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Nachteule :

Vous faites confiance à Bonsant ?

Snowman :

Tu veux dire à cause de ces histoires ?

ArchieT :

Qu’a-t-il pu trouver, ce pauvre gamin, au sujet de Freemee ?

Peekaboo777 :

J’en sais rien.

Dimanche

Les yeux encore gonflés de sommeil, Cyn s’extrait péniblement de son lit. Pendant le petit-déjeuner, sa fille ne parle que du chat avec Zero et de l’émission sur NBC.

« Tu vas raconter quoi ?

— Ça dépendra de leurs questions. »

La seule idée de participer à ce talk-show la met mal à l’aise. Les autres invités sont probablement rompus à ce genre d’exercice. Pourra-t-elle d’ailleurs placer un mot ?

« T’as de la chance ! New York !

— Un jour, on ira ensemble. Et pas pour le travail, dit Cyn.

— À propos de travail, je dois réviser mon français. On a un contrôle demain. »

Elle disparaît dans sa chambre et Cyn se prépare.

« Je t’appelle dès mon arrivée », dit-elle en guise d’au revoir.

Lorsqu’une heure plus tard Cyn s’approche du check-in, Chander s’y trouve déjà. Son pouls s’accélère. Comme à son habitude, il a l’air frais et dispos. Il la salue d’un large sourire. Il prend de ses nouvelles, ainsi que de sa fille et d’Annie. Cyn se détend en sa présence.

Tu es folle ! Il a douze ans de moins. Tu ne sais même pas ce qu’il fera après sa mission au Daily. Et pourtant…

Dans un premier temps, elle préfère ne rien raconter à Chander de ses échanges avec Zero. Elle-même ne sait pas bien comment appréhender cette situation.

« Comment s’est passée l’attaque des Anonymous ? demande-t-elle.

— Rien de bien grave. Des égratignures. Les techniciens d’Anthony s’y connaissent. »

Ils donnent leurs valises, elle ne conserve avec elle qu’un petit sac à dos. En voyant le personnel de sécurité devant les portiques, elle est de nouveau envahie par un mélange de peur et de colère, le même sentiment que pendant son interrogatoire. Mais ils ne font pas attention à elle.

« Une heure encore avant l’embarquement », observe Chander, un œil sur sa montre. « Viens ! Allons boire un café ! »

Chander remet à Cyn un nouveau téléphone et un étui à lunettes. « Avec les meilleures pensées d’Anthony. Fais-y attention. Par ailleurs, le journal te versera des indemnités pour ton séjour à New York.

— A-t-il compris que je ne veux plus entendre parler de sa traque ?

— Tu le connais mieux que moi. » Il rigole.

« J’ai moi aussi quelque chose pour toi. » Elle hésite un peu, regarde rapidement autour d’elle, puis sort le portable d’Eddie qu’elle dépose devant lui, avant de l’allumer. « Juste avant sa mort, Eddie m’a téléphoné. Ça avait l’air important.

— Tu le tiens d’où ? » demande-t-il.

Qu’est-ce qu’il a l’air concentré, tout à coup ! Peggy avait raison : lorsqu’il s’agit d’informatique, il est complètement absorbé.

« De sa mère.

— Manifestement, il en a verrouillé l’accès. L’écran d’accueil demande un mot de passe.

— Tu peux le craquer ?

— C’est la manière de faire des journalistes ?

— Quand c’est nécessaire.

— Je vais essayer. » Il regarde l’appareil. « Ça peut prendre un moment. Je n’y arriverai sans doute pas avant le décollage.

— Essaye, s’il te plaît. Je dois savoir ce qu’il s’est vraiment passé.

— Il s’y connaissait en informatique ? » Chander prend son propre ordinateur.

« Autant que je sache, oui.

— Bien. Ce genre de gamins se croit souvent très malin mais commet de grosses bourdes. On va d’abord essayer la méthode la plus simple. Si le mot de passe est simple, on peut l’allumer.

— Tu vas essayer différentes combinaisons ?

— Oui. T’as une idée ?

— Tout ce qui est en relation avec Viola.

— Ta fille ?

