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— No way, fit le Britannique. Qu’il vienne avec vous dans ce cas.

De l’autre côté de la barrière blanche, un gurkah en uniforme vert, fusil d’assaut à l’épaule, suivait distraitement la discussion. On en apercevait d’autres le long de la clôture de barbelés qui cernait la beach-house. A intervalles réguliers se dressaient les mâts supportant des caméras de télévision. Le baisodrome du prince Mahmoud était gardé comme Fort Knox.

Coupant court, le dénommé Michael repartit vers son practice et le gurkah se figea dans un impeccable garde-à-vous en rugissant quelque chose.

Malko regardait la maison en contrebas. Pas de piscine, mais un sentier descendant vers la plage. Une femme était allongée sous un parasol, leur tournant le dos. Peggy Mei-Ling ? Rageusement, Angelina Fraser passa sa marche arrière, grommelant

— Asshole[12] !

— Qui est-ce ?

— Michael Hodges, le chef de la sécurité rapprochée du Sultan. Il n’obéit qu’au Palais et à cet ivrogne de Guy Hamilton.

Ils refirent en sens inverse le chemin vers Country Club. Angelina chantonnait. Malko soudain l’impression désagréable que personne ne voulait vraiment savoir ce qui était arrivé à John Sanborn.

Sauf Joanna Sanborn et lui.

Chapitre IV

AI Mutadee Hadj Ali laissa errer son regard un instant sur la vaste pelouse descendant jusqu’au fleuve qui bordait l’enceinte du palais du Sultan, puis reprit sa lecture. Des cliquetis étranges filtraient à travers les murs, comme une mitraillade lointaine. Les quinze secrétaires qui tapaient tout le courrier officiel. Son bureau en boiseries claires, faisait ressortir le somptueux meuble Boulle commandé chez Claude Dalle à Paris, étouffait les bruits grâce aux vitres blindées et à l’épaisse moquette beige. Il pleuvait de nouveau sur Brunei comme tous les jours et le souverain avait décommandé sa partie de squash quotidienne. Posé sur le bureau en face de Hadj Ali, un des quatre téléphones permettait à son maître de l’appeler à n’importe quelle heure. Lorsqu’il quittait son bureau, il portait en permanence à la ceinture un « bip » répondant au même but. Revers d’une situation que tout le monde lui enviait. II était pratiquement le seul à rencontrer le sultan Hassanal Bolkiah plusieurs fois par jour. Et à lui servir de mémoire, de cerveau même et à l’occasion de confident involontaire… Rôle si important que sa nouvelle et ravissante épouse en avait pris ombrage.

L’ex-hôtesse de l’air, reléguée dans son palais de Jerudong, était persuadée, à tort, que Hadj Ali lui mettait des bâtons dans les roues, au profit de la Première épouse. Le Premier aide de camp en au été bien incapable, même s’il l’avait voulu, le Su étant fou amoureux de Mariam.

Hadj Ali reprit sa lecture. Le document, apporté quelques minutes plus tôt par un coursier discrètement par l’arrière du palais, comme tous visiteurs non officiels, émanait de Guy Hamilton.

Le vieux Britannique, du temps où il dirigeait encore Special Branch, avait suivi la jeune carrière de Hadj Ali, quand celui-ci n’était encore que Troisième aide de camp et l’avait discrètement aidé, grâce aux liens qu’il entretenait avec le Premier aide de camp de l’époque. La Special Branch « brunéisée », Hamilton continuait à fréquenter assidûment le Palais où se trouvait son centre nerveux et archives. Bien entendu, il faisait bénéficier Hadj de toutes ses informations, enfin presque toutes…

Sa lecture terminée, le Premier aide de camp replia pensivement le document et décrocha un des qua téléphones, pour composer lui-même le numéro Guy Hamilton.

— Vous avez lu ? demanda le Britannique, dès qu’il eut identifié la voix de son correspondant.

Entre eux, ils se comprenaient à demi-mot.

— Oui, répliqua Hadj Ali. Que conseillez-vous ?

