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Je clique pour redémarrer la lecture, hypnotisé par les images de ma mère vivante, qui bouge, respire, sourit. Je ne saurais dire combien de fois je le visionne. Encore et encore. Jusqu’à ce que je le connaisse par cœur, jusqu’à avoir l’impression d’être là-bas avec elle. Jusqu’à ce que je ne supporte plus de la voir tant c’est douloureux. Mes yeux sont mouillés de larmes et les images se brouillent. Ma mère me manque tant que j’ai envie de m’étendre sur le sol pour pleurer. Ma mère n’a pas connu et ne connaîtra jamais mes enfants. Ma mère ne saura jamais quel homme je suis devenu. Moi, son fils. Un homme qui mène sa vie comme il peut, un homme qui tente de faire de son mieux. Quelque chose est libéré en moi et s’échappe. La douleur s’en va. Demeure à sa place une tristesse qui, je le sais, m’habitera toujours.

Je sors le DVD et le replace dans sa pochette. La porte qui mène au jardin est entrouverte, je m’y glisse. L’air est frais et parfumé. Les étoiles scintillent. On entend un chien aboyer au loin. Angèle est assise sur un banc de pierre. Elle observe les étoiles.

— Tu veux m’en parler ? demande-t-elle.

— Non.

— Ça va ?

— Oui.

Elle s’appuie contre moi, je l’enlace et nous demeurons là, à respirer l’air frais et calme de la nuit, où résonnent les aboiements d’un chien, à contempler la voûte étoilée. Je pense à la dernière image, la paume de ma mère devant la caméra. Je pense à la Harley volant au-dessus du Gois. Au dos souple d’Angèle contre ma poitrine, à ses mains gantées tenant avec sûreté le large guidon. Et je me sens protégé, à l’abri, comme cet après-midi. Parce que je sais que cette femme, avec qui je vais passer ou non le restant de mes jours, qui peut me mettre dehors demain matin ou me garder à jamais, cette femme extraordinaire dont la mort est le quotidien vient de m’offrir le baiser de la vie.

Merci à :

Nicolas, pour son aide et sa patience.

Laure, Catherine et Julia, mes premières lectrices.

Abha, pour ses précieux conseils.

Erika et Catherine, qui m’ont aidée à imaginer Angèle.

Sarah, pour son œil de lynx.

Chantal, pour la rue Froidevaux.

Harold, pour son travail de Lutin.

Guillemette et Olivier, pour la découverte de Noirmoutier.

Mélanie et Antoine Rey, qui m’ont gentiment prêté leurs noms.

Héloïse et Gilles, pour m’avoir fait une nouvelle fois confiance.