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– J’arrête.

Silence.

– Billie ?

– Yes.

– Est-ce que tu veux bien m’épouser ?

– Pardon ?

Même l’âne s’était arrêté.

– Est-ce que tu veux bien qu’on se marie, nous aussi ?

Ah, non, il était en train de crotter…

– Pourquoi tu déconnes avec ça ?

– Je ne plaisante pas. Je n’ai même jamais été aussi sérieux de ma vie.

– Mais… euh…

– Euh, quoi ?

– Ben on est pas vraiment du même bâtiment, quoi…

– Tu parles de quoi, là ?

– Ben, tu sais bien…

– Dis-moi, c’était qui la fille déjà, qui m’avait expliqué un jour que le vrai de l’amour, ça n’avait rien à voir avec la planche anatomique ?

– Je ne sais pas. Une petite merdeuse qui voulait toujours avoir le dernier mot, j’imagine…

– Billie…

– Oui ?

– Marions-nous… Ils sont tous en train de nous casser les pieds avec leur mariage pour tous, leur manif pour tous, leur contre-manif pour tous, leur haine pour tous, leurs préjugés pour tous et leurs bons sentiments pour tous… Alors pourquoi pas nous, hein ? Pourquoi pas nous ?

Mais c’est qu’il était vraiment sérieux, ce crétin…

– Et pourquoi on ferait comme les autres ?

– Parce qu’une nuit, je ne sais pas si tu t’en souviens… c’était il y a très longtemps… Une nuit, tu m’as fait promettre de ne jamais t’abandonner parce que tu ne faisais que des bêtises sans moi… Et j’ai essayé, tu sais… J’ai vraiment essayé d’honorer ma promesse… Mais je ne suis pas encore assez balèze pour y parvenir. Il suffit que je marche quatre pas derrière toi pour que tu débloques de nouveau… Alors, je voudrais t’épouser pour qu’il t’arrive moins de bricoles dans l’avenir… On ne le dirait à personne et ça ne changerait rien à nos façons de vivre d’aujourd’hui, mais nous, on le saurait. On saurait que ce lien-là, aussi, existe entre nous, et on le saurait pour toujours.

Tu parles si je m’en souvenais de cette nuit-là…

Ainsi donc, il n’avait pas fait que dormir, lui non plus…

– Tu sais bien que j’en ferai toujours, des conneries…

– Eh bien non, justement. J’ai la prétention de croire que ça te calmerait un peu.

– De quoi ?

– D’avoir enfin un petit bout de famille rien qu’à toi…

Silence.

– Dis oui, Billie… Là, je ne peux pas me mettre à genoux parce que j’ai trop mal, mais imagine que je le fais… Imagine la scène… Avec ce petit âne pour témoin… Ça fait dix ans que je rame avec toi et aujourd’hui, j’ai vraiment envie de conclure…

– Pourquoi tu m’épouserais, moi, d’abord ?

– Parce que tu es le plus bel être humain que j’aie jamais rencontré et que je ne rencontrerai jamais et que j’ai envie que ce soit toi qu’on appelle en premier s’il m’arrivait une bricole à moi aussi.

– Ah ? Ah bon ? Ah bon, ben oui, alors… j’ai soupiré. Si c’est juste pour une histoire de coup de fil, je veux bien… Ch’uis serviable, moi…

Dis donc, petite étoile, elles ont l’air super tes fêtes, mais, hé… vas-y mollo sur les poppers, ma poulette, parce que c’est carrément cosmique, là…

Silence.

Silence dans le soleil et dans l’azur.

– Et alors ? Pourquoi elle sourit bêtement comme ça, la petite Billie, là ? il m’a lancé d’un air moqueur, elle pense à sa nuit de noces ?

Mais… rhôôô… euh… je ne souriais pas bêtement du tout. Je souriais très finement, au contraire.

Je souriais parce que je ne m’étais pas trompée.

Eh non…

Je bichais pleins phares parce que j’avais eu raison encore une fois : une bonne histoire, surtout d’amour, ça se termine toujours par un mariage à la fin avec des chants, des danses, un tambourin et tout ça.

Eh oui…

La, la, reli… drela…

© le dilettante, 2013

ISBN 978-2-84263-791-0

www.ledilettante.com

Couverture © Photo de Jean-Louis Klein

et Marie-Luce Hubert / Biosphoto

Le format ePub a été préparé par Isako www.isako.com à partir de l'édition papier du même ouvrage.