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NBC a réservé une place en business class pour Cyn.

Manifestement, Chander a les moyens de s’offrir ce petit luxe. Ce n’est certainement pas le Daily qui le lui aura payé.

« C’est bien que tu sois à côté de moi.

— Je ne voulais pas laisser passer cette occasion, dit-il en posant sa main sur la cuisse de Cynthia.

— Cette histoire me donne du grain à moudre. » Elle pose sa tête sur son épaule. « Je connais Eddie depuis qu’il est tout petit… Excuse-moi si je suis un peu absente.

— Compte sur moi pour te changer les idées à New York », plaisante-t-il en affichant un large sourire.

Elle sourit. Elle pense à la vidéo. Et si sa mort était liée ?

« La série de décès a donc commencé il y a plus ou moins sept mois pour s’achever il y a un à deux mois, résume-t-elle.

— De nouveau paranoïaque ? » Il s’étire. « Tu ne crois tout de même pas que Freemee a provoqué la mort de ces gens ?

— Pas intentionnellement… Encore que… Mais n’y pensons plus. Ce n’était peut-être que des accidents, après tout. Des boules de cristal pas assez sophistiquées, des Act Apps mal programmées, des trucs dans le genre. Le Tchernobyl des big data. Ce ne serait pas étonnant, considérant la manière dont les logiciels sont mis sur le marché de nos jours : des versions test permanentes. Nous sommes une sorte d’immense laboratoire pour développeurs.

— Plus j’y réfléchis, plus je suis sceptique, la contredit-il. Ce jeune homme a fait de bonnes recherches, mais n’a pas examiné les autres causes possibles de décès. Intempéries, hivers rigoureux, contextes culturels, toutes les causes traditionnelles de morts accidentelles ou de suicides.

— Tu dois examiner les chiffres.

— J’ai été embauché pour chercher Zero. Et puis, impossible de travailler en ta présence, plaisante-t-il.

— Si ces chiffres sont fiables, on doit les rendre publics !

— Des journalistes sérieuses comme toi ont besoin de plus d’éléments ! » Il soupire. « Et qui s’intéresse à ce genre de choses ? C’est trop abstrait.

— Des centaines de morts !

— Même pour la presse à scandale, c’est trop maigre. Je te le parie ! Mais tu connais tes collègues mieux que moi.

— Tu as raison », souffle Cyn. Elle lui prend la main, caresse ses doigts fins. Elle est pensive. Un souvenir ressurgit des tréfonds de sa mémoire pour former une idée. « Dis-moi, qui est responsable de toutes ces statistiques chez Freemee ?

— Des statisticiens, la moque-t-il. L’un des boulots les plus importants dans ce genre de boîtes.

— L’un des fondateurs était statisticien. Il est mort dans un accident il y a deux mois. Comme Eddie.

— Mon Dieu, Cyn ! Tout ça n’a rien à voir ! » Il retire sa main.

Ne se rappelle-t-il déjà plus ce qu’il m’est arrivé à Vienne il y a deux jours ? Cette vidéo me glace le sang. Il faudra que j’appelle Viola dès mon arrivée. Est-elle en sécurité ?

« Bonsant sème la panique, dit Henry. Les 20 % de probabilité sont devenus…

— Soixante, répond Joaquim. Suite au coup de téléphone de Brickle. L’occasion à Vienne était belle. C’est pour ça qu’on n’a même pas tenté de lui parler. Malheureusement, notre homme ne valait rien. Maintenant, on est à 90 %. On devra lui parler. À court terme, pas de nouvelle occasion de maquiller un assassinat en accident.

— Carl a anticipé et présente aujourd’hui l’expérience et ses résultats aux membres du conseil d’administration.

— On va leur accorder toute notre attention, dit Joaquim. On est prêts. »

Ils sont assis dans le bureau d’Henry, à Central Park. Dehors, il pleut. Les gouttes laissent des traces sur les vitres. Les étages supérieurs des plus hauts gratte-ciel disparaissent dans les nuages gris.

« Espérons que ce sera plus efficace que pour Bonsant et Brickle. Comment est-elle tombée sur les informations du garçon ?

— On l’a aidée. Cet Indien. Il a craqué son disque dur et a trouvé le dossier supprimé.

— Manifestement, mal supprimé. »

Joaquim lui adresse un froncement de sourcil.

Henry doit le croire. Il s’y connaît trop peu en informatique. Même s’il a entendu un jour que supprimer un dossier et toutes ses traces était un jeu d’enfant pour des professionnels.

Ce travail a-t-il été bâclé à dessein ?

« Qu’est-ce qu’on fait de Bonsant ? Elle ne doit rien publier. Même si les chiffres manquent de précision, d’autres commenceront des recherches.

— Elle atterrit dans trois heures et demie. Ensuite elle gagnera son hôtel, puis cherchera à rencontrer Will Dekkert. Dès qu’on aura de nouveau accès à son ordinateur, on supprimera définitivement les données, ou on les récupérera.

— Et puis ?

— On a différents plans pour la mettre hors circuit au cas où elle ne voudrait pas coopérer. Une équipe de douze hommes se tient prête. J’espère qu’il ne sera pas nécessaire d’y recourir.

— Que disent les boules de cristal ?

— Il y a de très fortes probabilités qu’elle rencontre Dekkert. Les pronostics quant à la réaction de ce dernier suite à la présentation de Montik sont plutôt flous. Les programmes d’analyse Freemee peuvent prévoir les situations standard avec une grande précision. Mais malheureusement, ce n’est pas une situation standard. Il n’y a pas assez de données statistiques. Certes, les programmes apprennent rapidement le comportement individuel des utilisateurs d’après ce qu’ils sont en train de faire, mais les résultats n’arrivent que plus tard.

— Ça signifie qu’il pourrait confirmer ses soupçons et lui en dire plus encore ? Doit-on prendre ce risque ?

— Impossible de prédire précisément ce qu’il fera. Il aurait tendance à rester du côté de Freemee et de ses financiers. Mais il a d’autres traits de caractère qui en font une personne peu prévisible. Le plus simple serait peut-être de lui faire une offre.

— S’il y est prêt.

— Carl est aussi au courant de la conversation téléphonique. Il va parler à Dekkert. Et, dès maintenant, on ne le lâche plus », dit Joaquim en esquissant un sourire signifiant à Henry qu’il a la situation en main.

« Je sais bien que tu as autre chose à faire, dit Luís. Mais tu devrais prendre quelques minutes. On a une piste. »

Marten s’excuse auprès de ses collègues qui travaillent sur l’affaire Bonsant/Dekkert. Quelques instants plus tard, il est deux étages en dessous, à l’autre extrémité du building J. Edgar Hoover, auprès de ses collaborateurs.

« Nous avons les données des deux fournisseurs de VPN et la NSA les a examinées. Ils ont comparé les adresses IP du site aux chutes d’eau avec celles de toutes les personnes liées de près ou de loin à l’affaire. Ils n’en ont pas encore fini. Ils ont mis en évidence un lien intéressant. Jusqu’à trois ans en arrière, le site a été visité par une adresse IP appartenant à un café Internet. Celui-là n’est qu’à deux cents mètres de l’ancienne résidence d’une salariée de Freemee.

— Freemee, constate Marten. C’est une entreprise tout ce qu’il y a de plus américaine. La proximité d’un café avec l’ancienne résidence d’une employée de Freemee est-elle suffisante ?

— Il y a plus. Durant ses études, elle a travaillé intensivement sur les questions de la sphère privée et de la protection des données. Deux choses qui tiennent à cœur à Zero. Ça l’a aussi aidée à avoir son boulot chez Freemee.