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— Cela dit, les mecs de Zero, ils doivent être doués en informatique, remarque Jeff.

— Oui, mais eux aussi ne sont que des hommes et ils commettent des erreurs. Comme aujourd’hui avec le numéro de licence. Ou ils se croient en sécurité.

— Et qu’est-ce que ça signifie pour nous ? demande Cyn.

— On doit aller à Vienne, annonce Anthony.

— Mais je dois aller à New York.

— Seulement dans trois jours. Au pire, j’y vais seul avec Chander.

— Tu viens ?

— Bien sûr ! Je ne peux pas louper ça !

— Moi aussi, je veux y aller », dit-elle. Peut-elle laisser passer cette occasion de se rapprocher de Chander ? « Tu as besoin de moi pour les interviews !

— Bien. On va faire encore une vidéo où nous expliquerons que nous avons une piste sérieuse. » Le rédacteur en chef se frotte les mains.

« Tu vas tout dévoiler ? demande Cyn.

— Non. Dans un premier temps, on ne va pas tout révéler à notre public. Nous allons simplement parler d’une piste. Ça donnera un peu de suspense.

— À votre place, je ne ferais pas cette vidéo, rétorque Chander. Inutile d’attirer trop l’attention. Quelques cracks parmi ceux qui nous suivent découvriront bien ces métadonnées. Et probablement aussi le bug de 3DWhizz. La question est de savoir s’ils obtiendront l’adresse IP à leur tour. Tôt ou tard, 3DWhizz se rendra compte de quelque chose s’ils appellent tous. Et si tout ça est discuté sur notre forum, Zero sera au courant de cette erreur. Auquel cas, il évitera de se connecter à ce réseau Wifi de Vienne.

— Bien, fait Anthony, maussade.

— On part quand ? » demande la journaliste. Chander lui adresse un rapide coup d’œil. Elle rougit.

« Demain matin par le premier vol. Je fais réserver nos places. On se donne rendez-vous à l’embarquement d’Heathrow à neuf heures. »

« Intéressant, dit Luís à Marten. Il y a quelques minutes, quelqu’un a appelé pour demander la facture avec le numéro de licence. Un employé la lui a envoyée.

— Qui ça ?

— Une adresse mail jetable. Impossible de savoir qui se cache derrière, comme il est impossible de savoir qui a appelé. Il s’est masqué derrière différents procédés d’anonymisation.

— Quelqu’un d’autre a également découvert les métadonnées et appelé le service de 3D Wonder Vision.

— Bien.

— Nous avons demandé l’aide d’Interpol. La police autrichienne doit absolument trouver ces types.

— Entre-temps, nous nous intéressons à cet Archibald Tuttle.

— Et les chutes d’eau ? » demande Marten, déçu de n’avoir quasiment aucune piste fiable.

« Il y en a trois cent soixante-quatorze », répond l’autre en scrollant sur le site. « On a pu en identifier trois cent douze. Grâce aux visiteurs du site qui les ont reconnues. Quant aux autres, c’est un mystère. »

Il affiche un document avec une carte du monde recouverte de points rouges, concentrés majoritairement dans les grandes villes. « La majorité des visiteurs de ce site ne se cachent pas. Leurs adresses IP sont parfaitement identifiables. Seuls 5 % des visiteurs utilisent TOR ou VPN. Les collègues de la NSA ont pu identifier certains des utilisateurs de TOR. Rien de suspect. Un pour cent utilisait, ou utilise un réseau privé virtuel. On bosse dessus. Deux des fournisseurs sont localisés aux États-Unis. On a adressé des requêtes FTSA et des National Letters of Security aux utilisateurs. Ils sont obligés alors de nous transmettre toutes leurs données. Peut-être trouvera-t-on des indices.

— Bien », dit Marten. Il réfléchit, puis soupire. « Concernant Vienne, les collègues de Langley doivent y envoyer du monde. »

Épuisé, Eddie regarde son écran. Il a examiné le script dans tous les sens. Son point de départ. Ses interprétations. Il ne découvre aucune erreur. Entre-temps, le programme de recherche a livré d’autres résultats. Ils ressemblent à ceux de la veille. Une question essentielle s’est tout de suite posée : Freemee est-elle au courant du problème ? Peut-être devrait-il entrer en contact avec eux. Il clique sur la page de contact de l’entreprise, mais une autre pensée lui vient : le fonds de commerce de Freemee, c’est les statistiques et leur évaluation. Qui, sinon eux, pourrait connaître ce dérèglement ? Il y a autre chose encore qui le taraude. Que Freemee bloque les données des personnes décédées, et seulement celles-là, invoquant le respect des familles et des proches, alors que n’importe qui s’y connaissant un peu pourrait en tirer des conclusions analogues aux siennes. Puis cette autre pensée. Il n’a trouvé des données que pour une infime partie des utilisateurs. Il ne peut exclure que toute cette affaire soit d’une bien plus grande envergure. Les conséquences en seraient alors effrayantes !

Eddie essaye de garder son sang-froid. Il est de plus en plus convaincu que l’entreprise dissimule un énorme scandale. Un terrible secret !

Je regarde trop de films, il y a sans doute une explication rationnelle.

Il ne sait que faire de tous ces résultats.

Il pourrait demander à Viola, après tout, c’est à cause des propos de sa mère qu’il a effectué ces démarches. Il sait cependant que ses histoires d’informatique ne l’impressionneront pas. Elles l’ennuieraient plutôt. En tant que journaliste, Cyn devrait y trouver de l’intérêt. La question est de savoir si elle comprendra ce dont il s’agit… Elle est parfaitement ignorante en la matière, comme 90 % de ses contemporains. Il pourrait aussi se contenter de publier ses découvertes sur son profil Freemee. Plutôt audacieux. Ou sur d’autres plates-formes. Mais il se sent encore trop peu sûr de lui. Il préférerait soumettre ces chiffres à des experts. Il n’a envie ni de s’attirer des ennuis ni d’être attaqué en diffamation par Freemee.

Il commence par faire une petite présentation. Il verra ensuite à qui la montrer.

Dans la salle de réunion, personne ne remarque que le regard de Joaquim n’est pas dirigé vers l’imposant écran, mais sur un téléphone anti-écoute, directement sous ses yeux. Il envoie un message qui ne contient qu’un code court. Son interlocuteur saura ce qu’il signifie.

Snowman :

On fait de nouveau les gros titres dans le monde entier.

Peekaboo777 :

Alors, cette histoire de coquetterie ?

Nachteule :

Maintenant, les gens ont peut-être une idée de ce que signifie être maître de ses données.

ArchieT :

La souveraineté des données n’est qu’un business model.

Peekaboo777 :

Comme chacun de nous.

Vendredi

Sur le chemin de l’école, Eddie enfonce ses écouteurs dans ses oreilles. Pour sa mère, ce qu’il écoute, ce n’est pas de la musique. Il a besoin de se concentrer. Et pour cela, rien de mieux que du hip-hop. Les jambes lourdes, il se dirige vers la station de métro. Il a à peine fermé l’œil. Toute la nuit, il a ruminé ses pensées.

Il prend enfin une décision. Même s’il est encore bien tôt pour téléphoner, il doit parler à quelqu’un de ce qu’il a mis au jour. Il prend son téléphone, éteint la musique avant de se raviser. Il cherche une cabine téléphonique, en trouve une à côté de la bouche de métro. Il s’y dirige et appelle Cyn chez elle.