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Il interrompit sa litanie pour la pousser sur le lit. La robe blanche retroussée jusqu’aux hanches, elle le reçut avec un soupir soulagé. Il eut à peine le temps de donner quelques coups de reins qu’Angelina glapissait déjà son plaisir. Ses jambes se croisèrent dans son dos et elle hurla, soudée à lui, les seins jaillissant de la robe… Ils retombèrent pantelants ; le ventilateur tournant avec une sage lenteur.

— L’homme parlait malais, dit soudain Angelina. Comme Hodges.

Elle avait encore le sexe de Malko enfoncé dans le ventre, mais elle s’était remise à penser.

— Qu’est-ce que tu vas faire ? demanda-t-elle.

Malko s’arracha à elle.

— Attaquer le maillon faible, fit-il.

* * *

Heureusement que les restaurants fermaient tôt à Brunei. Malko consulta sa montre : 10 heures 30.

Les premières serveuses du Phong-Mun étaient déjà sorties, s’égaillant dans toutes les directions. Han-Su apparut enfin et tourna à gauche dans Jalan Mac Arthur.

Malko avait projeté de l’aborder tout de suite, mais Han-Su était accompagnée d’une autre Chinoise. Il fallait attendre. Malko avait emprunté à l’ambassade un petit magnétophone qu’il portait sur lui et il espérait bien lui arracher quelque chose. Sortant de sa Toyota, il leur emboîta le pas. Les deux Chinoises arrivèrent à l’embarcadère et sautèrent dans un des sampans qui assuraient la liaison. Malko les laissa s’éloigner un peu, puis sauta dans le suivant.

— Antics Shop ! fit-il. Museum.

L’autre sampan s’était déjà fondu dans l’obscurité. En quelques minutes, ils eurent traversé. La pluie recommençait à tomber. Le sampan heurta des piliers de bois, coinçant son avant entre deux poutres et Malko grimpa une échelle de bois qui le mena trois mètres plus haut. Il regarda autour de lui. Les deux Chinoises avaient disparu. Puis il aperçut deux silhouettes en train de longer des bateaux en construction, et se précipita. La plupart des maisons étaient éteintes, dans certaines on apercevait la lueur blafarde d’un écran de télé.

Il les repéra un peu plus loin, les vit se séparer. Avec sa longue natte, Han-Su était aisément reconnaissable. Il hâta le pas pour la rejoindre et le bois pourri se mit à craquer. Elle hâta le pas.

— Han-Su !

La Chinoise se retourna en entendant son nom, s’arrêta une fraction de seconde, poussa un cri étranglé, puis se mit à courir sur les planches disjointes. Malko en fit autant. Soudain, il entendit des pas précipités derrière lui. Il se retourna. On l’avait suivi. Un homme courait dans sa direction. Un petit costaud en T-shirt. Un Malais. Il avait un poignard. Malko sans arme ne pouvait lutter. D’un coup de pied, il tint à distance son agresseur et regarda autour de lui. Au même moment, un second Malais surgit du labyrinthe des baraques en bois entre Han-Su et lui.

Coincé au milieu de l’étroit chemin de planches, Malko chercha une issue. Souples comme des félins, les deux hommes le cernaient, le kriss[22] à l’horizontale. Il avait le choix entre être égorgé, ou prendre un poignard dans le dos. Adossé à une maison de bois, il n’avait aucun recours. Les deux hommes échangèrent quelques mots, à voix basse et, d’un seul élan foncèrent sur lui en même temps, balayant l’air devant eux de leurs redoutables kriss.

Décidés à l’éventrer.

Chapitre VIII

Malko évita la lame du kriss en s’aplatissant contre la porte à laquelle il était appuyé. A un mètre de lui, ses deux adversaires, ramassés, prêts à bondir de nouveau, le guettaient. Comme de bons bergers allemands dressés à tuer d’abord et à aboyer ensuite… C’est la rage qui le sauva. C’était trop bête de se faire éventrer au fond de ce kampong, au bout du monde.