— Il ne faut pas laisser les choses aller trop loin. dit le Britannique.

Sa voix était légèrement pâteuse et cela agaça Hadj Ali. L’autre s’était encore noyé dans une bouteille de Bordeaux. Lui ne buvait qu’exceptionnellement. Il rétorqua un peu sèchement, avant de raccrocher

— Merci de votre conseil. Je vais étudier le dossier.

Il n’en eut pas le temps. Le téléphone doré qui le reliait directement au Sultan se mit à sonner. Hadj Ali répondit aussitôt.

— Pengiran, pouvez-vous venir ? fit la voix douce du Sultan.

Celui-ci était toujours extrêmement poli avec son entourage. Hadj Ali se leva aussitôt. Il était séparé des appartements privés du Sultan, au même étage que son bureau, par un couloir de 50 mètres. La résidence du Sultan s’étalait sur trois niveaux de 600 mètres carrés chacun. Avec des salons, une salle de projection, une autre pour abriter les maquettes L du souverain, une encore pour ses gadgets.

Devant chaque ouverture des appartements privés un gurkah en uniforme vert montait la garde. Seuls quelques serviteurs avaient le droit de pénétrer dans cette zone. Chaque porte avait une serrure à ouverture digitale dont les codes n’étaient connus que d’une poignée de gens…

Avant de quitter son bureau, Hadj Ali prit une boîte de chocolats Boissier, l’inventeur du marron glacé, ramenée de Paris par un Libanais qui s’occupait des menus plaisirs du palais, des friandises pour les femmes. Un certain Samir qui était parvenu à se faire un ami du Premier aide de camp, grâce à un mélange d’efficacité, de cynisme et de servilité bien oriental. Au moment où il allait franchir la porte, un des téléphones sonna. Le rouge. Celui réservé aux seuls membres de la famille royale. Il revint sur ses pas et décrocha.

— Allô ?

— Pengiran ?

La voix aigue de la Seconde épouse.

— A vos ordres Pengiran Isteri Hadjah Mariam. J’allais voir Sa Majesté et…

— Les travaux de ma salle de bains n’avancent pas, coupa la Seconde épouse. Les dalles de marbre ont été posées n’importe comment.

Hadj Ali sentit son front se couvrir de sueur. Le Sultan avait horreur d’attendre. Il pouvait le congédier sur un coup de tête. Et cette salope, s’il lui raccrochait au nez, irait se plaindre à son maître… Comme ce dernier faisait ses quatre volontés… Il songea à une astuce pour s’en sortir, abonda dans le sens de la jeune femme et conclut

— Je vais venir examiner la salle de bains de Votre Altesse immédiatement… affirma-t-il de sa voix plus servile…

Il raccrocha, coupant court à tout commentaire fonça aussitôt dans le long couloir…

Le sultan Hassanal Bolkiah portait une chemise mauve et des pantalons bouffants à la Malaise. Assis derrière son bureau – autre création de Claude Dalle, il examinait distraitement des papiers. Il venait vraisemblablement de descendre de sa chambre où  on avait installé un gigantesque lit de 5 m sur 5 traité, soieries et applications de miroirs à facettes biseautées et exécuté par l’atelier Romeo de Claude Dalle en face d’un énorme écran de télévision. Aménagement réalisée par les Coréens de Samsung.

Hadj Ali posa la boîte de chocolats sur le bureau et attendit.

— Pengiran, dit le souverain, faites sortir la Rolls 4 X 4, nous allons chez Son Altesse la seconde épouse Isteri Hadjah Mariam.

Il ouvrit la boîte de chocolats et en prit un tandis que le Premier aide de camp sortait à reculons.

Le Sultan possédait vingt-six Rolls dont une transformée en « Range-Rolls » avec quatre roues motrices, Un caprice unique au monde qui avait coûté dix minutes d’extraction de pétrole…

Avant de refermer la porte, le Premier aide de camp annonça :

— Son Excellence l’ambassadeur des Etats-Unis a demandé une audience à Votre Majesté…

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12

Trou du cul.