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« Dexter ! » cria maman / Deborah sur la table.

Mais le Passager Noir m’appela encore plus fort et s’approcha, attrapa ma main puis guida le couteau vers…

« Dex !… »

C’est la chose la plus difficile que j’aie jamais faite.

ÉPILOGUE

Je sais, c’est presque une faiblesse humaine de ma part, et c’est peut-être la marque d’une sentimentalité un peu ordinaire, mais j’ai toujours adoré les enterrements. Ils sont toujours si propres, si impeccables, parfaitement agencés selon un cérémonial scrupuleux. Et celui-ci était vraiment excellent. Des rangées de policiers en uniforme bleu se déployaient, l’air solennel, impeccable et très… cérémonieux, en somme. Nous eûmes droit à la salve d’artillerie, au rituel du drapeau et à tout le tralala. Un superbe hommage, en bonne et due forme, à la défunte. Après tout, elle avait été des nôtres : une femme qui avait fièrement servi la nation. Enfin, ça c’était peut-être ce qu’on disait dans l’armée… Peu importe ; elle avait été flic à Miami, et les flics de Miami sont imbattables en matière d’enterrements. Ils ont une si longue pratique.

« Oh, Deborah », soupirai-je, tout doucement.

Je savais qu’elle ne pouvait pas m’entendre, mais il me semblait que c’était la réaction la plus appropriée, or je tenais à observer strictement les règles.

Je regrettais presque de ne pas avoir une larme ou deux en réserve pour l’occasion. Elle et moi avions été très proches, en fin de compte. Et elle était morte d’une façon fort déplaisante, absolument indigne d’un flic, débitée en morceaux par un psychopathe. Les secours étaient arrivés trop tard ; tout était fini depuis longtemps quand on l’avait retrouvée. Néanmoins, par le courage désintéressé dont elle avait fait preuve, elle illustrait admirablement comment un flic se devait de vivre et de mourir. Je cite, bien sûr, afin de vous donner une idée du ton général. Un beau spectacle, vraiment, plutôt émouvant même, si tant est que l’on soit sujet aux émotions. Ce n’est pas mon cas, mais ça ne m’empêche pas d’être bon juge, et là, très sincèrement, c’était grandiose. Ainsi, gagné par la bravoure silencieuse des agents vêtus de leur superbe uniforme et par les pleurs des civils, je ne pus m’en empêcher : je soupirai profondément.

« Oh, Deborah, soupirai-je, un peu plus fort cette fois, parvenant presque à être sincère. Ma chère, chère Deborah…

— Ta gueule, imbécile ! » souffla-t-elle, en m’enfonçant son coude dans les côtes.

Elle était absolument, ravissante dans sa nouvelle tenue : elle avait enfin été promue brigadier, et c’était vraiment la moindre des choses après tous les efforts qu’elle avait déployés pour identifier et être si près d’attraper le Boucher de Tamiami. Avec l’avis de recherche qui avait été lancé contre lui, mon pauvre frère ne tarderait sans doute pas à être retrouvé par les flics – s’il ne les trouvait pas d’abord, bien sûr. Venant tout juste de comprendre pleinement l’importance de la famille, je préférais de beaucoup le savoir libre. Et Deborah allait se radoucir, maintenant qu’elle avait accepté sa promotion. Elle souhaitait vivement me pardonner, et j’avais déjà presque réussi à la convaincre de la sagesse de Harry. Après tout, elle aussi était ma famille, comme les événements avaient fini par le prouver, n’est-ce pas ? À partir de là, ce n’était pas si difficile de m’accepter tel que j’étais, pas vrai ? Les choses étant ce qu’elles étaient. Ce qu’elles avaient toujours été, du reste.

Je soupirai à nouveau.

« Arrête, veux-tu ! » siffla-t-elle en m’indiquant de la tête le bout de la rangée des policiers figés.

Je jetai un coup d’œil : le brigadier Doakes me fusillait du regard. Il ne m’avait pas quitté des yeux une seule seconde depuis le début de la cérémonie, même lorsqu’il avait jeté sa poignée de terre sur le cercueil de LaGuerta. Il était persuadé que la vérité était loin d’être ce que l’on croyait. Je savais sans l’ombre d’un doute qu’il allait maintenant me traquer comme un bon chien de chasse, renifler ma trace en grognant jusqu’à ce qu’il me débusque et m’accule dans un coin, pour ce que j’avais fait et ce que, très naturellement, je continuerais de faire.

Je pressai la main de ma sœur, et de mon autre main je caressai le bord froid et dur de la plaquette de verre glissée au fond de ma poche, une unique petite goutte de sang séché qui n’accompagnerait pas LaGuerta dans sa tombe, mais irait prendre place pour toujours sur mon étagère. Ça me réconfortait et m’ôtait tout souci concernant le brigadier Doakes. Pourquoi m’en serais-je soucié ? Pas plus qu’aucun d’entre nous Doakes ne pouvait contrôler qui il était et ce qu’il faisait. Il allait forcément se lancer à mes trousses ; que pouvait-il faire d’autre ?

Que pouvons-nous faire tous ? Impuissants que nous sommes, prisonniers de nos petites voix intérieures, que pouvons-nous bien faire, en effet ?

Je regrettais vraiment de ne pouvoir verser une larme. C’était si magnifique. Aussi magnifique que le serait la prochaine pleine lune, lorsque je rendrais visite au brigadier Doakes. Et la vie suivrait son cours, comme elle l’avait toujours suivi, sous cette lune radieuse.

La merveilleuse, la musicale lune ronde et rousse.

REMERCIEMENTS

Je n’aurais pas pu écrire ce livre sans l’aide généreuse, technique et spirituelle, de Einstein et Deacon. Ils représentent ce qu’il y a de mieux chez les flics de Miami, et ils m’ont appris ce qu’est ce travail difficile dans une ville plus difficile encore.

Je voudrais aussi remercier certaines personnes qui m’ont donné de précieux conseils, plus particulièrement ma femme, les Barclay, Julie S., le docteur et Mrs A. L. Freundlich, Pooky, Bear et Tinky.

Je suis profondément reconnaissant à Jason Kaufman pour sa clairvoyance.

Merci aussi à Doris, « the Lady of the Last Laugh ».

Et surtout merci à Nick Ellison, qui est tout ce qu’un agent est supposé être mais n’est que rarement.