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Des faux cols sur les flots de jupes mal brossées

Des accouchées masquées fêtaient leurs relevailles

La ville cette nuit semblait un archipel

Des femmes demandaient l'amour et la dulie

Et sombre sombre fleuve je me rappelle

Les ombres qui passaient n'étaient jamais jolies

Je n'ai plus même pitié de moi

Je n'ai plus même pitié de moi

Et ne puis exprimer mon tourment de silence

Tous les mots que j'avais à dire se sont changés en étoiles

Un Icare tente de s'élever jusqu'à chacun de mes yeux

Et porteur de soleils je brûle au centre de deux nébuleuses

Qu'ai-je fait aux bêtes théologales de l'intelligence

Jadis les morts sont revenus pour m'adorer

Et j'espérais la fin du monde

Mais la mienne arrive en sifflant comme un ouragan

J'ai eu le courage de regarder en arrière

J'ai eu le courage de regarder en arrière

Les cadavres de mes jours

Marquent ma route et je les pleure

Les uns pourrissent dans les églises italiennes

Ou bien dans de petits bois de citronniers

Qui fleurissent et fructifient

En même temps et en toute saison

D'autres jours ont pleuré avant de mourir dans des tavernes

Où d'ardents bouquets rouaient

Aux yeux d'une mulâtresse qui inventait la poésie

Et les roses de l'électricité s'ouvrent encore

Dans le jardin de ma mémoire

Pardonnez-moi mon ignorance

Pardonnez-moi mon ignorance

Pardonnez-moi de ne plus connaître l'ancien jeu des vers

Je ne sais plus rien et j'aime uniquement

Les fleurs à mes yeux redeviennent des flammes

Je médite divinement

Et je souris des êtres que je n'ai pas créés

Mais si le temps venait où l'ombre enfin solide

Se multipliait en réalisant la diversité formelle de mon amour

J'admirerais mon ouvrage

J'observe le repos du dimanche

J'observe le repos du dimanche

Et je loue la paresse

Comment comment réduire

L'infiniment petite science

Que m'imposent mes sens

L'un est pareil aux montagnes au ciel

Aux villes à mon amour

Il ressemble aux saisons

Il vit décapité sa tête est le soleil

Et la lune son cou tranché

Je voudrais éprouver une ardeur infinie

Monstre de mon ouïe tu rugis et tu pleures

Le tonnerre te sert de chevelure

Et tes griffes répètent le chant des oiseaux

Le toucher monstrueux m'a pénétré m'empoisonne

Mes yeux nagent loin de moi

Et les astres intacts sont mes maîtres sans épreuve

La bête des fumées a la tête fleurie

Et le monstre le plus beau

Ayant la saveur du laurier se désole

A la fin les mensonges ne me font plus peur

A la fin les mensonges ne me font plus peur

C'est la lune qui cuit comme un œuf sur le plat

Ce collier de gouttes d'eau va parer la noyée

Voici mon bouquet de fleurs de la Passion

Qui offrent tendrement deux couronnes d'épines

Les rues sont mouillées de la pluie de naguère

Des anges diligents travaillent pour moi à la maison

La lune et la tristesse disparaîtront pendant

Toute la sainte journée

Toute la sainte journée j'ai marché en chantant

Une dame penchée à sa fenêtre m'a regardé longtemps

M'éloigner en chantant

Au tournant d'une rue je vis des matelots

Au tournant d'une rue je vis des matelots

Qui dansaient le cou nu au son d'un accordéon

J'ai tout donné au soleil

Tout sauf mon ombre

Les dragues les ballots les sirènes mi-mortes

A l'horizon brumeux s'enfonçaient les trois-mâts

Les vents ont expiré couronnés d'anémones

O Vierge signe pur du troisième mois

Templiers flamboyants je brûle parmi vous

Templiers flamboyants je brûle parmi vous

Prophétisons ensemble ô grand maître je suis

Le désirable feu qui pour vous se dévoue

Et la girande tourne ô belle ô belle nuit

Liens déliés par une libre flamme Ardeur

Que mon souffle éteindra O Morts à quarantaine

Je mire de ma mort la gloire et le malheur

Comme si je visais l'oiseau de la quintaine

Incertitude oiseau feint peint quand vous tombiez

Le soleil et l'amour dansaient dans le village

Et tes enfants galants bien ou mal habillés

Ont bâti ce bûcher le nid de mon courage

Clair de lune

Lune mellifluente aux lèvres des déments

Les vergers et les bourgs cette nuit sont gourmands

Les astres assez bien figurent les abeilles

De ce miel lumineux qui dégoutte des treilles

Car voici que tout doux et leur tombant du ciel

Chaque rayon de lune est un rayon de miel

Or caché je conçois la très douce aventure

J'ai peur du dard de feu de cette abeille Arcture

Qui posa dans mes mains des rayons décevants

Et prit son miel lunaire à la rose des vents

1909

La dame avait une robe

En ottoman violine

Et sa tunique brodée d'or

Était composée de deux panneaux

S'attachant sur l'épaule

Les yeux dansants comme des anges

Elle riait elle riait

Elle avait un visage aux couleurs de France

Les yeux bleus les dents blanches et les lèvres très rouges

Elle avait un visage aux couleurs de France

Elle était décolletée en rond

Et coiffée à la Récamier

Avec de beaux bras nus

N'entendra-t-on jamais sonner minuit

La dame en robe d'ottoman violine

Et en tunique brodée d'or

Décolletée en rond

Promenait ses boucles

Son bandeau d'or

Et traînait ses petits souliers à boucles

Elle était si belle

Que tu n'aurais pas osé l'aimer

J'aimais les femmes atroces dans les quartiers énormes

Où naissaient chaque jour quelques êtres nouveaux

Le fer était leur sang la flamme leur cerveau

J'aimais j'aimais le peuple habile des machines

Le luxe et la beauté ne sont que son écume

Cette femme était si belle

Qu'elle me faisait peur

A la Santé

I

Avant d'entrer dans ma cellule

Il a fallu me mettre nu

Et quelle voix sinistre ulule

Guillaume qu'es-tu devenu

Le Lazare entrant dans la tombe

Au lieu d'en sortir comme il fit

Adieu adieu chantante ronde

Ô mes années ô jeunes filles

II

Non je ne me sens plus là

Moi-même

Je suis le quinze de la

Onzième

Le soleil filtre à travers

Les vitres

Ses rayons font sur mes vers

Les pitres

Et dansent sur le papier

J'écoute

Quelqu'un qui frappe du pied

La voûte

III

Dans une fosse comme un ours

Chaque matin je me promène

Tournons tournons tournons toujours

Le ciel est bleu comme une chaîne

Dans une fosse comme un ours

Chaque matin je me promène

Dans la cellule d'à côté

On y fait couler la fontaine

Avec les clefs qu'il fait tinter

Que le geôlier aille et revienne