Luise refusa de revoir Margont. Dans son esprit, Relmyer et lui étaient devenus indissociablement liés et, par conséquent, le visage de Margont serait à jamais éclaboussé du sang de son cher Lukas. D’une certaine manière, pour elle, la mort de l’un entraîna celle de l’autre.
Margont vécut douloureusement cette séparation.
Mais, sur un point au moins, cette enquête lui procura un changement positif fondamental. Relmyer lui avait prouvé que l’on pouvait triompher de son passé, même si, pour ce dernier, cela n’avait duré qu’une paire d’heures. Puisque Relmyer était enfin parvenu à sortir de sa cave, pas seulement par le corps mais aussi par l’esprit, il permit à Margont de quitter la sienne. Ce fut le jour de la délivrance de Relmyer que Margont, lui, réussit à se libérer entièrement de l’emprise du souvenir des années d’enfance qu’il avait passées séquestré dans l’abbaye de Saint-Guilhem-le-Désert.