Выбрать главу

– 5 –

LXXVIII. Fatality ...............................................................1093

LXXIX. Où, après avoir manqué d’être rôti, Mousqueton

manqua d’être mangé ......................................................... 1105

LXXX. Retour ......................................................................1119

LXXXI. Les ambassadeurs...................................................1132

LXXXII. Les trois lieutenants du généralissime .................1145

LXXXIII. Le combat de Charenton .....................................1167

LXXXIV. La route de Picardie ............................................ 1182

LXXXV. La reconnaissance d’Anne d’Autriche.................. 1194

LXXXVI. La royauté de M. de Mazarin ..............................1202

LXXXVII. Précautions ........................................................1208

LXXXVIII. L’esprit et le bras...............................................1217

LXXXIX. L’esprit et le bras (Suite)..................................... 1223

XC. Le bras et l’esprit.......................................................... 1233

XCI. Le bras et l’esprit (Suite) ............................................ 1236

XCII. Les oubliettes de M. de Mazarin ............................... 1249

XCIII. Conférences ............................................................. 1256

XCIV. Où l’on commence à croire que Porthos sera enfin

baron et d’Artagnan capitaine ............................................ 1267

XCV. Comme quoi avec une plume et une menace on fait

plus vite et mieux qu’avec l’épée et du dévouement ..........1280

XCVI. Comme quoi avec une plume et une menace on fait

plus vite et mieux qu’avec l’épée et du dévouement (Suite)1291

– 6 –

XCVII. Où il est prouvé qu’il est quelquefois plus difficile aux rois de rentrer dans la capitale de leur royaume que d’en sortir ............................................................................ 1301

XCVIII. Où il est prouvé qu’il est quelquefois plus difficile aux rois de rentrer dans la capitale de leur royaume que d’en sortir (Suite).................................................................1312

Conclusion .......................................................................... 1319

À propos de cette édition électronique............................... 1323

– 7 –

I. Le fantôme de Richelieu

Dans une chambre du palais Cardinal que nous connais-

sons déjà, près d’une table à coins de vermeil, chargée de papiers et de livres, un homme était assis la tête appuyée dans ses deux mains.

Derrière lui était une vaste cheminée, rouge de feu, et dont les tisons enflammés s’écroulaient sur de larges chenets dorés.

La lueur de ce foyer éclairait par-derrière le vêtement magnifique de ce rêveur, que la lumière d’un candélabre chargé de bougies éclairait par-devant.

À voir cette simarre rouge et ces riches dentelles, à voir ce front pâle et courbé sous la méditation, à voir la solitude de ce cabinet, le silence des antichambres, le pas mesuré des gardes sur le palier, on eût pu croire que l’ombre du cardinal de Richelieu était encore dans sa chambre.

Hélas ! c’était bien en effet seulement l’ombre du grand homme. La France affaiblie, l’autorité du roi méconnue, les grands redevenus forts et turbulents, l’ennemi rentré en deçà des frontières, tout témoignait que Richelieu n’était plus là.

Mais ce qui montrait encore mieux que tout cela que la simarre rouge n’était point celle du vieux cardinal, c’était cet isolement qui semblait, comme nous l’avons dit, plutôt celui d’un fantôme que celui d’un vivant ; c’étaient ces corridors vides de courtisans, ces cours pleines de gardes ; c’était le sentiment railleur qui montait de la rue et qui pénétrait à travers les vitres de cette chambre ébranlée par le souffle de toute une ville liguée contre le ministre ; c’étaient enfin des bruits lointains et sans

– 8 –

cesse renouvelés de coups de feu, tirés heureusement sans but et sans résultat, mais seulement pour faire voir aux gardes, aux Suisses, aux mousquetaires et aux soldats qui environnaient le Palais-Royal, car le palais Cardinal lui-même avait changé de nom, que le peuple aussi avait des armes.

