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Elle secoue la tête.

— Non, querido querido. Je suis une femme de la forêt, pas une femme de ménage. Essaie de ne pas m’oublier trop vite, Antonio. Moi, j’aurai toujours le souvenir de toi, mon francés… Toujours…

…SION

La voix délicate de l’hôtesse gazouille dans le haut-parleur :

— Nous allons atterrir dans quelques instants à Paris-Orly, vous êtes priés d’attacher vos ceintures. La température au sol est de 10 degrés centigrades…

Béru se retourne.

— Dix degrés plantigrades, on va drôlement regretter son Rasurel, hein ?

Il secoue sa présidente gavée de champagne qui pionce sur son épaule.

— Allez, ma Gosse, on recolle !

— Eusebio, laisse-moi dormir, proteste doucement la Baleine…

Béru rigole.

— J’sais pas à quoi t’est-ce qu’elle rêvait, v’là qu’elle m’appelle Eusebio, me dit-il, épanoui.

Marie-Marie, assise à mon côté, me tire par la manche.

— Tu vois bien que Mémé avait raison quand a disait qu’on pouvait pas trouver plus gentil, plus c… et plus cocu que m’n’onc’ Bérurier.

Je lui tire sa natte.

— Allons, sois bonne, Marie-Marie. On ne peut pas devenir une fille bien sans posséder beaucoup de bonté…

Elle me regarde, éclairée par un élan de tendresse.

— Tu ris triste, Antoine, c’est à cause d’Ibernacion ?

— J’sais pas, môme…

Elle me paraphrase :

— On peut pas rester un homme bien sans posséder beaucoup de franchise, avoue que t’as du chagrin d’elle ?

— Oui.

Elle se tasse un peu tandis que l’avion cherche sa piste, et mordille l’extrémité d’une de ses tresses…

— Tu as peur ? je demande.

Elle hausse les épaules.

— De l’avion ? T’es pas louf, Antoine !

— Alors de quoi ?

— De toi, fait-elle. T’as un cœur d’artichaut, Antoine. Demain tu l’auras oubliée, ou après-demain. C’est ce qui me tracasse.

— Ah oui ?

— Ouais, parce que tu vois, j’aimerais bien t’épouser un jour…

Elle me file un nouveau regard inquisiteur.

— Dans dix ans tu resteras encore très convenable, Antoine. Seulement v’là : est-ce que tu seras chiche de m’attendre ?

FIN

CON CON CLU SION SION

Quelques semaines aftère tout ce que je viens de vous causer, on est en train de faire le plein des sens dans une estation service dont le pompiste compte au nombre de nos relations à Béru et à moi.

Le Mastar émet un hoquet pareil au cri du dindon commotionné par une dinde de Noël.

— Non, mais t’as vu ça ! bredouille-t-il en me désignant la lunette arrière d’une bagnole en station sur la piste voisine.

« ÇA » c’est un petit sujet rigolo suspendu à l’arrière du véhicule en question, et destiné à amuser les voitures suiveuses. « ÇA » représente la tronche du gars Bérurier.

C’est gros comme un œuf. C’est rouge, marrant, porcin…

— Ma bouille ! bée Béru. Mon buste ! Et tout petit, gars, mate un chouïa !

Je m’approche pour admirer l’œuvre d’art.

Oui : il s’agit bien de la tête béruréenne, telle que l’ont reproduite les habiles Indiens Livaros.

Elle danse au bout d’un élastique et, sur le faux col, on peut lire, en caractères gras (bien entendu) ces mots qui la déifient une fois pour toutes :

Olida vous l’offre.

FIN FINALE