

— Pas le cœur à ça, lamente le cachalot contrit.

— Et moi ! s’indigne le Gros, tu crois que je l’ai le cœur à ça, quand j’imagine ma bergère en train de déberlinguer sur les routes de France et quand je songe que j’eusse pu gagner le Tour et devenir quasiment milliardaire ? Hein ? tu crois que je l’ai le cœur à ça, dis, Patate ! Seulement si on se secouerait pas on deviendrait des lavasses, mon pote ! L’homme courageux, çui qu’est digne de ce nom et qu’a pas des accessoires d’organiquement-faible, il doit aller de l’avant ! Passe-moi le damier, Pinaud, et toi, San-A., commande les délicats breuvages. Pas la peine de faire un tirage au sort, cette fois c’est moi qui écluserai les blancs !

Pinaud dispose les verres pleins sur les cases noires, émoustillé à la perspective de l’empoignade qui se prépare.

— Vas-y, Béru ! fait-il avec gravité.

FIN