Ce fantôme de Richelieu, c’était Mazarin.

Or, Mazarin était seul et se sentait faible.

– Étranger ! murmurait-il ; Italien ! voilà leur grand mot lâché ! avec ce mot, ils ont assassiné, pendu et dévoré Concini, et, si je les laissais faire, ils m’assassineraient, me pendraient et me dévoreraient comme lui, bien que je ne leur aie jamais fait d’autre mal que de les pressurer un peu. Les niais ! ils ne sentent donc pas que leur ennemi, ce n’est point cet Italien qui parle mal le français, mais bien plutôt ceux-là qui ont le talent de leur dire des belles paroles avec un si pur et si bon accent parisien.

« Oui, oui, continuait le ministre avec son sourire fin, qui cette fois semblait étrange sur ses lèvres pâles, oui, vos rumeurs me le disent, le sort des favoris est précaire ; mais, si vous savez cela, vous devez savoir aussi que je ne suis point un favori ordinaire, moi ! Le comte d’Essex avait une bague splendide et enri-chie de diamants que lui avait donnée sa royale maîtresse ; moi, je n’ai qu’un simple anneau avec un chiffre et une date, mais cet anneau a été béni dans la chapelle du Palais-Royal ; aussi, moi, ne me briseront-ils pas selon leurs vœux. Ils ne s’aperçoivent pas qu’avec leur éternel cri : « À bas le Mazarin ! » je leur fais crier tantôt vive M. de Beaufort, tantôt vive M. le Prince, tantôt vive le parlement ! Eh bien ! M. de Beaufort est à Vincennes, M. le Prince ira le rejoindre un jour ou l’autre, et le parlement…

Ici le sourire du cardinal prit une expression de haine dont sa figure douce paraissait incapable.

– 9 –

– Eh bien ! le parlement… nous verrons ce que nous en ferons du parlement ; nous avons Orléans et Montargis. Oh ! j’y mettrai le temps ; mais ceux qui ont commencé à crier à bas le Mazarin finiront par crier à bas tous ces gens-là, chacun à son tour. Richelieu, qu’ils haïssaient quand il était vivant, et dont ils parlent toujours depuis qu’il est mort, a été plus bas que moi ; car il a été chassé plusieurs fois, et plus souvent encore il a craint de l’être. La reine ne me chassera jamais, moi, et si je suis contraint de céder au peuple, elle cédera avec moi ; si je fuis, elle fuira, et nous verrons alors ce que feront les rebelles sans leur reine et sans leur roi. Oh ! si seulement je n’étais pas étranger, si seulement j’étais Français, si seulement j’étais gentilhomme !

Et il retomba dans sa rêverie.

En effet, la position était difficile, et la journée qui venait de s’écouler l’avait compliquée encore. Mazarin, toujours épe-ronné par sa sordide avarice, écrasait le peuple d’impôts, et ce peuple, à qui il ne restait que l’âme, comme le disait l’avocat général Talon, et encore parce qu’on ne pouvait vendre son âme à l’encan, le peuple, à qui on essayait de faire prendre patience avec le bruit des victoires qu’on remportait, et qui trouvait que les lauriers n’étaient pas viande dont il pût se nourrir, le peuple depuis longtemps avait commencé à murmurer.

Mais ce n’était pas tout ; car lorsqu’il n’y a que le peuple qui murmure, séparée qu’elle en est par la bourgeoisie et les gentilshommes, la cour ne l’entend pas ; mais Mazarin avait eu l’imprudence de s’attaquer aux magistrats ! il avait vendu douze brevets de maître des requêtes, et, comme les officiers payaient leurs charges fort cher, et que l’adjonction de ces douze nouveaux confrères devait en faire baisser le prix, les anciens s’étaient réunis, avaient juré sur les Évangiles de ne point souffrir cette augmentation et de résister à toutes les persécutions de la cour, se promettant les uns aux autres qu’au cas où l’un