— Oui. Je crois qu’il était amoureux d’elle. »

Au bout de cinq minutes, ils peuvent consulter les données rassemblées par Eddie.

« Bon flair, fait Chander. Qu’est-ce qu’on cherche ?

— Ce qu’il a fait dernièrement, et qui n’est ni en lien avec l’école, les loisirs ou la musique.

— On embarque dans une demi-heure. Pendant le vol, on aura tout le temps.

— On peut s’y mettre maintenant », le presse Cyn.

Les doigts de Chander dansent sur le clavier et le trackpad.

« Les gens font des erreurs. Ils font toujours des erreurs. Celle-ci est particulièrement intéressante. Quelqu’un a voulu effacer ça. Il montre un dossier sur le bureau. Pas seulement le déplacer dans la poubelle. L’effacer complètement. Et je crois qu’il ne s’agissait pas d’Eddie.

— Mais ?

— Quelqu’un qui avait accès à son ordinateur. Online. Je peux peut-être trouver qui c’était. Il faudra attendre que nous soyons à New York.

— Il y a quoi dans ce dossier ? Tu peux consulter les fichiers ?

— Des scripts, des tableaux et une vidéo.

— Lance-la. »

L’image d’Eddie lui serre la gorge. Il est blême, épuisé. À l’arrière-plan, les murs de sa chambre tapisses de posters.

« Il y a neuf mois, Adam Denham était un garçon timide », dit Eddie face à la caméra. « Et puis il a commencé à utiliser les Act Apps de Freemee et s’est métamorphosé rapidement en un jeune homme attirant, téméraire. Trop téméraire ? Il y a quelques jours, il est mort lors d’une fusillade alors qu’il poursuivait un hors-la-loi en cavale. Peu après, quelqu’un a fait naître des soupçons dans mon esprit : et si les Act Apps de Freemee étaient responsables ? »

Cyn transpire. C’est de moi qu’il s’agit ?

« Une idée folle », murmure Chander.

« Foutaises, me suis-je dit. Ou alors il doit y avoir d’autres cas de personnes mortes parce que les Act Apps les ont rendues trop intrépides. J’ai donc étudié les chiffres. »

Eddie filme un diagramme tout en poursuivant. « J’ai comparé les taux de mortalité entre les utilisateurs de Freemee et les non-utilisateurs. Le résultat est sans équivoque. Depuis le lancement de Freemee, il y a deux ans, les deux taux sont identiques… »

« Donc tout est en ordre, dit Chander. Où veut-il en venir ? »

« … cependant, si l’utilisation de Freemee change réellement et positivement le cours de nos vies, il devrait y avoir chez ses utilisateurs moins d’accidents, de suicides, ou de décès. Le taux de mortalité parmi les utilisateurs de Freemee devrait donc bel et bien baisser. Ce n’est pas le cas. Cela peut être dû à plusieurs raisons. Tout d’abord, les chiffres sont imprécis. Ou alors Freemee n’est pas aussi puissante qu’elle le prétend. Éviter que les gens ne meurent est sans doute trop compliqué. Troisièmement : la différence est trop faible pour se faire ressentir dans les statistiques. Quatrièmement, on ne la remarque pas. C’est comme le cas des pommes de terre. »

« Intelligent, ce gamin », fait Chander tandis qu’Eddie réapparaît devant la caméra, avec un sac de pommes de terre.

« Dans ce sac, deux kilos de patates. Comme pour les chiffres de la mortalité, nous ne savons pas précisément comment s’effectue la répartition. Ainsi, dans ce sac, on ne sait pas si les légumes ont tous la même taille, si certains sont plus gros et d’autres plus petits. Autrement dit : de nombreuses morts naturelles et peu de morts accidentelles ? J’ai donc décidé d’affiner mes recherches. D’ouvrir le sac. De chercher la part de décès accidentels parmi les utilisateurs Freemee. Comme c’est le cas pour Adam Denham. Accidents, suicides, morts non naturelles. Trouver la proportion entre grosses et petites pommes de terre. Toutefois, Freemee n’a pas de données relatives aux causes des décès. Par égard envers les personnes décédées. »