D’une détente sauvage, il plia en deux d’un coup de pied son adversaire le plus proche. Prenant juste assez de champ pour glisser le long de la maison et sauter par-dessus la balustrade de bois bordant la passerelle, dans le cloaque sur lequel était bâti le Kampong Ayer. Il retomba avec un foc sourd, de l’eau jusqu’aux genoux. C’était la marée basse. Un rat s’enfuit en couinant… Il leva la tête, aperçut les deux tueurs au-dessus de lui. Plongeant sous la maison, il commença à s’éloigner, zigzaguant entre les piliers de bois, tombant dans les trous d’eau, heurtant des choses innommables. Le temps que les deux Malais sautent à leur tour, il avait pris une dizaine de mètres d’avance. Au bout de quelques minutes, il avait perdu tout sens de l’orientation. Courbé en deux, il pataugeait dans l’eau tiède, se cognant de temps à autre à une poutre, dans une odeur pestilentielle. Il se retourna, aperçut les silhouettes de ses poursuivants. Il aurait voulu remonter au niveau des maisons, mais il ne trouvait aucune échelle… Les deux tueurs ne semblaient pas se rapprocher et il reprit espoir. Enfin, il entendit des bruits de moteur : les sampans sur le fleuve.

Au même moment, il trébucha dans un trou et avala une bolée d’eau et ses quelques milliards de microbes qu’il recracha en vomissant.

L’horreur.

Il s’extirpa du trou, dut ramper sous une charpente, se cognant la tête, déchirant sa chemise et son pantalon.

Essoufflé, un point de côté freinant sa respiration, il s’immobilisa dans l’ombre d’une maison. Immobile, il entendit les tueurs passer pas très loin, pataugeant eux aussi. Il les laissa s’éloigner, dans la direction de la Brunei River, puis reprit sa progression, jusqu’à ce qu’il perçoive le clapotement de l’eau contre les piliers du kampong. De l’autre côté du fleuve, il apercevait les lumières de Bandar Sen Begawan et même le dôme doré de la Mosquée. Il fit encore quelques pas et soudain, perdit pied : il venait de glisser dans la Brunei River. Accroché à un pilier de bois, il se reposa quelques instants. Plus aucune trace des deux tueurs. Etaient-ils remontés ou le guettaient-ils à quelques mètres ? La meilleure solution était de traverser la Brunei River. Lâchant son pilier, il se jeta dans l’eau profonde, nageant le plus silencieusement possible.

Il faisait quand même trop de bruit. A peine s’était-il éloigné, qu’un glapissement retentit derrière lui. II se retourna et aperçut un homme qui gesticulait, dardant le bras dans sa direction, sur une plateforme surplombant l’eau. Un moteur rugit, un sampan sortit de l’ombre et l’homme qui avait repéré Malko bondit dedans. L’esquif fonça vers lui.

Aspirant une goulée d’air, il se laissa couler dans l’eau noire. Le remous du sampan passant à toute vitesse au-dessus de lui le fit tournoyer, il nagea encore un peu et finit par émerger. Juste pour apercevoir le sampan qui amorçait un demi-tour. Un des occupants était debout à l’avant, le regard fouillant la surface. Il tendit le bras vers Malko et lança un ordre.

Ronflement de moteur… De nouveau, il fonçait, tentant de déchiqueter Malko avec son hélice.

Ce dernier plongea. Le courant l’entraînait heureusement vers le milieu du fleuve. Il ne revint à la surface que les poumons prêts à éclater. Le sampan était en train de virer de bord. Malko s’épuisait, les lumières de Bandar Sen Begawan lui semblaient à une année-lumière. Il se remit à nager, plus vite encore, gêné par ses vêtements. L’eau était tiède et presque visqueuse… Soudain, il aperçut une grosse forme noire qui arrivait sur lui : une jonque. Des gens étaient sur le pont. Il les héla

— Help ! Help !

Ses cris parvinrent à couvrir les bruits du moteur. Il vit un homme se précipiter au bastingage et il agita désespérément un bras. On l’avait aperçu, mais le sampan arrivait droit sur lui. L’homme de la jonque se méprit et lui fît signe de s’accrocher au sampan, ce qui semblait en effet le plus logique…

Comment expliquer la situation !

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22

Arme blanche caractéristique de l'Indonésie et de la Malaisie.